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OZARK HENRY – The Sailor Not The Sea

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Quand Piet Goddaer, le grand dandy timide, a vu le public lui réserver pour la deuxième fois une standing ovation lors d’un concert intimiste « Ozark Henry Closes Birthmarks » au Centre Culturel d’Arlon le 15 novembre 2003, il n’en revenait pas. « Vous êtes très chaleureux », a-t-il simplement dit. Mais dans cette petite phrase passait beaucoup d’émotion et elle n’était pas à sens unique.

Ce sont ces moments-là qui rendent certains concerts inoubliables. Pourtant, il ne fait guère de concessions au public et ne peut en aucun cas être appelé artiste populaire, malgré son charisme et sa gentillesse extrême.

Voilà ce que j’écrivais avant de l’avoir vu à Alleur ce 30 novembre 2004. Depuis, je sais qu’il peut aussi être un showman. Mais il ne faut pas déflorer le compte rendu de ce concert surprenant. Il paraîtra dans quelques jours.

Récemment, Piet a contribué largement à l’élaboration de l’album de Novastar. Sur le plan musical, il choisit la voie la plus difficile. Très aérienne, la musique de Piet Goddaer est un mélange de jazz, de classique, de pop, d’ambient et de musique de film. Elle est très intuitive et s’intègre facilement dans ce qu’il a fait jusqu’à présent. Il compose seul ses chansons, où la dimension onirique est importante. Il en a, de la chance, de rêver à de si belles choses. Pour ce CD, il a de nouveau été fait appel à Marc François.

Premier chef-d’œuvre, l’excellent « La donna è mobile » recèle des percussions minimalistes et des atmosphères dub qui rappellent David Sylvian et Massive Attack. John « Jah Wobble » Wardle (Public Image Ltd, The Invaders Of The Heart) tient la basse et Jaki Liebezeit (Can) la batterie. Ils ont travaillé ensemble quand le premier nommé a quitté Public Image Ltd. Audrey Riley joue du violoncelle, acoustique et électrique.

Le deuxième titre, « Indian Summer », il l’a joué à ce fameux concert à Arlon et a pu ainsi le roder à loisir. Il est sorti récemment en single. C’est un morceau très doux et très mélodieux mais il comprend des effets électroniques. Cela donne un mariage heureux entre parties vocales impeccables et technologie avancée. Nina Babet y assure les backing vocals.

Et puis vient le deuxième chef-d’oeuvre : « Jocelyn, It’s Crazy We Ain’t Sixteen Anymore ». Sur un rythme irrésistible, avec des percussions remarquables de Jaki Liebezeit (Can) et la basse sublime de Jah Wobble, il nous distille un morceau qui fait appel à tous les ingrédients qui font la belle musique. Rythme surprenant bourré de punch, voix magnifique, ligne mélodique agréable, musiciens parfaits.

« Give Yourself A Chance With Me » est un curieux morceau, très lent, très élaboré et sans concession. Les parties ambient jouées aux claviers sont de toute beauté et sont entrelardées d’effets spéciaux qui contrastent avec le morceau précédent, basé sur le rythme. Le piano, notamment, joué par Didier Deruytter et le violoncelle de Audrey Riley sont utilisés à bon escient et joués de façon magistrale. Rik Vercruysse complète le tableau et joue du cor anglais.

Troisième chef-d’œuvre, le très bon « Vespertine » laisse une large place aux claviers et Stef Catteeuw donne sa pleine mesure à la guitare. La section rythmique composée de Dick Descamps et Erik Debruyne est excellente. Audrey Riley joue toujours aussi bien du violoncelle et la voix de Piet Goddaer fait toujours office de fil rouge entre les différents morceaux.

Plus rythmé, « At Sea » a été composé avec Joost Zweegers, de Novastar, une façon pour ce dernier de renvoyer l’ascenseur. Il laisse la place à des rythmes échevelés parfaitement maîtrisés et mis sous contrôle. Le piano y va de phrases musicales très belles. On notera ici aussi la présence de Audrey Riley au violoncelle et de Rik Vercruysse au cor anglais.

Beaucoup plus doux, « Free Haven » est joué tout en nuance au synthé et sublimé par la belle voix de Nina Babet et Marie-Ange Teuwen, trop peu présentes sur cet album. Elle doivent affronter la concurrence avec Piet. Ce n’est pas une mince affaire. Jah Wobble tient la basse.

Sur « The Sailor Not The Sea », les effets électroniques sont déroutants et dérangeants, innovants et percutants. Ils évoquent à la fois des bruits et des cris de la nature mais aussi de très belles phrases musicales teintées d’électronique mêlées aux voix sublimes des choeurs. Marie-Ange Teuwen et Nina Babet ne sont pas loin. Ces jeunes femmes, dont le talent explose littéralement en concert, peuvent tout faire de leur voix et ne s’en privent pas. Mentionnons aussi la présence de Jah Wobble à la basse, de Jaki Liebezeit à la batterie et celle de Audrey Riley au violoncelle.

Piet Goddaer et son groupe ont chanté « Cry » lors du deuxième rappel au fameux concert cité ci-dessus. C’est une chanson intimiste, douce et bourrée de sensibilité qui leur avait valu une ovation à Arlon. Très dépouillée, elle se laisse appréhender et apprivoiser lentement, après plusieurs écoutes attentives. Ici aussi, Marie-Ange Teuwen et Nina Babet assurent les backing vocals.

« April 4 » débute par la basse et les percussions, bien mises en évidence. La voix de Goddaer prend ensuite le relais et partage la vedette avec la basse, les percussions et les claviers. Il y joue aussi du violoncelle électrique. Ainsi finit ce brillant album d’un surdoué de la composition et du chant.

Loin de se reposer sur ses lauriers, Ozark Henry laisse ici parler son génie créatif. Il lui reste un potentiel énorme et il est très loin d’avoir atteint ses limites. Il souhaiterait maintenant s’attaquer à la musique d’un film international. En effet, son seul regret est de n’être pas plus connu à l’étranger. Aucun doute, cela viendra. Il dispose de tous les atouts nécessaires. Ne vous précipitez pas à l’AB le 3 décembre : le concert est sold out depuis longtemps.

Pays: BE
EPC 517811 2
Sortie: 2004/10/18

One thought on “OZARK HENRY – The Sailor Not The Sea

  • J’ai eu le plaisir d’écouter piet goddaer en live dans une ancienne belgique bourée à craquer le 3 décembre dernier.Nous public étions impatient, excité, euphorique.Et nous avons été plus que comblé: Piet est tout simplement un type excellent,incroyable,charismatique, généreux, talentueux. Même s’il est vrai qi’il ne parle pas beaucoup au public, tout se passe dans l’intensité de sa musique. On ressort de son concert boulversé, émotionné comme si on était tous convaincu que,oui c’est une évidence,notre Piet national est un tout grand Artiste (avec un A majuscule svp!).
    Il est une génie de compositeur et un interprète exceptionnel.
    Si je devais vous donner un conseil à vous qui êtes fan de musique de qualité :courez acheter son dernier album!!!Il est superbe!

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