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MANIC STREET PREACHERS – Lifeblood

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Gallois comme John Cale, formé en 1991 à Cardiff, le groupe Manic Street Preachers, d’abord baptisé Betty Blue, comprend actuellement James Dean Bradfield, chant, guitare, Nicky Wire (de son vrai nom Nick Jones), basse, et Sean Moore, batterie. Tous sont nés à Blackwood, une ville minière, à la fin des années soixante.

Flicker, guitare rythmique, a quitté le groupe après deux ans d’existence. Il a été remplacé par Richey James (de son vrai nom Richey Edwards), guitare rythmique. Un beau jour de février 1995, celui-ci, assez perturbé, est parti sans laisser d’adresse à la veille d’une tournée américaine. On ne l’a jamais retrouvé et le groupe ne s’en est jamais vraiment remis.

A l’origine, ils font une musique à caractère politique proche de celle du Clash ou des Sex Pistols mais, après le départ de Richey James, ils évoluent vers une musique plus pop et moins engagée qui s’inspire pourtant de New Order ou de U2.

« 1985 » est un pop rock classique caractérisé par une section rythmique impeccable. Le chant est parfait et les arrangements judicieusement choisis. Ce sont les principaux traits de la musique des Manics. Sur le plan des paroles, c’est un bilan de ce qui a évolué depuis les eighties : la religion a fait place à la superstition, le pari que nous avons fait sur l’avenir nous a tout fait perdre. Il y est aussi fait allusion à Morrissey et Johnny Marr qui ont rendu un choix possible.

« The Love Of Richard Nixon » est une évocation de la mise à l’écart de l’ancien président américain, trahi par tous quand il a été attaqué par ses ennemis politiques. On y utilise des samples d’un discours de l’époque. Il n’empêche, ce titre n’est pas le meilleur de l’album et, à cause du Watergate et des pratiques malsaines qu’il a engendrées, on peut difficilement souscrire à leur opinion. Nick Nasmyth y tient les claviers.

Sur une musique assez proche de ce que fait U2, « Empty Souls » compare les âmes vides qui veulent rester seules en attendant d’être adoptées comme des chiens avec les événements du 11 septembre 2001 : collapsing like the Twin Towers. Il faut oser. On y fustige les personnes qui évitent de prendre en main leur propre destin.

Toujours sur un air assez guilleret, avec de très belles harmonies vocales et la basse de Nicky Wire bien mise en valeur, « A Song For Departure » parle de la difficulté que l’on a de dévoiler ses émotions et du déguisement pour cacher son bonheur ou masquer ses déceptions.

« I Live To Fall Asleep » est un mid tempo élégant et délicat qui ne manquera pas de rappeler New Order à ses partisans. Nick Nasmyth y tient les claviers. On y parle du sommeil qui permet de prendre de la distance vis-à-vis des gens et des choses de la vie. En fait, c’est une invitation par l’absurde à lutter contre sa propre inertie pour garder un esprit critique toujours en éveil et se défier des idées toutes faites.

« To Repel Ghosts » commence comme un titre de U2, auquel les Manics empruntent quelque peu le phrasé de Bono et la façon de jouer de The Edge, ni plus ni moins. C’est aussi un des meilleurs de l’album.

Produit par Tony Visconti, qui ne tarit pas d’éloges sur leur façon de travailler, « Emily » décrit une jeune fille affublée de défauts et de qualités. Elle est associée à la liberté mais elle les laisse sans direction à suivre. Réelle ou imaginaire, elle est le symbole d’une philosophie de vie. Est-ce une allusion déguisée à leur copain disparu ? Nick Nasmyth y tient les claviers.

Sur « Glasnost », très branché guitare style The Edge comme les titres précédents, mais moins agressif dans son approche et moins musclé dans son rythme, on peut apprécier a contrario le remarquable travail de Nicky Wire à la basse, qui ressort nettement du lot, et celui plus discret du batteur Sean Moore. On y parle de l’absence d’amour et de transparence. Très 21e siècle !

« Always/Never » est un titre plus lent et un peu hybride qui ne s’intègre pas vraiment dans l’ensemble comme les autres titres. Se sentir hors de son époque, insatisfaction, solitude, inconséquence et incertitude sont les thèmes principaux abordés pêle-mêle dans ce morceau.

Egalement produit par Tony Visconti, un des producteurs prisés par David Bowie himself, « Solitude Sometimes Is » a des accents mélancoliques prononcés. La mélodie est très belle et le jeu des musiciens approprié à cette belle ballade romantique qui ne veut pas dire son nom. Solitude et repli sur soi en sont les sujets évidents.

Très maniéré, « Fragments » est aussi interprété de manière impeccable et l’aspect mélodique est très soigné. On y aborde toujours le problème de la solitude mais aussi de l’esprit qui y résiste.

Le très agréable « Cardiff Afterlife » est aussi produit par Tony Visconti et est une conclusion toute trouvée pour ce CD fait par des Gallois. Tes espoirs ne sont pas les miens. Si l’amour est impossible, que reste-t-il ? Quel espoir subsiste-t-il ? Faut-il céder au désespoir ou est-ce au contraire une incitation à tout mettre en œuvre pour inverser la tendance ? Le ton assez enjoué du morceau, qui infirme le choix probable de Richey James le disparu, donne la réponse.

Pays: GB
Sony Music UK 518885 2
Sortie: 2004/11/02

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