CD/DVDChroniques

TOHPATI – Tribal dance

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

En photo, Tohpati ressemble à un petit binoclard souffreteux destiné à moisir au fond d’un bureau de comptable. Mais mettez-lui une guitare électrique entre les mains et il devient un demi-dieu, un monstre sacré, un géant. Ce n’est pas pour rien que Tohpati est considéré comme l’un des meilleurs guitaristes de jazz-fusion d’Indonésie. Eh oui, l’Indonésie, un pays où on ne s’attend qu’à trouver de la musique traditionnelle javanaise ou balinaise mais qui surprend par sa formidable scène jazz-rock et ses artistes comme Simak Dialog, Dewa Budjana ou I Know You Well Miss Clara.

Nous avons déjà eu l’occasion de dire du bien de tous ces groupes mais celui qui arrive ici a tout le potentiel pour devenir le patron de l’affaire. Du haut de ses 42 ans, Tohpati a l’air d’en avoir vingt de moins. Il se fait remarquer tout jeune en Indonésie en raflant méthodiquement tous les prix de concours de guitare qui se déroulent dans son pays. Sa maîtrise époustouflante de la Fender Stratocaster (proche du style d’un Pat Metheny, par exemple) le pousse rapidement à devenir professionnel. Il rejoint en 1993 le mythique groupe Simak Dialog et entreprend une carrière solo en parallèle, qui débute avec l’album « Tohpati » en 1998.

Tohpati pratique le jazz-rock mais il est aussi attiré par des expériences plus métalliques, comme le montre son album « Riot » qu’il réalise en 2012 sous le nom de Tophati Bertiga. Et avec son troisième album solo « Tribal dance », Tohpati rassemble toutes les facettes de son art pour un résultat littéralement divin.

Dès « Rahwana », Tohpati et ses camarades Jimmy Haslip (basse) et Chad Wackerman (batterie) nous collent près de huit minutes de folie guitaristique virevoltante, qui voient Tohpati dévaler son manche sous un impérial cadre rythmique, élastique et groovy. Entre chaque morceau, de petits interludes de musique traditionnelle nous rappellent que nous ne sommes pas sous la coupe de l’empire américain mais bien en Indonésie (bien que l’album ait été enregistré en Californie). Et après, ça déroule comme à la parade : pesants sur « Spirit of Java », tendus sur « Tribal dance », véloces et précis sur « Red mask », funky sur « Run », brutaux sur « Supernatural » et cosmiques sur « Midnight rain », Tohpati et ses sbires nous ont lessivé le cervelet en 42 minutes chrono.

Les fans de Jeff Beck, Wayne Krantz ou Allan Holdsworth savent désormais où tourner leur attention : l’Indonésie, avec Tohpati, le Jimi Hendrix de Djakarta.

Pays: ID
MoonJune Records
Sortie: 2014/05/20

Laisser un commentaire

Music In Belgium