BÄRLIN – Bärlin
Les groupes du Nord de la France profitent de la proximité géographique avec la Belgique pour nous envoyer leurs albums, initiative qui ne peut qu’être encouragée quand on voit la qualité des œuvres qui nous parviennent. La bonne ville de Lille est particulièrement active en ce moment avec ce nouvel exemple illustré par le groupe Bärlin. L’album éponyme est sorti il y a deux ans en France mais il est désormais disponible sur les sites de téléchargement Deezer et Spotify, belle occasion pour le découvrir.
Bärlin est composé de Clément Barbier, Laurent Macaigne et Simon Thomy. Jonathan Testard est venu en invité pour assurer les parties de violoncelles de ce premier album aux ambiances très prenantes. Le credo musical de Bärlin se situe en effet dans un rock alternatif alliant des éléments post-rock et jazzy, comme la bande–son d’un film dramatique où tous les héros sont habillés de gris et meurent à la fin. Non, ce n’est pas une série télé de zombies qui ne font pas peur à laquelle nous avons affaire ici, mais plutôt quelque chose entre le film d’espionnage torturé et une romance angoissée.
Les interventions du violoncelle et de la clarinette basse servant des rythmes lents sur lesquels le chanteur vient poser une voix gonflée de chagrin contribuent à tisser des atmosphères lourdes et étouffantes. Il n’est pas question ici de se marrer une seconde. L’initial « Pristina », l’intriguant et maladif « Sins », le bien-nommé « Morphine », le neurasthénique instrumental « City of quartz », le plaintif « Indigo notes of love » ou l’orientalisant final « Two sides girl » sont tous les épisodes d’une histoire triste et belle, fragile et rageuse.
Bärlin fait un usage relativement discret de la guitare mais ponctue son album d’autres instruments ou d’effets sonores qui valent largement une Stratocaster lancée à plein régime ou le déferlement torrentiel de sons terrifiants en provenance d’une Gibson. La basse construit des nappes délétères et des chœurs viennent parfois insister sur les drames sonores qui se jouent devant nous. Mais surtout, c’est le chant qui vous colle le bourdon une bonne fois pour toutes. Alourdi par la crainte et le désespoir, il émet des vocalises à la fois aériennes et embourbées dans une glaise d’imparable tristesse.
Ici, pas question d’hymnes à la bière et aux motocyclettes rapides et bruyantes : on est dans la salle d’attente d’un hôpital, dans les couloirs d’une morgue ou recherché par les tueurs de l’empire secret. Ici, pas d’été radieux et de boissons pétillantes : on déguste une soupe d’herbes moisies sous la pluie battante d’un éternel automne. Mais à cette occasion, on se rappelle aussi que la tristesse peut être captivante et que le marbre blanc des tombes est bien plus beau que le rose fuchsia des bonbons qui gâtent les dents et refilent du diabète.
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2012/03/01