SYREK – Machine Elves

Syrek est un shredder qui n’apprécie pas vraiment la musique des shredders. Pour ce guitariste américain, les démonstrations de vitesses et les prouesses techniques n’ont de sens que si elles font partie d’un tout ; elles doivent contribuer à embellir une composition, mais pas en être l’élément principal. En clair : le solo est la cerise sur le gâteau, mais pas le gâteau lui-même !

Terry Syrek est diplômé du fameux Berklee College of Music (NDR : cette école de musique implantée à Boston compte parmi ses anciens élèves une série de noms prestigieux comme Al di Meola, Steve Vai, John Petrucci ou Al Pitrelli, pour ne citer que des guitaristes). Outre ses activités de professeur de musique (NDR : il enseigne la guitare depuis plus d’un quart de siècle et ses leçons sont accessibles de n’importe quel endroit de la planète via Skype) et de musicien de session (NDR : Terry a partagé la scène avec une palette de musiciens allant de Allan Holdsworth à Zakk Wylde en passant par le Trans-Siberian Orchestra), Syrek écrit de nombreux jingles publicitaires pour la télévision américaine, rédige une rubrique mensuelle pour Premier Guitar magazine et est l’auteur de plusieurs ouvrages (Livres, CD-rom, DVD) consacrés aux techniques de la six-cordes.

« Machine Elves » est le troisième effort solo du virtuose New Yorkais. L’histoire de cet album conceptuel est basée sur un texte rédigé par le parolier français Nicolas Moulard, connu pour son travail avec la formation prog-métal parisienne Conscience. Syrek, qui a composé toute la musique de la plaque (NDR : à l’exception, bien sûr, de la reprise du « Have A Cigar » de Pink Floyd) se charge lui-même du chant, avec, il faut bien l’admettre, un certain brio.

Du point de vue musical, la plaque n’a effectivement pas grand-chose du disque ‘shred’ classique. Inutile d’espérer entendre l’une de ces longues pièces instrumentales, gorgées de soli virtuoses habilement plaqués sur des cavalcades épiques. Car sur « Machine Elves », les riffs et les harmonies, tronçonnés au moyen d’une sept cordes savamment distordue et soutenus par les rythmiques ultra-complexes de la batterie de Greg Kalember évoquent plus la djent de Meshuggah (en beaucoup moins extrême) ou le prog métal déjanté de Freak Kitchen (sans le côté hilarant) que les escapades musicales d’Yngwie Malmsteen, Paul Gilbert, ou Patrick Rondat. Et, si elles sont bien présentes, les démonstrations de vélocité et de technique ne sont utilisées qu’avec parcimonie, afin d’enjoliver ce savant mélange de rock progressif, de jazz fusion et de métal aux sonorités modernes qui semble constituer le style ‘Syrek’.

Tout en étant un impressionnant album de guitares, « Machine Elves » reste accessible à celles et ceux qui n’ont jamais gratté un manche. Une réussite donc.

L’album (61’13) :

1. Vesica Piscis (2’26)
2. Machine Elves (8‘13)
3. Emberfall (8’02)
4. Have A Cigar (Cover Pink Floyd) (6’03)
5. My Magdalena (7’36)
6. Moth To Flame (5’52)
7. Change The World (5’17)
8. Sidereal (8’36)
9. Winternal (9’03)

Le groupe :

• Terry Syrek : Guitare, Chant, Chœurs
• Greg Kalember : Batterie, Chœurs
• Louis Siffer : Basse

Pays: US
Autoproduction
Sortie: 2012/06/01