INFINITE TRANSLATION – Masked Reality
Vous aurez peut-être du mal à le croire, mais le ‘revival’ du thrash métal old school n’est pas un mythe ! Comme tout le monde, nous avions entendu parler de ces furieux Anglais et de ces yankees colériques nommés Evile, Warpath, Gama Bomb, Municipal Waste, Warbringer et Bonded By Blood qui avaient contracté l’antique virus et qui, dans leurs contrées éloignées, s’afféraient à réveiller la bête. Cependant, nous nous étions contentés d’enregistrer le fait sans y prêter beaucoup d’attention car nous étions loin de nous douter que la contagion avait atteint les portes de notre pays. L’excellent « Dawn Of The Enforcer« régurgité il y a peu par nos compatriotes brugeois d’After All aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Mais, allez savoir pourquoi, nous avions imaginé qu’il s’agissait d’un cas isolé. Une visite inopinée à Groot-Bijgaarden le 13 octobre dernier, à l’occasion du Radiation Fest nous a démontré que la menace était bien réelle.
Imaginez la scène : une petite salle poisseuse située en région flamande, à l’ouest de Bruxelles. Au sous-sol de ce bouge lugubre, une centaine de zombies chevelus, vêtus de vestes à patches et de t-shirts vintage frappés des logos de Kreator, Overkill, Voivod, Testament et Slayer headbangent dix heures durant au son d’un thrash ‘old school’ débité avec conviction par d’irascibles combos dont les membres n’étaient sans doute pas nés à la sortie de « Kill ‘em All » et « Show No Mercy ». Au nombre des participants à cette fiesta tellurique, nous comptons quelques sérieux prétendants au titre de ‘thrasheur véritable’ : Cizin, DeserteR, Warckon et surtout la tête d’affiche du jour : Infinite Translation. Les trois premiers sont ‘des petits gars’ de chez nous, quant au dernier, il débarque du Nord de la France.
À notre étonnement, le quatuor lillois délivre un set convainquant devant un public néerlandophone entièrement acquis à sa cause. Il faut dire qu’à l’image de la pochette qui emballe son nouvel album « Masked Reality » (NDR : réalisée par Ed. Repka, le graphiste à qui nous devons, entre autres, les pochettes du « Peace Sells » et du « Rust in Peace » de Megadeth), la musique d’Infinite Translation est un manifeste du thrash métal véritable, toutes écoles confondues. Les neufs compositions gravées sur « Masked Reality » constituent un très bon compromis entre la dextérité chirurgicale des formations classiques de la Bay Area et les approximations ultra-colériques de la scène thrash germanique du début des années quatre-vingt. Quarante courtes (mais jouissives) minutes de rythmiques foudroyantes soutenant des riffs saccadés délivrés à vitesse maximale. Les vocaux de Max Maniac tiennent autant de John Connelly (Nuclear Assault) et de Mark Osegueda (Death Angel) que du très regretté Paul Baloff (Exodus), et, avouez qu’en matière de thrash métal, il y a bien pire comme références.
Vous vous en doutez, l’innovation et les expérimentations ne sont pas au centre des préoccupations de nos quatre Français. Mais, peu importe après tout s’ils n’inventent rien. Car toute respectueuse qu’elle soit du passé, la jeunesse actuelle a vraiment besoin de ses propres héros. Adieu donc, thrashers ventripotents et chauves. Place à la nouvelle génération. Et puis, avouons quand même que nous, qui en 1984 avons assisté au premier concert donné par Slayer en Europe sur la scène du Heavy Sound Festival, qui avons vu Metallica la même année et qui avons, par la suite, écumé toutes les salles de Flandre afin d’assister aux prestations d’Agent Steel, Overkill, Sodom, Kreator ou Nuclear Assault, nous nous sentons finalement bien plus proche de ces thrashers revivalistes que de tous les boulimiques du rêve américain qui n’en finissent pas de nous irriter l’intestin grêle à force d’accommoder le mot ‘core’ à toutes les sauces métalliques.
Le thrash métal est bien vivant. « Masked Reality » en est une démonstration éclatante. Faites passer le mot !
L’album (39’06) :
- Malicious Mental Oppression (5’41)
- Destined To Death (4’57)
- Join The Masses (5’21)
- Killing Solution (5’35)
- I’ll Love You Dead (4’20)
- Lead To Madness (4’01)
- Life Of Submission (4’17)
- The Boat Can Leave Now (1’05)
- Masked Reality (3’47)
Le groupe :
- Max Maniac : Chant et Guitares
- Gui Haunting : Guitare et Chœurs
- Jon Whiplash : Basse et Chœurs
- Fishkiller : Batterie
Pays: FR
Emanes Metal Records – Metal 035
Sortie: 2012/09/29