HURLEMENT – Terreur et Tourment
La simple vision du logo d’Emanes Metal Records, imprimé sur la pochette d’un CD, suffit à provoquer un début d’érection chez l’amateur de métal old school normalement constitué. Et lorsqu’en plus, l’objet du désir est habillé, comme c’est le cas ici, par l’illustre créateur de pochettes qu’est Jean-Pascal Fournier (NDR : dont les œuvres picturales sont exposées sur les plus jolis opus d’Avantasia, Edguy, Dragonforce et Blashpème, pour n’en citer que quelques-uns), le headbanger précoce prend son pied avant même d’avoir pu titiller sa nouvelle rondelle argentée. Mais avec Hürlement, le bonheur ne s’arrête pas là. Car après la délectation visuelle, il y a aussi, et surtout, le plaisir auditif !
Hürlement est un quatuor heavy métal formé en 2003 par le guitariste François Porte et le vocaliste Alexis le Warnabot. Basé en Île-de-France, le groupe revendique l’héritage de la scène métal française des eighties, en citant au passage Sortilège, ADX, Blasphème et H-Bomb au nombre de ses généreux donateurs. Loin de limiter ses prétentions métalliques à une identité nationale, Hürlement avoue une passion indéfectible pour le métal classique de Judas Priest, Running Wild et Manowar et interprète autant de titres dans la langue de William Blake que dans celle de Jules Verne. (NDR : marre de Shakespeare et Molière, pas vous ?)
« Terreur Et Tourment » est le second opus de la formation parisienne. Il fait suite à « De Sang et d’Acier », sorti en 2007, que nous n’avons pas eu la chance d’écouter mais qui, d’après ce que nous avons compris, est l’une des meilleures ventes du label Emanes Métal à ce jour.
Il est difficile de définir la musique de Hürlement autrement que comme l’amalgame des styles des formations classiques qu’il cite en référence. On retrouve effectivement du Judas Priest dans un titre comme « The Sign Of The Beast » et du Manowar (beaucoup de Manowar) dans « The Song Of Steel » ou « Brothers Of The Watch ». Il faut d’ailleurs saluer la prestation d’Alexis The Warnabot qui, lorsqu’il ne s’adonne pas à l’exercice du cri suraigu (NDR : quelques hurlements bien sentis donnent ici tout son sens à l’expression ‘se faire broyer le testicule droit par le Marteau de Thor’), pourrait très bien passer pour le pendant français d’Eric Adams (Manowar) ou de David DeFeis (Virgin Steele). Côté compositions, Hürlement offre à l’amateur de métal classique tout ce qu’il est en droit d’attendre. Des riffs rapides, des rythmiques soutenues, quelques passages épiques et une solide collection de soli de guitares. Au total, près d’une heure de plaisir métallique, sans aucun remplissage inutile. Hürlement garde pour la fin son morceau de bravoure : un titre épique atteignant (presque) les dix minutes intitulé « A Feux et a Sang », qui sera, on l’imagine aisément, une véritable tuerie lors du passage à la scène.
Si les lyrics anglophones, évoquant ‘lames, acier et fraternité métallique’, semblent avoir été rédigés à l’aide du ‘Petit Manowar Illustré’, les textes français sont de petites perles de poésie métallique. Écrits à renfort de métaphores juteuses, ils évoquent quelques moments sombres de l’histoire médiévale (NDR : les tortures d’hérétiques dans « Inquistion » ou encore le terrible Edouard Plantagenêt et la Bataille de Crécy (1346) dans « Prince Noir ») ou rendent hommage aux fameux ‘Flying Tigers’, ces pilotes volontaires américains qui combattaient les escadrons de Zeros Japonais durant la Seconde Guerre mondiale (« Tigres Volants »).
Après l’utraspeedé Morsüre, dans les années quatre-vingt, Hürlement est le second combo parisien à rejoindre le club très fermé du ‘Metal Umlaut’ (NDR : dont les membres les plus éminents sont bien sur Motörhead, Blue Öyster Cult, Queensrÿche et Mötley Crüe). Si Morsüre, pourtant talentueux et original, n’a connu qu’une gloire éphémère et n’est jamais parvenu à passer le cap du second album, Hürlement lui, semble prêt à s’incruster sur nos platines laser pour de nombreuses années. « Terreur Et Tourment » est l’album métal (semi) francophone de l’année… jusqu’à preuve du contraire !
L’album (56’23) :
- Inquisition (4’42)
- The Harvester (5’56)
- Prince Noir (4’47)
- The Sign Of The Beast (7’44)
- The Song Of Steel (6’28)
- Dogue De Brocéliande (4’36)
- Last Days Of Summer (1’19)
- Brothers Of The Watch (5’19)
- Tigres Volants (5’34)
- A feu et A Sang (9’54)
Le groupe :
- Alexis The Warnabot : Chant
- François : Guitares
- Le Gorg : Basse
- Pierre : Batterie
Pays: FR
Emanes Metal Records – Metal 039
Sortie: 2013/02