LORDS OF ALTAMONT (The) – Lords Take Altamont
Lorsqu’un groupe enregistre un album entier de reprises, c’est, généralement qu’il souffre d’un cruel manque d’inspiration. Ce n’est sans-doute pas le cas de The Lords Of Altamont. La formation Garage Rock californienne a simplement choisi de nous expliquer le sens de son patronyme et, par la même occasion, de nous faire découvrir l’une des pages les plus sombre de l’histoire du Rock : celle du Festival d’Altamont 1969.
Bref rappel des faits : Nous sommes en décembre 1969 et les Rolling Stones décident de terminer leur tournée américaine en beauté en offrant un festival gratuit à leurs fans. L’époque est à la démesure et l’on décide, sans trop y réfléchir, de mettre sur pied un événement similaire à ce Woodstock qui s’est déroulé quelques semaines plus tôt et dont tout le monde parle encore. Quelques artistes prestigieux tels que Santana, The Flying Burrito Brothers, Jefferson Airplane et Crosby, Stills & Nash and Young acceptent de jouer le jeu et l’on choisit San Francisco pour accueillir le festival. Cependant, les problèmes entre l’organisation et les autorités de la ville deviennent vite insurmontables. Pour éviter l’annulation, le festival déménage 48 heures à peine avant le début du premier gig. Le site du circuit automobile d’Altamont (à 60 km de San Francisco) accepte de l’accueillir. L’hygiène et les conditions de sécurité sont déplorables. Pas assez de sanitaires, ni de tentes pour les équipes médicales. La scène, montée en catastrophe se trouve à un mètre à peine du niveau du sol. Le management des Stones a la mauvaise idée de faire appel aux Hells Angels d’ Oakland pour assurer la sécurité des musiciens. Trois cent mille spectateurs affluent sur le circuit d’Altamont. Nous sommes en plein mouvement hippie et la grande majorité du public est gavée de substances illicites. Les Hells Angels ne font pas exception. Plantés face à la scène et armés de queues de billards, ils se montrent très agressifs envers la foule, et plus particulièrement envers les afro-américains. Les esprits s’échauffent et de nombreuses personnes sont blessées. Les musiciens, pas vraiment rassurés par l’atmosphère, assurent le minimum légal et ne pensent qu’à quitter les lieux. Durant le set des Rolling Stones, un jeune noir est poignardé par un ‘Hells Angels’ (Ce dernier, lors du procès, affirmera avoir vu l’afro-américain brandir une arme à feu). Le bilan s’alourdit encore lorsque l’on apprend que deux enfants qui dormaient dans des sacs de couchages ont été écrasés par une voiture conduite par un chauffeur sous acide et qu’un autre drogué s’est noyé dans un canal d’irrigation proche du site du festival. Suite à ces événements tragiques, qui, d’après certains, ont sonné le glas du mouvement hippie, tous les concerts rock ont été interdits sur le site d’Altamont.
Le 6 décembre 1999, trente ans jour pour jour après les faits, quelques musiciens se disent inspirés par l’énergie dégagée durant le festival d’Altamont, et forment un groupe pour lui rendre hommage : The Lords Of Altamont est né. La suite, nous la connaissons : quatre albums décapants et une multitude d’EPs pour un groupe à géométrie variable dont le seul membre permanent semble être le chanteur/organiste Jake ‘The Preacher’ Cavaliere.
En 2014, afin de célébrer dignement le 15eme anniversaire de son groupe (NDR : et le 45e du drame d’Altamont), Cavaliere réunit en studio quinze des musiciens qui se sont succédés au sein des ‘Lords’ au cours des années et enregistre ce superbe « Lords Take Altamont ». Le disque, bourré d’énergie propose 15 covers de chansons qui avaient été jouées durant le festival. Nous y retrouvons six hits incontournables des Rolling Stones, trois de Jefferson Airplane, ainsi que des classiques de Santana, Crosby, Stills, Nash & Young et des Flying Burrito Brothers réinterprétés à la sauce Garage/Punk Rock. Les guitares sales (mais respectueuses) décuplent l’énergie des titres originaux tandis que l’orgue de Cavalière apporte une touche psychédélique jouissive à l’ensemble. Chaque titre apporte son lot de bonheur. Au nombre des relectures les plus réussies nous citerons, en particulier ce « Live With Me » des Stones qui ouvre la plaque avec une énergie débordante ; le décapant Sleaze Rock du « 3/5 of a Mile in 10 Secons » de Jefferson Airplane ou encore le fantastique « Black Queen » ‘Hendrixien’ de Crosby, Stills, Nash & Young qui pourrait servir de bande son au plus fantastique des trips en Harley Davidson sur la route 66.
Une envoutante leçon d’histoire, recommandée aux fans de Classic Rock, Garage Rock, Punk Rock, Sleaze Rock, Stoner Rock et même, de Rock tout court !
Les Lords Of Altamont seront en concert chez nous, au Magasin 4 de Bruxelles le 28 octobre 2014.
L’album (49’47) :
- Live With Me [The Rolling Stones] (3’29)
- Come Back Baby [Lightning Hopkins] (2’30)
- 6 Days On The Road [Flying Burrito Brothers] (2’59)
- Stray Cat Blues [The Rolling Stones] (4’00)
- 3’5 of A Mile In 10 Seconds [Jefferson Airplane] (3’15)
- Black Queen [Crosby, Stills, Nash & Young] (3’13)
- Love In Vain [Robert Johnson] (4’22)
- Cody Cody [Flying Burrito Brothers] (2’12)
- You And Me And Pooneil [Jefferson Airplane] (2’50)
- Gimme Shelter [The Rolling Stones] (4’19)
- The Other Side Of This Life [Jefferson Airplane] (3’49)
- Simpathy For The Devil [The Rolling Stones] (6’13)
- Jingo [Santana] (3’24)
- Monkey Man [The Rolling Stones] (3’07)
Le groupe :
- Jake ‘The Preacher’ Cavaliere : Chant, Orgue
Pays: US
Gearhead Records RPM 086
Sortie: 2014/05