RÉSISTANCE – A Tale Of Decadance
Fin 2010, le label underground Emanes Metal Records publiait, avec « A Tale Of Decadance », ce qui restera probablement longtemps encore l’une des pièces maîtresses de son catalogue. Et, bien que nous l’ayons découverte sur le tard, nous ne résistons pas à l’envie de vous vanter les mérites de cette sulfureuse galette. Ceci nous donne par ailleurs l’occasion d’évoquer, pour la première fois, le nom de la formation qui nous a concocté ce régal métallique : Résistance. Certes, nos lecteurs assidus se souviennent d’avoir lu, dans ces pages, les exploits d’une certaine Resistance hennuyère dont la propension à déboîter les molaires de celles et ceux qui ont l’imprudence d’aller les voir sur scène n’est pas un secret. Mais aujourd’hui, il n’est pas question de ‘rEsitance’, mais bien de ‘rÉsistance’ et, si nous tenons à mettre l’accent sur la chose, c’est qu’entre le ‘E’ et le ‘É’, il y a un monde de différence. Car si nous connaissons tous depuis longtemps le deathcore ultrabrutal du ‘Resitance’ montois, nous devons aujourd’hui compter avec un ‘Résistance’ alsacien, débarquant de Strasbourg armé d’un mélange explosif de heavy classique, de thrash métal et d’intrigantes ambiances théâtrales.
S’il se dit adepte du heavy et du thrash métal traditionnel, Résistance n’en est tout de même pas à une hérésie près. La première de celles-ci est d’oser fouler un sentier généralement réservé aux formations progressives, en faisant de son second opus un album conceptuel. L’histoire relatée dans ce ‘Conte De La Décadence’ est inspirée par The Monk, un roman gothique écrit à la fin du XVIIIe siècle par l’écrivain anglais Matthew Gregory Lewis. Ce roman fut censuré, à l’époque de sa sortie, pour avoir évoqué des thèmes aussi subversifs que le viol, l’inceste et la magie noire et surtout parce qu’il mettait en scène un moine ayant vendu son âme au diable (NDR : Bref, rien de plus que ce que nous appelons de nos jours ‘les scandales qui secouent l’église catholique’).
Le chant multidimensionnel de Nathaniel Colas constitue la seconde atteinte du groupe à l’intégrité du métal traditionnel. Interprété par le ‘gueulard’ métal typique, « A Tale Of Decadance » aurait déjà pu, grâce à ses riffs précis, ses mélodies musclées et ses rythmiques décapantes, n’être qu’un très bon album heavy/thrash. Mais la performance hors-norme du vocaliste alsacien porte la galette à un tout autre niveau, celui d’un album d’exception, doté d’une personnalité unique. Colas semble armé de cordes vocales à géométrie variable lui permettant de changer de voix au fil des fluctuations d’atmosphères. Son chant, théâtral dans les moments les plus glauques, est une improbable synthèse de Messiah Marcolin (ex-Candlemass), Fernando Ribeiro (Moonspell) et Michael Poulsen (Volbeat). Lors des déflagrations thrash les plus véloces, par contre, ses vociférations grasses et rauques donnent l’impression d’avoir été extirpées des gorges conjointes de Lemmy et Chris Boltendahl (Grave Digger).
Si tout cela ne suffit pas encore à vous convaincre que nous tenons ici l’un des disques thrash métal les plus excitants de ces dernières années, nous ajouterons à la liste des agréables excentricités du groupe l’utilisation (parcimonieuse, il est vrai) d’un orgue Hammond et d’un instrument traditionnel bulgare appelé ‘gadulka’ qui donne au superbe « Revenant » un petit air ‘world métal’ plus que rafraîchissant.
Bien que ce petit bijou soit sorti il y a presque deux ans, il est encore possible de s’en procurer quelques exemplaires sur le webshop du label Emanes Metal. Douze petits euros (NDR : seize pour le format vinyle) pour trois bons quarts d’heure de plaisir auditif, ce n’est vraiment pas cher payer !
L’album (42’49) :
- The Preach (1’39)
- Loss Of Innocence (5’52)
- The Bloody Nun (4’31)
- A Premature Burial (4’33)
- Conjurer Of Fate (7’39)
- A Silent Kill (3’23)
- Revenant (2’28)
- The Rape (3’44)
- In Expiration Of His Crimes (8’57)
Le groupe :
- Nathaniel Colas : Chant
- Joël Bigeard : Guitares
- Florian Jougneau : Basse
- Marti Ilmar Uibo : Batterie
Pays: FR
Emanes Metal Records – Metal 022
Sortie: 2011/01