SPIDERS & SNAKES – Year Of The Snake
Parmi les nombreux CD que l’on m’a demandé de chroniquer, je découvre le nouvel opus de Spiders & Snakes, intitulé «Year Of The Snake». Le groupe avait pour ainsi dire disparu de la circulation depuis 2008. Il fait aujourd’hui son grand retour avec un album qui marque aussi son 25e anniversaire. Et pour fêter dignement ce quart de siècle d’existence, il a fait appel à quelques grands noms, histoire de marquer le coup.
Après avoir sorti deux albums sous le nom de groupe Ultra Pop («Ultra Pop» en 1988 et «Adventures in Fantasy» en 1989), Lizzie Grey rencontre le batteur Tim Yasui après que son batteur attitré l’eut laissé tomber. Ils se mettent à écrire ensemble et comme le son du nouvel album s’annonce plus heavy, ils rebaptisent le projet en Spiders & Snakes. Le groupe fait carrière surtout aux States où il connaît des fortunes diverses. Parmi ses plus beaux exploits, citons entre autres le morceau «Public Enemy #1» repris par Mötley Crüe sur l’album «Too Fast For Love» (1981) ou encore, plus récemment, le morceau «Who Threw the Bottle in the Trash?» qui était au départ une commande pour une campagne de promotion du recyclage et qui a été diffusé lors du Superbowl en 2006.
Mais revenons au présent. Les deux membres fondateurs précités font toujours partie du groupe, avec Phil St. Vincent (basse/voix) et de Chris Sheridan (guitare/voix), ancien membre de Sweet Savage. Pour mettre les petits plats dans les grands, le quatuor accueille en guest une foule de célébrités et pas des moindres: Angelo Moore (Fishbone), Ryo Okumoto (Spock’s Beard, GPS), Billy Sherwood (Yes), Rik Fox (W.A.S.P. , Steeler) et Betsy Weiss (BITCH). Ajoutons à cela que le mixage a été confié à l’illustre Anthony Focx (Steven Tyler, Vince Neil, Nightranger, Ted Nugent), tandis que le mastering est signé Maor Appelbaum (Rob Halford, Yngwie Malmsteen, Dokken, Yes, Sepultura). Bref, rien n’aura été laissé au hasard pour faire de cet album une réussite parfaite.
Malgré la débauche de moyens mis en œuvre, le résultat est assez décevant (désolé pour les fans du groupe). Tout d’abord, le groupe est classé dans le genre «underground glam-metal». Mais l’étiquette ne correspond pas (ou plus ?) au contenu. Les deux premiers morceaux («Don’t Step Outta Line» et «Too Angry») ont un côté franchement très Rolling Stones (plutôt pop rock à l’américaine donc avec quelques touches rétro dans la rythmique du second titre). «Kawasaki City» se rapproche nettement plus du standard hard-rock américain dans la veine de Survivor par exemple. De loin le morceau le plus réussi de cet album à mon humble avis.
Avec «Neutron Baby», on retombe dans un son et un groove rock à l’ancienne, presque anachroniques. Montée en puissance et accélération de rythme avec «Driving Me Crazy»», beaucoup plus en phase avec ce que l’on pouvait attendre du groupe qui retrouve ici son meilleur niveau. «Hey You»» (à ne pas confondre avec le type homonyme de Pink Floyd) nous replonge dans une espèce de rock alternatif avec des riffs de guitare qui rappellent le générique de «Friends» et un morceau construit comme les hits des années 50-60.
Autre exemple d’espoir déçu avec «Hello»: après un joli riff de guitare en intro qui permettait tous les espoirs, c’est reparti pour un morceau qui aurait pu être écrit par les Beach Boys. Catchy, mais pas très métal… «Crazy»» a un son plus rock 70s et manque d’originalité. C’est bien fait, mais déjà vu (ou plutôt entendu). Le titre suivant est la reprise du hit «I Ain’t Gonna Eat Out My Heart Anymore» d’Angel (en 1978). Quand je vous dis que l’album a comme un parfum de musique 70s… En écoutant «Over and Over»», je ne peux m’empêcher de repenser aux premières années de Barclay James Harvest et à la musique planante qui berça mes années de jeune adolescent. Mention spéciale aussi pour le très joli morceau qui clôture l’album: «The Digital Church»».
À conseiller vivement aux aficionados du rock américain des 70s à la recherche de la pureté originelle, mais à déconseiller aux amateurs de métal que ce disque risque d’ennuyer autant qu’un concert de musique d’abbaye consacré aux motets wallons… La déception vient surtout du décalage entre le look du cd (artwork, photos, sticker…) et le contenu de l’album qui est certes de bonne facture, mais d’un genre totalement inattendu ici.
Pays: US
Sansei Records SAN 2015-2
Sortie: 2014/10/28