DOOMLORD – Black Testament
En mai 2014, une bombe larguée par Emanes Metal Records avait pulvérisé notre platine vinyle. Dans le cadre de sa superbe collection de split LP « Authentic Metal Whorship Series », le label français avait sournoisement associé deux mastodontes de la scène Doom Métal underground afin de créer l’une des armes les plus fatales de son catalogue. Une face de la rondelle plombée était consacrée au poids lourd belgo-chilien King Heavy (NDR : un groupe Doom/Heavy constitué par l’improbable association de trois musiciens basés à Santiago avec notre compatriote Luther Veldmark (Hooded Priest, Witchsmeller Pursuivant)), l’autre à Doomlord, un rouleau compresseur Doom épique basé à Moca, sur l’île de Porto Rico. Si depuis la sortie de cette plaque culte, King Heavy a préféré aller voir si l’herbe était plus verte chez les italiens de Cruz Del Sur Music (NDR : un album est annoncé pour le mois de septembre), Doomlord, lui, est resté fidèle à Emanes Metal et lui a confié la publication de son premier opus « Black Testament ».
Doomlord est né en 2011, à l’initiative de son vocaliste Dark Nerudas. L’imposant prêcheur et les quatre larrons qui l’accompagnent dans sa quête puisent leur inspiration dans le péché originel du Doom Metal. Entendez par là qu’ils vouent un culte inconditionnel à la sombre création artistique de Black Sabbath (NDR : au point d’inclure une relecture du mythique « Embryo/Children Of The Grave » en conclusion de leur propre épitre plombé). Le quintette portoricain semble également éprouver un respect immodéré pour les embellissements épiques et lyriques apportés au genre par des formations telles que Candlemass et Solitude Aeturnus.
La contribution de Doomlord au Split LP « Authentic Metal Whorship Series – Volume 3 » avait une particularité intéressante : les quatre titres qui y étaient présentés étaient interprétés dans la langue chantante de Cervantès, ce qui, à notre humble avis, était absolument jouissif. Avouons-le, nous sommes légèrement déçus de ne plus retrouver cette singularité sur « Black Testament ». Dark Nerudas a choisi de prêcher en anglais et le groupe y perd un peu de son cachet. (NDR : rassurons quand même les passionnés d’exotisme : le vocaliste a conservé un léger accent hispanique). Cette petite perte d’identité culturelle n’empêche pas « Black Testament » d’être largement au dessus du lot des productions Doom Métalliques actuelles. Profondément ancré dans la vieille école du riff gastéropode, de la rythmique pachydermique, des constructions épiques, du solo à rallonge et du refrain mémorable, le groupe possède un atout qui se fait de plus en plus rare de nos jours : un chanteur véritable. Sans dénigrer le talent des hurleurs de tous poils (death, black, core, etc.) qui ont envahi la scène au cours des dernières décennies, nous avouons avoir un conservé faible pour les voix puissantes et lyriques qui avaient fait la renommée du genre au début des eighties. Et de ce point de vue, impossible d’être déçu par les cordes vocales du sombre Nerudas. Celles-ci semblent avoir été tressées à partir de filins d’acier empruntés aux gorges dieux du Métal : un peu de Dio pour la puissance, un peu de Rob Lowe (Solitude Aeturnus) pour le sens de la mélodie, un peu plus de Jon Oliva (Savatage) pour les intonations et le côté théâtral et, n’oublions pas pour terminer, un zeste d’Armando De Castro (Baron Rojo) pour les ‘R’ magnifiquement roulés à l’espagnole.
En résumé : si vous possédez les intégrales de Candlemass et de Solitude Aeturnus et que les albums de Black Sabbath (et Heaven And Hell) chantés par par Ronnie James Dio tournent encore régulièrement sur vos platines, vous ne pouvez pas vous tromper en ajoutant « Black Testament » à votre collection. Le Doom tel que nous l’aimons : classique, épique, théâtral et lyrique !
L’album (68.09) :
- Death Penalty (8’47)
- They Must Die (8’30)
- Wedding Of The Dead (9’29)
- Evil Rises Again (8’06)
- Animam Possessionem (A Tribute To The Evil Dead) (9’51)
- Faceless God (7’42)
- Black Testament (9’28)
- Embryo / Children Of The Grave (cover Black Sabbath- (6’13)
Le groupe :
- Dark Nerudas : Chant
- Kevin Rosado : Guitares
- Pedro Canaleria : Guitares
- Athelknatch Saldat : Basse
- Joshua Lopez : Batterie
Pays: PR
Emanes Metal Records METAL 053
Sortie: 2014/10/27