SCOTT, Erik – And the Earth bleeds
La longue carrière d’Erik Scott commence il y a quarante ans, quand il rejoint le duo Flo & Eddie, les ex-Turtles qui furent un temps les acolytes de Frank Zappa. Le jeune bassiste participe à deux albums puis tourne intensivement en ouverture de groupes prestigieux de l’époque, comme Jefferson Starship, les Doobie Brothers ou Fleetwood Mac.
Puis c’est chez Alice Cooper qu’Erik Scott confirme ses talents de musicien, de compositeur et de producteur, sur les albums « Flush the fashion » (1980), « Special forces » (1981) et « Zipper catches skin » (1982), des disques qu’on a un peu tendance à oublier dans l’immense parcours du Coop, mais qui ont leur charme.
Après Alice Cooper, Erik Scott rejoint les studios en tant que requin de sessions et travaille avec Kim Carnes, Peter McIan, Franne Golde, Tonio K et d’autres. Il co-écrit la chanson « Father, father », qui figure sur un album de Pops Staples (vieux maître du gospel américain), qui remporte le Grammy du meilleur album blues contemporain en 1994. Parallèlement à ses activités de studio, Erik Scott met sur pied le groupe Signal qui, s’il ne dure pas très longtemps, parvient à placer le hit « Loud and clear » dans la plupart des charts AOR et rock mélodique en 1989.
Puis c’est un changement radical d’horizon avec le groupe Sonia Dada qui, en six albums et une quinzaine d’années d’existence, explore les sphères du folk, du psychédélique, du jazz et du R ‘n’ B. C’est fort de tout cet ensemble d’expériences diverses qu’Erik Scott se lance dans la world music en 2009, avec son premier album solo « Other planets », qui met bien évidemment en avant le jeu de basse élastique et technique du bon Erik.
Cinq ans plus tard, Erik Scott revient avec ce « And the Earths bleeds » qui vogue sur des eaux consacrées à une musique très douce et planante, tout en raffinement céleste et en tendresse cotonneuse. Les amateurs de new age qui se mettent des disques de bruits de rivières ou de chants d’oiseaux pour pratiquer leurs exercices de méditation transcendantale pourraient sans problème écouter cet album, aux incontestables vertus calmantes.
Loin d’être de la musique d’ascenseur, cependant, les morceaux de « And the Earth bleeds » invitent au voyage et à la tranquillité d’esprit. Des mélodies tirées du folklore celtique (« Free », « The battle for neverland », « Run ») nous envoient en Ecosse, à la poursuite du monstre du Loch Ness et dans le souvenir de William Wallace. « The battle for neverland », d’ailleurs, sort du calme ambiant pour placer une batterie vivace et des accès de guitares électriques croisant le fer avec le violon.
Le grand mérite de cet album est de pratiquer une variété de climats tout en restant cohérant dans ses choix de départ. Quelques parties chantées viennent ponctuer un ensemble majoritairement instrumental, ce qui installe quelques pierres d’achoppement donnant de la personnalité à l’album. C’est donc une œuvre agréable, savamment écrite et apaisante qui permettra à l’auditeur stressé d’oublier les tracas quotidiens et de se replonger avec sérénité dans le chant doux et moelleux de la Terre.
Pays: US
Erik Scott (autoproduction)
Sortie: 2014/05/08