HARRIS, Corey BAND (The) – Live! from Turtle Island
Nous vous l’avions annoncé au moment de la chronique de son précédent album « Fulton blues« , Corey Harris poursuit sa collaboration avec le label Blues Boulevard via un nouvel album « Live! From Turtle Island » qui, comme son nom l’indique, est un disque enregistré en concert. Ceux qui ont appris à connaître Corey Harris et son impressionnante œuvre discographique consacrée au blues savent que le personnage fourmille d’idées originales et d’imagination. C’est d’ailleurs grâce à cette imagination que Corey Harris a été lauréat du prix de la fondation MacArthur récompensant l’originalité et la créativité dans des domaines divers, dont la musique.
Sur ce nouvel album, Corey Harris poursuit ses expérimentations consistant à redécouvrir les racines africaines du blues. Ici, on peut dire qu’Harris s’enfonce encore davantage vers les origines puisqu’il n’hésite pas à avoir recours à des doses massives de reggae. Personnellement, j’ai toujours été assez rétif au reggae mais quand ce genre passe entre les mains expertes de Corey Harris, ça change tout.
Afin de toucher le sujet au plus près de la racine, Corey Harris s’est associé avec une poignée de musiciens confirmés dans le domaine du reggae. Chris « Thelonius Nut » Whitley (piano et orgue), Gordon « Saxman » Jones (saxophone), Jayson « Brother J » Morgan (basse) et Paul « Metronome » Dudley (batterie) sont de fidèles compagnons de Corey Harris puisqu’ils font partie du Rasta Blues Experience, le groupe utilisé par Harris pour ses incursions dans le reggae.
Le « Live! from Turtle Island » propose un voyage aux confins du blues et du reggae, avec l’intervention également de sonorités tirées de la musique d’Afrique de l’Ouest. Après une mise en jambes consacrée au blues (« Santoro » et surtout « E. blues (Catfish) », un classique figurant déjà sur le précédent album de Corey Harris), le groupe met le cap sur les Caraïbes en s’enfonçant progressivement dans le reggae, d’abord avec un petit coup de musique calypso (« Sista Rose »), puis dans l’empire rasta proprement dit avec « Cleanliness/Babylon walls ark of the covenant » et « Sweatshop », des modèle du genre.
La suite de l’album reste tout aussi intéressante avec des croisements plus jazzy (« Where all the kings gone ») ou ska (« Better way », une reprise de Steve Reynolds). Le rock ‘n’ roll et le rhythm ‘n’ blues ne sont pas oubliés avec l’excellent « Basheads » et ses performances instrumentales sur plus de huit minutes. Et comme Corey Harris est essentiellement un bluesman, il termine cet album dans la plus pure tradition blues avec un « A. blues » poignant et racoleur. L’album est bel et bien un live, bien que les clameurs du public soient quasiment absentes de l’enregistrement.
Voilà encore un beau moment musical mis en œuvre par Corey Harris, un musicien qui ne manque ni d’idées, ni de talent. Recommandé, particulièrement à ceux qui n’aiment pas le reggae car ils pourraient revoir leur jugement sur la question.
Pays: US
Blues Boulevard 250368
Sortie: 2015/02/27