ASSYRIANS (The) – Tundra

Depuis quelques années, le psychédélisme revient en force. On retrouve dans la musique ces ambiances florales, éthérées et stratosphériques qui firent les beaux jours des Sixties, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et même en France. Le retour du psychédélisme à notre époque tourmentée est une heureuse nouvelle, bien que les chansons insouciantes et rêveuses ne soient pas tout à fait en phase avec les drames de la crise économique. Alors, on a le choix, soit on supprime le psychédélisme pour retrouver une musique plus dépressive et dans l’air du temps, soit on supprime la crise économique et on retourne vers les temps de joie et de tranquillité qui caractérisèrent les années 60. Choisissons la seconde solution, évidemment, oublions le chômage, les crises boursières, les menaces de guerre et restaurons le charme et la beauté des fleurs. Et pour se propulser directement dans ce paradis imaginaire et utopique, les Italiens de The Assyrians peuvent être un véhicule parfaitement approprié.

Formé à Milan en 2011, ce groupe comprend Marco « Juju » Giudici, Niccolò Fornabaio, Giovanni Bozzoli et Carlotta Boattini. Il est repéré par le petit label Bored Youth qui commercialise en 2012 une centaine de copies de leur premier EP sous forme de cassette audio. L’objet se vend comme des petits pains et propage dans les esprits de ceux qui l’ont acheté une pop naïve et un peu fofolle, gorgée de psychédélisme désinhibé.

On retrouve les mêmes ambiances sur le premier album long format des Assyrians, qui offre à l’oreille onze titres oniriques et pétillants. Produit par le groupe avec Giulio Calvino (Hot Gossip), mixé par Taketo Gohara (Vinicio Capossela, Marta Sui Tubi, Ministri, Verdena, etc.) et masterisé par John Versari, « Tundra » a aussi recours au chant de la Canadienne Emily McKearney.

Les titres des chansons ne comportent qu’un seul mot, une sobriété qui tranche avec les riches arrangements qui fédèrent des populations de synthétiseurs, de guitares, de batterie et des vocaux ouatés et vaporeux. On repère des atmosphères dignes des tout premiers temps de Pink Floyd, époque Syd Barrett (« Hellebore », « Baobab ») ou des plus obscurs Sagittarius et Millenium, petites perles américaines des années 68-69. Evanescentes et poétiques, environnées de douces harmonies et de mélodies acidulées, les chansons de « Tundra » défilent savoureusement dans les oreilles. On rencontre un petit coup de mou sur le dernier tiers, ou en tous cas une légère tendance à la répétition, mais cela ne gâche en rien le plaisir de traverser cette toundra qui est bien plus accueillante que la vraie toundra du fin fond de la Sibérie.

Pays: IT
Foolica Records
Sortie: 2014/07/07