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HEROD – They were none

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Tout le monde s’en souvient mais rappelons-le quand même : Hérode était ce roi de Judée qui s’était mis en tête de liquider tous les enfants à naître au moment où on annonçait l’arrivée d’un roi des Juifs destiné à le renverser. On était alors à l’époque de la naissance de Jésus qui, parce que ses parents avaient tardé à réserver leur place dans une auberge confortable, s’était retrouvé épargné par le massacre en naissant dans une modeste bergerie. Aujourd’hui, avec les réservations d’hôtels des mois à l’avance sur Internet, il n’est pas sûr qu’un nouveau Messie menacé de destruction par des souverains jaloux aurait une chance de s’en sortir.

Mais nous ne sommes pas ici pour réécrire les évangiles, mais plutôt pour nous confronter à un autre Herod qui, lui, vient de Suisse et extermine ses victimes à coups de sludge metal puissant et progressif. L’affaire commence en 2011 quand un certain Pierre Carroz concrétise une idée de groupe qui lui trottait dans la tête depuis 2006, année où il avait passé quelques semaines seul dans un appartement vide à Malmö, en Suède. Bien traumatisé par cette expérience de solitude et de climat froid et triste, Carroz reporte ces sentiments angoissés dans une musique désespérée et brutale. Il s’associe avec le batteur Fabien Vodoz (ex-Twisted) et le chanteur David Glassez (ex-A fine Day To Exit) pour former Herod. Pierre Carroz s’occupe de la guitare et de la basse, une seconde guitare étant gérée par Bertrand Pot.

Après quelques années de travail sur l’écriture et les compositions, voici « They were none », premier opus de cette formation originaire de Sion qui a maintenant ses quartiers dans la ville de Vevey. Le titre de l’album s’inspire du roman d’Agatha Christie, connu aussi sous le nom de « Dix petits nègres ». Dans ce roman, les victimes disparaissent petit à petit mais avec Herod, on a droit au meurtre de masse instantané grâce à l’assaut thermonucléaire de la guitare, le pilonnage rythmique et les ravages du chant hurleur et rocailleux.

L’album est parcouru d’un sludge résolument sombre et expérimental. On sent les murs qui se rétrécissent peu à peu autour de soi, enfermant l’esprit dans une cage d’où pleuvent des riffs implacables et un chant sordide. Dans cette optique, Herod se hisse à la hauteur des vieux dieux du métal boueux, comme Neurosis, Cult Of Luna et même Meshuggah. Les onze titres de l’album qui défilent en presqu’une heure sont là pour faire régner un ordre métallique pesant et désabusé. On reste particulièrement marqué par les dix minutes du premier titre « The fall », les riffs de titans de « Glory north », les épisodes versatiles de « Northern lights » ou les atmosphères funéraires enserrant « We are the failure » dans leurs griffes.

Herod privilégie les mid-tempos, ce qui lui laisse le temps de développer ses titres et de bien appuyer là où ça fait mal, avec des ambiances sinistres et des sonorités apocalyptiques. Ce premier coup d’essai est un véritable coup de maître pour ces orfèvres du son gluant et épais.

Pays: CH
PMZ 104
Sortie: 2014/04/27

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