LONG ESCAPE (The) – The triptych
Comme souvent avec les autoproductions indépendantes françaises, il y a un petit retard entre la sortie des albums et le moment où ils sont découverts en Belgique. Avec « The Triptych » de The Long Escape, on a plus d’un an de retard et on va vite découvrir que l’année qui vient de s’écouler a été complètement gâchée pour cause d’ignorance de cet album absolument excellent.
Formé à Paris en 2004 par le chanteur guitariste Kimo, The Long Escape prend son temps pour trouver sa voie. Après de nombreuses expérimentations musicales, le groupe est en mesure d’éditer un premier EP du nom de « Excess of empathy » en 2008. C’est alors que la formation modifie son dispositif avec l’arrivée de Marius (guitare), Arno (batterie) et y4NNoux (basse, pas de faute de frappe ici, c’est bien comme ça qu’il s’appelle).
En 2011, The Long Escape reprend les titres de son premier EP et les enrichit de sept morceaux supplémentaires pour accoucher de « The triptych », un album concept divisé en trois parties : d’abord la reprise des morceaux de « Excess of empathy », puis « Homo stellaris » (quatre titres) et « Homo weirdiculus » (quatre autres titres). Les propos sont centrés sur l’humanité et son destin et le tout est enrobé d’un métal progressif et technique qui va chercher toutes sortes d’influences pour les transcender avec une intelligence rare et un sens pointu de l’équilibre.
De-ci de-là, on repère au cours de la progression des riffs ou des ambiances empruntées à des groupes aussi divers que A Perfect Circle, Sevendust, Tool ou même Slipknot. Mais The Long Escape reprend tout cela à son compte avec brio et signe un album à la forte personnalité. Que ce soit dans un registre métallique progressif (« New beginning »), émo (« Upon the head », « Return to chaos »), hardcore (« I am your saviour ») ou hard mélodique (« Collapse »), les musiciens de The long Escape sont toujours à la pointe, surprenant l’auditeur par des changements d’atmosphères toujours bienvenus, des breaks nerveux ou des ambiances recueillies à la finesse cristalline (la ballade « Encelade »). Le chant de Kimo se révèle impeccable, irréprochable dans les séquences mélodiques et menaçant quand il s’agit de s’arracher les cordes vocales sur les passages hardcore. On ne peut pas vraiment cataloguer les morceaux dans un style bien typique car le groupe assaisonne ses créations d’atmosphères multiples. Le coq et l’âne s’affrontent ici mais le tout reste d’une grande cohérence, ce qui n’est pas évident au départ.
On ne cessera jamais de le répéter : il y a un rock français convaincant et cultivé dans l’Hexagone. Le pays de Frank Alamo et Dick Rivers s’est toujours plaint du manque de vitalité de sa scène rock mais à toutes les époques, une scène underground convaincante mais ignorée a toujours démontré que le rock français était plein de ressources. La nouvelle génération, parmi laquelle The Long Escape figure en bonne place, ne fait pas exception et le problème principal reste l’accès à une plus grande reconnaissance. Donnons donc une chance à The Long Escape car c’est amplement mérité.
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2011/08/18