HERSCHER – Herscher
La loi du moindre effort ! Voilà la première idée qui m’est venue lorsque j’ai reçu cet album d’Herscher. À tort, sans doute, mais quand même ! En 2011, alors que j’alignais gauchement des mots pour les pages d’un webzine concurrent, j’avais eu le grand plaisir de recevoir une superbe version vinyle du premier EP de cet étrange groupe basé dans la région de Clermont-Ferrand, en Auvergne. La noire rondelle, agrémentée d’une pochette simple, mais superbe, s’intitulait tout simplement « Herscher », ce qui, pour un premier EP est encore acceptable. Elle alignait cinq plages plombées pour 22 minutes d’un drone/doom/sludge/noise rock instrumental plutôt surprenant, puisqu’il n’était interprété qu’à la batterie et à la basse, ce qui ne l’empêchait pas d’être franchement jouissif.
Imaginez donc la semi-déception que fut la découverte, il y a quelques jour à peine, de ce CD promo, blanc et sans autre inscription que le nom du groupe, emballé dans une pochette cartonnée dont l’artwork n’est pas franchement reluisant. Et surtout, car c’est ce qui me chiffonne, intitulé « Herscher », tout comme la plaque que j’avais reçue il y a quelques années ! Si, solidarité de crise oblige, j’accepte avec plaisir ce CD promo (NDR : tout en remerciant à nouveau le groupe pour le vinyle offert dans des temps plus cléments), j’ai un énormément de difficultés à comprendre pourquoi Herscher n’a pas fait l’effort de donner un titre véritable à son nouvel opus. Surtout qu’après une écoute attentive, celui-ci se révèle largement supérieur à son ainé et qu’il aurait, de ce fait, largement mérité une appellation qui lui soit propre.
Au premier abord, le crédo initial d’Herscher n’a pas été altéré : des rythmes plombés et des distorsions démoniaques pour un voyage sonore hypnotique et glauque à souhait. Le style, par contre s’est franchement affiné. L’intégration du clavier de Jeremy Sarre et son apport en atmosphères synthétiques intenses en est probablement la raison principale. Il faut également imputer cette bonification notoire à la loquacité retrouvée du cogneur, René A. Cheminat, qui, par quelques vocalises rares, mais bien senties, arrache Herscher au cercle réducteur des groupes instrumentaux dans lequel il se serait sans doute enlisé en restant muet. Comme sur le premier EP, la basse tonitruante de Mathieu Bresle parvient aisément à faire oublier le vide créé par l’absence totale de guitares.
Herscher est un groupe à part et c’est tout à son honneur. Découvrir sa musique devrait être, en principe, un must pour tout amateur de distorsion et de tempo gastéropode. Le seul souci, sera de choisir dans la discographie du groupe entre « Herscher » et « Herscher ». Pour ma part, j’ai choisi « Herscher » et vous ?
L’album (41’56) :
- Old Lands (7’27)
- Apocatastase (10’25)
- Bandana (3’41)
- Electric Path (7’05)
- Skull’s River (7’16)
- Pétron (6’16)
Le groupe :
- Mathieu Bresle : Basse
- René A. Cheminat : Batterie, Chant
- Jeremy Sarre : Synthesizer
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2015/03/10