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NEIL – Neil’s heavy concept album

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Entre 1982 and 1984, une série humoristique anglaise fit un carton sur la BBC. « The young ones » racontait les péripéties d’une bande de lads crétins et caricaturaux de l’époque : des punks, des minets new wave et un résidu de l’ère hippie qui s’appelait Neil. Ce personnage débonnaire et mollasson, croisement entre Gaston Lagaffe et Daevid Allen, était interprété par Nigel Planer, un acteur solidement installé dans le paysage télévisuel et théâtral anglais depuis la fin des années 70.

Le succès des « Young ones », diffusés en deux séries de six épisodes, donne l’idée aux producteurs d’exploiter l’affaire sur le plan musical avec un album qui serait celui de Neil et qui reprendrait les élucubrations dont ce personnage était coutumier sur le petit écran, à l’aide de force reprises de groupes psychédéliques et progressifs des années 60 et 70.

La production de ce disque est confiée à Dave Stewart, un pilier de la scène progressive anglaise de Canterbury (Egg, Hatfield & The North, National Health). Celui-ci assemble une troupe de musiciens issus de cette scène, à savoir Jimmy Hastings (Caravan, Soft Machine, Hatfield & The North), Annie Whitehead (National Health, Robert Wyatt), Barbara Gaskin (Spirogyra), Bryson Graham (Spooky Tooth, Alvin Lee), le tout jeune Gavin Harrison (Renaissance, futur Porcupine Tree), Pip Pyle (Gong, Hatfield & The North, National Health), Jakko Jakszyk (Level 42) ou Rick Biddulph.

Tout ce petit monde se met à la fabrication de ce « Neil’s heavy concept album », qui raconte l’histoire de Neil, babacool à la voix traînante qui déambule d’ambiances musicales psychédéliques en rencontres farfelues qui se traduisent par des dialogues parlés intervenant entre les morceaux. C’est de prime abord assez déconcertant et il vaut mieux avoir de l’humour (anglais, si possible) pour pénétrer sereinement dans cette pantalonnade toute en dérision et en humour de second degré.

Au milieu de cette fine plaisanterie, on reconnaît des reprises comme « Hole in my shoe » (Traffic), « My White bicycle » (Tomorrow), « The gnome » (Pink Floyd), « Golf girl » (Caravan), « Hurdy gurdy man » (Donovan), « The amoebia song (from ‘a very cellular song’) » (Incredible String Band) et même un « God save the queen » des Sex Pistols, façon cabaret. « Hole in my shoe », d’ailleurs, connaîtra un gros succès avec un classement à la deuxième place des charts anglais, c’est-à-dire au même niveau que la chanson originale de Traffic en 1967.

La pochette de l’album est elle-même un clin d’œil à l’époque psychédélique, avec un montage photographique rappelant vaguement le « Sergeant Pepper » des Beatles, et une photo arrière représentant Neal en George Harrison, assis dans son jardin, comme sur la pochette de « All things must pass ».

Sorti en 1984, ce « Neil’s heavy concept album » (effectivement concept mais pas vraiment heavy) fait figure d’OVNI inclassable dans le paysage musical de l’époque. Les Anglais accueillent favorablement le disque en raison de ses connections avec la série télé « The young ones » mais on peut dire que trente ans plus tard, cet album – en retard sur les années 70 et décalé dans les années 80 – reste une curiosité historique et musicale qui a incontestablement son charme mais qui ne trouvera pas forcément sa place dans toutes les discothèques. Il vaut cependant la peine d’y prêter une oreille amusée, juste pour constater à nouveau jusqu’où les Anglais peuvent aller dans l’humour insensé et dans la créativité débridée.

À l’époque, « Neil’s heavy concept album » est sorti à la fois sous forme de vinyle et en cassette audio, avec des morceaux différents pour chacun de ces supports. Le label Esoteric Recordings a réuni tous les morceaux en un seul CD, avec en prime quelques bonus (dont une reprise ultra lo-fi et partielle du « Brown sugar » des Rolling Stones).

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2444
Sortie: 2014/05/26 (réédition, original 1984)

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