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CEA SERIN – The Vibrant Sound Of Bliss And Decay

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Cea Serin est un trio formé en 1997 à Bâton Rouge en Louisiane. Le groupe a publié quelques démos et un premier album (« …Where Memories Combine… ») en 2004 avant de disparaitre du circuit. « The Vibrant Sound Of Bliss And Decay » met donc fin à dix années de silence.

Ah l’humilité légendaire des Américains ! Cea Serin est persuadé de tenir quelque chose d’unique et il estime que le terme ‘Métal Progressif’ n’est pas approprié pour décrire sa musique. Il préfère parler de ‘Mercurial Metal’. Vous commencez à nous connaître : c’est exactement le genre de chose qui nous titille les terminaisons nerveuses. Surtout lorsque la seule explication fournie pour justifier la création de ce label surnuméraire est que l’on marie le Prog et l’extrême en alternant le chant clair et le grunt colérique (NDR : et donc, que l’on fait à peu près comme tout le monde, en ce moment). Le terme ‘Mercurial’ nous a étonnés et nous avons fouillé notre bibliothèque à la recherche d’éclaircissements. Selon notre dictionnaire, le mot ‘Mercuriel’, en français, signifie ‘qui contient du mercure’. Il est utilisé, le plus souvent, en référence à un médicament dont le principe actif est le mercure. Fausse piste, donc. Le dico anglais avance un début d’explication plausible : ‘l’adjectif ‘mercurial’ s’applique à une personne sujette à des changements d’humeurs soudains et imprévisibles’. Tiens donc ! Un ‘Métal’ qui serait sujet à de nombreux changements d’humeurs… un peu comme du Progressif donc, Non ? Après avoir murement réfléchi, nous avancerons notre propre explication : nous voyons dans le terme ‘Mercurial’ une référence à Mercure, le dieu romain du commerce, et donc une allusion subtile au fait que certains artistes sont prêts à dire tout et n’importe quoi pour écouler leurs disques.

Mais venons en plutôt à ce « The Vibrant Sound Of Bliss And Decay », qui sans être le disque le plus original de la décennie écoulée, est tout de même un très bon album de … Métal Progressif. Nous y découvrons cinq plages pour environ 48 minutes de musique. Les deux premiers titres (« Holy Mother » et « The Illumination Mask » sont d’anciennes compositions issues de démos datant de 1997 et 1999. Le premier des deux nous chauffe à blanc : une guitare acérée, une basse qui se lance dans des circonvolutions solitaires dès les premières secondes, une batterie qui cogne ferme et un clavier qui décape le marteau, l’enclume et l’étrier : voilà qui est de bon augure. Malheureusement, le mercure (encore lui) retombe un peu lorsque Jay Lamm s’empare du micro pour tenter une régurgitation extrême. Le multi-instrumentiste, qui assure pourtant un maximum à la basse et aux claviers, n’est définitivement pas le plus envoutant des ‘growlers’ et ses vocaux extrêmes (NDR : imaginez un Dani Filth enroué) ont failli nous fâcher définitivement avec la plaque. Par chance, il les utilise avec parcimonie et son chant clair est bien plus convaincant. « The Illumination Mask » est dans ma même veine. Un titre rapide et technique, truffé de changements de rythmes et où les le craché côtoie le chanté. Cea Serin cite, entre autres, Carcass et Dream Theater parmi ses influences. Si la première n’est pas franchement évidente au premier abord, la seconde, par contre, est aussi visible qu’un poireau sur le visage de Lemmy. « Ice « , pour suivre, est une reprise surprenante, mais plutôt sympathique d’un titre de la chanteuse canadienne Sarah McLachlan. « The Victim Cult » et « What Falls Away » sont de nouvelles compositions (NDR : deux titres en dix ans, c’est tout de même un peu léger). Le premier est une véritable tuerie Métal Progressive. Le son limpide nous permet d’y distinguer des parties de basse complexes, des guitares hallucinées, un piano vaporeux, de subtiles orchestrations, une batterie fulgurante, et toujours, cette alternance de rage et de douleur au niveau du chant. « The Vibrant Sound Of Bliss And Decay » s’achève sur un coup d’éclat avec les 20 minutes envoutantes de « What Falls Away ». L’intro éthérée, la montée en puissance et échanges superbes entre les guitares, les claviers et cette basse ‘coup-de-poing’ qui vous arrache les tripes, les percussions omniprésentes, l’addition d’un chant féminin : on frise la perfection.

Cea Serin n’est sans doute pas aussi unique qu’il aimerait le croire. Mais si l’on oublie de ses pompeuses prétentions mercuriennes (et que l’on accepte les limites du chant extrême), écouter « The Vibrant Sound Of Bliss And Decay » procure, au final, énormément de plaisir.

L’album (47’48) :

  1. Holy Mother (7’07)
  2. The Illumination Mask (7’47)
  3. Ice (4’55)
  4. The Victim Cult (7’59)
  5. What Falls Away (20’00)

Le groupe :

  • Jay Lamm : Chant, Basse, Claviers, Guitare acoustique (plage 3)
  • Keth Warman : Guitares, Claviers additionnels (plage 1)
  • Rory Faciane : Batterie, Percussions
  • Brooke Mayfield : Chant Féminin (plage 5)

Pays: US
Generation Prog Records GENPRC006
Sortie: 2014/10/06

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