TANGERINE DREAM – Green desert
En 1973, le trio progressif électronique allemand Tangerine Dream travaille sur son album « Atem », qu’il sort en mars. La verve créatrice est telle chez Edgar Froese, Peter Baumann et Chris Franke que ceux-ci attaquent dans la foulée la composition de nouveaux morceaux qui doivent faire l’objet d’un autre album à paraître en 1973. Le trio a également en projet d’autres titres qui devraient être intégrés dans un album distinct et qui deviendra finalement « Phaedra », sorti en mars 1974. Dans l’affaire, le premier projet se retrouve abandonné alors que quatre titres sont prêts et peuvent remplir facilement plus d’une trentaine de minutes. C’est le label Virgin qui ne sent pas l’affaire d’un très bon œil, car les morceaux composés pour ce qui devait s’appeler « Green desert » sont trop peu commerciaux à son goût. Il faut se souvenir qu’à l’époque, Tangerine Dream devient la grosse machine rock planant en Allemagne et il est désormais incontournable après ses albums « Alpha centauri », « Zeit » et « Atem ».
Edgar Froese est lui aussi d’accord avec le constat de Virgin mais pas pour les mêmes raisons. Il néglige complètement l’aspect commercial qui n’a que peu d’importance pour lui et considère plutôt que « Green desert » devrait rester dans les cartons, car il n’offre pas à l’époque des possibilités techniques suffisantes pour développer pleinement les attentes que Froese a placées en lui. C’est un peu comme si un réalisateur de films muets attendait l’arrivée du parlant pour pouvoir enfin réaliser le film de ses rêves.
Le projet « Green desert » va donc dormir dans l’ombre pendant treize longues années, jusqu’au moment où Froese trouve dans les synthétiseurs et les ordinateurs de la nouvelle génération suffisamment de fiabilité et de potentiel pour pouvoir réaliser en toute quiétude ce qu’il avait en tête en 1973. « Green desert » sort donc en 1986, après avoir été toiletté et complété par des overdubs et effets électroniques supplémentaires pour lui donner un aspect définitif.
On trouve donc dans ce « Green desert » quatre titres étendus sur 38 minutes avec une prépondérance certaine pour le premier titre, qui porte le nom de « Green desert » et qui s’étend sur près de 20 minutes. L’ambiance générale de l’œuvre est structurée sur de lentes vagues de synthétiseurs, ponctués de temps à autre par des interventions de guitare ou de batterie. Tout cela ressemble à de longues improvisations mais tout a été calculé au millimètre par Edgar Froese et Chris Franke, qui ont repris le projet sans Peter Baumann, pris par d’autres obligations à l’époque. L’ensemble de l’album passe comme une longue vague feutrée et stratosphérique, très ambiante et proche de ce que pouvait faire Pink Floyd à l’époque d’« Obscured by clouds ». Ici, c’est le progressif spatial et ondulatoire qui règne, pas le progressif acrobatique d’Emerson, Lake & Palmer.
Le label Esoteric Recordings, par le biais de sa sous-marque Reactive, réédite cette œuvre qui intéressera les fans de Tangerine Dream et de rock planant, ainsi que ceux qui cherchent de la musique d’ambiance calme et reposante pour se remettre du stress de la vie quotidienne.
Pays: DE
Reactive Records EREACD 1022
Sortie: 2011/11/28 (réédition, original 1986)