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ANTIDOTE – No peace in our time

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Il n’y a pas que les dieux ou les méchants dans James Bond qui ressuscitent. Il y a aussi parfois des groupes mythologiques ayant eu un trajet tellement météoritique dans le paysage rock qu’on se demande s’ils ont vraiment existé. Avec Antidote qui revient aux affaires, c’est tout le monde du punk hardcore new-yorkais qui retient son souffle, arrête de bouger et se demande ce que ce combo mythologique, contemporain d’Agnostic Front et Cro-Mags, va leur asséner sur la tête après 21 ans d’absence.

L’histoire d’Antidote (qu’il ne faut pas confondre avec le groupe punk néerlandais des années 90) remonte en effet à assez loin dans le cours du temps. Formé en 1982 par Robb Nunzio, Antidote emboîte le pas aux groupes punk hargneux qui l’ont influencé, Black Flag en tête. La discographie originale du groupe dans les années 80 se résume à… un EP. C’est assez maigre, mais ce « Thou shalt not kill » de 1983 est une sorte de Saint Graal pour les amateurs de hardcore, tant cette galette fait office de saintes écritures établissant les règles très strictes du genre. En neuf minutes et huit titres, Antidote avait posé les bases du hardcore à tendance métallique, avec ces titres courts et brutaux dont raffolaient également les hardeux en train de mettre au point à l’époque le speed metal naissant.

Antidote disparaît dès 1984, à la façon d’une bande de petits voyous qui se font la malle aussitôt le larcin commis. Mais une première résurrection a lieu en 1990, avec l’album « Return 2 burn », qui n’est pas vraiment plus long (sept titres) mais poursuit la vision belliqueuse et sans concessions de la bande à Robb Nunzio. Puis les types d’Antidote retournent dans les profondeurs des rues de New York pour ne réapparaître au grand jour qu’en 2010, avec une signature sur le label Bridge Nine. Ce dernier a d’abord l’excellente idée de rééditer l’EP « Thou shalt not kill », ce qui vaut largement un prix Nobel.

Puis c’est la sortie de ce « No peace for our time », magnifique rafale de dix morceaux qui tiennent l’auditeur en haleine pendant… vingt minutes. Oui, à peine le temps d’une introduction à l’orgue d’un titre de Yes, mais l’essentiel et l’indispensable se trouvent dans cette rondelle, qui fusille les tympans en règle et émet des propos critiques et caustiques sur notre société et toutes ses tares diverses et variées. Nunzio (guitare) s’est entouré de Zum (basse), REA (batterie) et Drew Stone (chant) et le moins que l’on puisse dire, c’est que les types n’ont pas perdu une once de leur énergie et de leur colère, remettant immédiatement Antidote sur les rails et replaçant le groupe dans les hautes sphères de la hiérarchie hardcore. Les titres s’abattent au petit trot sur nos tympans, la batterie dispense un rythme de jogger bobo poursuivi par une meute de loups enragés en plein milieu de Central Park, le chanteur éructe des slogans avec la conviction d’un activiste radical défiant à lui seul un escadron de policiers anti-émeute sur la 53e Rue et la guitare balance sans discernement riffs de catcheur uruguayen et solos fielleux. Tout cela sonne délicieusement old school et réapprend à la génération montante comment les anciens avaient l’habitude de balancer des coups de tatane dans un monde hypocrite et une société en déliquescence.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : Antidote est de retour et ça va cogner.

Pays: US
Bridge Nine Records
Sortie: 2012/11/21

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