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OPETH – Heritage (Special Edition CD+DVD)

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Nous le sentions venir depuis un bout de temps, et voilà, c’est fait : Opeth a définitivement vaincu le côté obscur de la force. Exit les vocaux death métal, exit les riffs sombres et métalliques ; Opeth est devenu gentil. Hou ! Vendus ! Pourris ! Hurleront sans doute les puristes. Et, le fan inconditionnel des plus-que-géniaux « My Arms, Your Hearse » de 1998 et « Blackwater Park » de 2001 qui rédige ces quelques lignes ne pourra pas vraiment les blâmer. Pourtant, force est de constater que cet Opeth cuvée 2011, bien que plus doux et coloré que ses sombres prédécesseurs, est un excellent millésime.

Oublions « Heritage », la dispensable intro au piano qui ne sert probablement que de prétexte à nous présenter Joakim Svalberg (ex-Yngwie Malmsteen, ex-Glen Hughes), le remplaçant d’un Per Wiberg parti se concentrer sur Mojobone, son projet personnel, après avoir terminé l’enregistrement de ses superbes parties de claviers vintage. Car c’est bien avec « The Devil’s Orchard » que débute véritablement « Heritage ». Ce qui frappe d’emblée lorsque l’on écoute ce titre, c’est ce son de guitare moelleux, n’ayant plus rien à voir avec le death métal d’antan. L’héritage d’Opeth, on le sent ici, vient autant du rock progressif des seventies que du classic rock de Rainbow et Deep Purple. Les rythmiques jazzy de la batterie de Martin Axenrot sont eux aussi une véritable bonne surprise.

Tout ‘gentillet’ qu’il soit devenu, Opeth ne s’est pas pour autant transformé en troupe comique. Prenons-en pour témoin ce « I Feel The Dark », sombre à souhait et rehaussé, comme c’est toujours le cas chez les Suédois, de nombreux breaks, cassures et changements de rythmes. « Slither », le titre suivant qui, d’après le livret, est un hommage à la mémoire de Ronnie James Dio pourrait effectivement, avec ses faux airs de « Kill The King », faire un peu penser au Rainbow, de « Long Live Rock’n’Roll ». Après ce bon moment de pur Rock’n’roll, le contraste avec la fusion jazz ultra technique de « Nepenthe » est plutôt frappant. Si « Häxprocess » n’apporte pas grand-chose de neuf par rapport à ce que le groupe avait déjà proposé dans le cadre de son « Damnation » acoustique de 2003, il n’en va pas de même pour le sublime « Famine », original de bout en bout grâce aux percussions ethniques d’Alex Acuña (Al Jarreau, Santana, Herbie Hancock) et aux interventions lumineuses de la flûte de Björn J:son Lindh (NDR : un flûtiste suédois célèbre, entre autres, pour avoir joué sur l’album « Islands » de Mike Oldfield et le « One Night In Bangkok » de Murray Head). Sur « The Lines In My Hand », la basse de Martin Mendez se taille la part du lion face à de jolies guitares acoustiques. « Folklore », quant à lui, offre à l’album quelques-unes de ses plus belles parties de guitare lead, mais aussi quelques-uns de ses passages les plus ‘pop’. Surprenant. « Marrow of the Earth », en final, est un instrumental à la guitare acoustique ; joli mais pas vraiment plus indispensable que l’introduction au piano dont nous vous parlions plus haut.

Outre le remix d’« Heritage » au format ‘5.1 surround’ réalisé par Steven Wilson (Porcupine Tree, Blackfield ) (NDR : ce dernier est d’ailleurs en passe de devenir le spécialiste ultime en la matière puisqu’il a déjà dépoussiéré de cette manière une bonne partie du back-catalogue de King Crimson), le DVD est agrémenté de deux titres bonus inédits (« Pire » et « Face In The Snow ») ainsi que d’un documentaire plutôt intéressant intitulé Making Of Heritage. Celui-ci nous permet d’accompagner Mikael Åkerfeldt (NDR : attention à l’humour ‘pince-sans-rire’ du gaillard) tout au long de la conception de l’album et notamment d’assister aux sessions d’enregistrements réalisées par le producteur Janne Hansson dans son célèbre Atlantis Studio de Stockholm ; site historique de la pop suédoise s’il en est puisqu’il fut le témoin de l’enregistrement de quelques-uns des plus gros succès d’ABBA.

Un petit mot sur l’artwork, puisque Roadrunner Records a eu la gentillesse de nous envoyer l’édition spéciale, double digipack CD+DVD, couverture en 3D de la bête. Comme il en a pris l’habitude depuis « Still Life » en 1999, Opeth a confié au graphiste américain Travis Smith (NDR : à ne surtout pas confondre avec son homonyme, l’ancien cogneur de Trivium) la tâche d’illustrer son nouvel opus. L’arbre figurant au centre de la pochette symbolise le présent florissant de la formation suédoise, tandis que ses racines plongeant au tréfonds de l’enfer font référence à son passé death métal. Les têtes accrochées comme des fruits aux branches de l’arbre sont celles des musiciens ayant participé à l’enregistrement. Symboliquement, celle de Per Wiberg tombe comme un fruit trop mûr. Les crânes entassés au pied de l’arbre sont une représentation macabre des anciens membres du groupe.

Si vous êtes de ceux qui ont apprécié le « Damnation » de 2003 et que, de surcroît, vous vouez une passion inconditionnelle pour le rock progressif des seventies, il y a fort à parier qu’« Heritage » squattera longtemps encore votre platine laser. Si, par contre, vous estimez qu’un Opeth sans vocaux gutturaux et sans riffs ravageurs n’a pas plus d’intérêt qu’un été sans soleil, passez sans regret votre chemin.

Liste des morceaux (57’05) :

  1. Heritage (2’05)
  2. The Devil’s Orchard (6’39)
  3. I Feel The Dark (6’40)
  4. Slither (4’02)
  5. Nepenthe (5’39)
  6. Häxprocess (6’57)
  7. Famine (8’31)
  8. The Lines In My Hand (3’48)
  9. Folklore (8’19)
  10. Marrow Of The Earth (4’18)

Contenu du DVD :

  1. Heritage 5.1 Surround Mix 1
  2. Pyre
  3. Face In the Snow
  4. The Making Of Heritage : A Documentary

Le groupe :

  • Mikael Åkerfeldt : Chant, Guitares électriques et Acoustiques, Mellotron, Piano, FX
  • Martin Mendez : Basse
  • Martin Axenrot : Batterie, Percussions
  • Fredrik Åkesson : Guitares
  • Per Wiberg : Claviers, Orgue Hammond, Piano, Mellotron, Fender Rhodes, Wurlitzer

Les musiciens additionnels :

  • Joakim Svalberg : Piano (1)
  • Alex Acuña : Percussions (7)
  • Björn J:son Lindh : Flute (7)

Crédits :

  • Production : Mikael Åkerfeldt
  • Mixage : Mikael Åkerfeldt et Steven Wilson
  • Mastérisation : Peter Mew
  • Artwork et Design DVD : Travis Smith

Pays: SE
Roadrunner Records RR7705-5
Sortie: 2011/09/16

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