CONAN – Blood Eagle
On oublie parfois que Conan n’est pas né avec Arnold Schwarzenegger et que, bien avant de devenir le personnage décérébré d’une superproduction hollywoodienne, il était le héros très respectable d’une série de nouvelles écrites par le romancier américain Robert E. Howard. Gageons que c’est en pensant à la version littéraire du guerrier barbare plutôt qu’à son alter-ego cinématographique que ce groupe Doom à choisi son patronyme.
Bien qu’incontestablement barbare, le Conan dont nous suivons aujourd’hui les aventures n’est pas d’origine cimmérienne mais britannique. Né à Liverpool en 2006, le trio publie « Blood Eagle », le second chapitre de sa saga destructrice, via Napalm Records. Sur son site officiel, le groupe décrit son style musical de la manière suivante : ’Conan are as heavy as interplanetary thunder amplified through the roaring black hole anus of Azathoth’ (NDT : ‘Conan est aussi heavy que le tonnerre interplanétaire amplifié au travers du trou noir hurlant de l’anus d’Azathoth’). Lorsque l’on sait que, dans le bestiaire fantastique imaginé par H.P. Lovecraft, Azathoth est une créature monstrueuse informe, aveugle et stupide qui règne sur les démons et que l’on surnomme ‘Le Chaos Nucléaire’ on se dit que la description est plutôt pertinente.
Avec « Blood Eagle », Conan envoie un message clair : Si tu aimes le Doom mélodique, chic et lyrique de Candlemass et Solitude Aeturnus, passe ton chemin sans te retourner ! Car comme le tonnerre hurlant issu de l’anus d’Azathoth, le Doom de Conan est tonitruant, visqueux et nauséabond. « Crown Of Talons » déboule sur la platine avec autant d’entrain qu’un convoi funéraire. La distorsion de la basse et de la guitare est maximale mais le riff est minimaliste. Les vocaux catatoniques semblent avoir été mis en boite depuis la pièce adjacente au studio d’enregistrement. La rythmique est hypnotique et, sur la batterie, les coups de baguettes sont utilisés avec une parcimonie honteuse. Ce schéma linéaire est utilisé pour les six titres de la plaque et l’atmosphère suffocante ne se dissipe qu’à de très rares occasions. Comme pour « Foehammer » où le tempo s’accélère au point d’atteindre la vélocité destructrice d’un pachyderme ankylosé par l’arthrite et sur lequel le son ultra-bourdonnant des guitares amplifie le côté rampant. Pourtant, il se dégage quelque chose d’intensément prenant dans le Doom de Conan ; un je-ne-sais-quoi de gluant et d’opaque qui vous interdit de retirer la plaque du lecteur pour passer à autre chose !
L’album (43’54) :
- Crown Of Talons (9’47)
- Total Conquest (6’27)
- Foehammer (4’55)
- Gravity Chasm (7’56)
- Horns For Teeth (5’46)
- Altar Of Grief (9’00)
Le groupe :
- Jon Davis : Guitare et Chant
- Paul O’Neil : Batterie
- Phil Coumbe : Basse et Chant
Pays: GB
Napalm Records – NPR 527
Sortie: 2014/02/28