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IRON BUTTERFLY – Live at the Galaxy 1967

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Dans l’Amérique psychédélique des Sixties, Iron Butterfly était un cas particulier. Cette formation créée en 1966 à San Diego par Doug Ingle (chant et claviers), Danny Weis (guitare), Greg Willis (basse), et Jack Pinney (batterie) a été la première à pratiquer ce qu’on pouvait qualifier à l’époque de rock psychédélique lourd, antichambre directe vers le hard rock. En effet, parmi les précurseurs du hard, Iron Butterfly est en quelque sorte l’un des tout premiers défricheurs, si ce n’est le premier.

Là où Iron Butterfly se situe en incontestable pionnier, c’est dans l’élaboration du rock lourd, un univers dans lequel il va se distinguer avec ce que l’histoire retiendra de ce groupe, son hit démesuré « In-a-gadda-da-vida », deuxième face entière de son deuxième album du même nom sorti en 1968, et qui affichait allègrement 17 minutes au chronomètre. La légende veut que cette chanson fleuve au titre étrange vienne de la prononciation des mots « in the garden of Eden » par un Doug Ingle complètement bourré à qui on demandait comment s’appelait le morceau qu’il venait d’écrire.

Pour le reste, Iron Butterfly a mené une carrière de perdant magnifique, comme quoi ce n’est pas parce qu’on est le premier que tout nous est dû. Après avoir déferlé sur les hit-parades avec son « In-a-gadda-da-vida », Iron Butterfly va en effet retourner tout doucement vers l’obscurité, taraudé par une malchance tenace. C’est le seul groupe programmé à Woodstock qui ne parvient pas à quitter l’aéroport où il est coincé par le trafic dément qui bloquait toute la région. C’est lui qui est lourdement humilié sur scène par son groupe de première partie, un jeune combo appelé Led Zeppelin, qui lui vole carrément la vedette en 1969. C’est encore Iron Butterfly qui doit afficher le record du nombre de musiciens ayant officié dans ses rangs durant les 45 années de sa carrière chaotique : 60 personnes de 1966 à 2012, année de la disparition simultanée des deux derniers piliers historiques du groupe, Lee Dorman et Larry Reinhardt. Ces deux musiciens avaient également été membres de Captain Beyond, immense groupe hard psychédélique dont le premier et génial album commence tout doucement à être considéré comme important, plus de quarante ans après sa sortie.

Iron Butterfly est donc le groupe des rendez-vous manqués, et c’est un juste hommage qui lui est rendu ici avec la sortie par le label Purple Pyramid d’un des premiers concerts du groupe, au Galaxy de Los Angeles le 4 juillet 1967. A cette époque, le Papillon de Fer est sur le point d’enregistrer les titres de son tout premier album, fort justement baptisé « Heavy ». Le groupe en est déjà à sa quatrième incarnation avec l’arrivée de Jerry Penrod (basse et chœurs), Darryl DeLoach (chant et percussions) et Ron Bushy (batterie). Le concert du Galaxy est donc une opportunité de tester les compositions du groupe face à un public que l’on imagine clairsemé à l’écoute du disque. Pourtant, ce concert est capital car il permet de découvrir la plupart des morceaux composant « Heavy » (« Possession », « Fields of sun », « So-lo », « Gentle as it may seem », « Iron Butterfly theme » et « You can’t win ») mais surtout d’entendre trois morceaux totalement absents des albums suivants : « It’s up to you », « Gloomy day to remember » et « Evil temptation » (dont la structure rythmique fait étrangement penser à un « In-a-gadda-da-vida » embryonnaire). On trouve également trois morceaux qui figureront sur le troisième album « Ball » en 1969 (« Real fright », « Filled with fear » et « Lonely boy »).

Le son relativement brut de décoffrage offre un point de vue nouveau sur ces premiers titres du Butterfly. On surprend un groupe qui joue fort et rude. Les guitares claquent sèchement sur les rythmiques et partent dans des solos cosmiques et sifflants (« You can’t win », l’impressionnant « Fields of sun »). La batterie est sans pitié et mène le lourd lépidoptère sur des terrains massifs (« Possession », « Filled with fear »). L’orgue vient poinçonner la cervelle de parties grasses, sautillantes et saint-sulpiciennes. Le premier titre « Real fright » est incroyablement brutal et rapide, contenant en son sein tous les éléments qui feront plus tard partie du cahier des charges hard rock. Le 4 juillet 1967, à Los Angeles, le hard rock est né mais personne ne s’en est aperçu.

Cet excellent live sorti des couloirs du temps fait oublier l’image poussive et babacool qui collait volontiers au souvenir d’Iron Butterfly. Il donne envie de ressortir les vieux vinyles du groupe de la discothèque et de se replonger dans cette œuvre parfois un peu sous-estimée. On appréciera également le joli packaging fleuri de cette édition mais attention, la photo du groupe figurant à l’arrière ne date pas de l’époque du concert, Lee Dorman et Erik Braunn (les deux types à droite) ayant rejoint le Papillon à la toute fin de 1967. Mis à part ce minuscule anachronisme, le reste est parfait.

Pays: US
Purple Pyramid
Sortie: 2014/05/27 (réédition, original 1967)

One thought on “IRON BUTTERFLY – Live at the Galaxy 1967

  • Toujours le soin du détail ! Bravo François pour cette chronique qui rend justice en effet à un des groupes les moins réellement connu de l’époque (en dehors de son mega tube). Reste plus qu’à écouter çà 😉 Simon

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