MANDRAKE PROJECT – Transitions
Groupe expérimental américain, Mandrake Project fait partie de toute cette mouvance alternative au même titre qu’un North Atlantic Oscillation ou un Sun Domingo. Des musiciens capables de mélanger les genres avec beaucoup d’efficacité, qui sont dans la continuité des Soft Machine, Joy Division, New Order ou Peter Gabriel. Des groupes au sein desquels on trouve de jeunes et talentueux compositeurs qui sont en fait la relève des Robert Fripp, Steven Wilson ou Bruce Soord. Des jeunes loups qui repoussent sans cesse les limites de la fusion musicale. D’ailleurs, cette année 2011 est d’ores et déjà riche en albums de ce genre, avec récemment Greylevel et Low Budget Orchestra qui mettent en valeur les qualités d’écrire d’un Derek Barber ou d’un Mikko Muranen. Quelle gageure que de devoir analyser ce présent opus alors que l’on vient de réaliser la chronique du nouveau Nosound, disciple de l’écurie Kscope et proche également de la mouvance déjà décrite.
Mais revenons à nos moutons avec ce groupe qui en est à son troisième délit ! Je voulais dire son troisième opus puisque « Transitions », réalisé en partie courant 2010 et finalisé début 2011, fait suite à deux précédentes réalisations datant de 2006 et 2009. C’est courant de l’année 2010, suite à une courte rencontre avec le grand Steven Wilson, que le groupe se voit offrir deux opportunités ! D’une part, travailler avec Rob Palmen (Riverside, Pineapple Thief), et d’autre part, avoir un contrat avec Glassville Records (Paatos, Sun Domingo). Au départ d’un EP 6 titres, Mandrake Project a finalement décidé de réaliser un album complet avec près de 13 compositions. L’arrivée du chanteur John Schisler étant un fait marquant qui permettra au groupe de développer une plus large gamme de recherches sonores et musicales. D’ailleurs, on constatera rapidement, à l’écoute des premières plages, que le chant prend une place importante dans l’architecture et la finalité des compositions.
L’opus débute par la plage titulaire « Transitions », composition lancée par le chant envoûtant de John accompagné ici par les claviers, le xylophone et le violon. Ce début fera fortement penser à Sigur Ros et à No man. Cette ballade lancinante prendra du rythme grâce à l’arrivée des percussions. « We Are You » est quant à lui plutôt un électro-rock tirant sur la pop. Au départ de synthés syncopés et d’une voix prenante, « In Love » nous apporte une belle ballade électro-pop fort agréable à écouter, et qui pourrait plaire à un large public. Le violon apporte ici un petit côté classique. Comme il avait été mentionné plus tôt, le chant et les choeurs ont bien une importance incontournable dans les compositions actuelles du groupe. « Blag Bag » sera elle aussi une belle ballade atmosphérique où les voix nous emporteront vers les rêves. On notera un beau travail au niveau de la guitare et du piano. Le rythme prendra de l’altitude avec le chant qui s’envolera. Piano classique en levé de rideaux pour « Dry in The Quarter » avant de partir vers une ballade pop-électro. On notera une forte similitude avec le travail réalisé sur l’album « Natural Disaster » d’Anathema. « Temptress » nous plongera dans une ballade instrumentale dominée par la guitare acoustique et le violon. « The Old Is New » poussera le rythme grâce à la section rythmique. Le chant y sera romantique. Guitare arabisante pour « Diabolique » puis le xylophone et violon partiront vers un tango de bal musette ! « Wide Open » nous plongera dans un pop-rock bien rythmé. Les synthés et le violon partiront alors vers une composition plus atmosphérique pour « Given Away ». Le chant y sera plus aérien et l’ensemble de la composition, sera magnifique, proche du travail d’un Steven Wilson. Le violon et la mandoline nous feront planer sur « Sang For Min Fru ». Quant à « Providence », les guitares et le violon accompagneront un chant plutôt mélancolique. Enfin, « Rain », la dernière composition, sera un instrumental où le violon dominera les débats.
Si North Atlantic Oscillation nous avait présenté une facette électro-rock du courant alternatif, Mandrake Project se tourne plutôt vers une musique progressive minimaliste et mélancolique. On percevra des similitudes avec les compositions de Sigur Ros, No Man, Pineapple Thief, Anathema ou Blackfield. Dans cette mouvance, et comme pour les albums de Sun Domingo ou d’Ulver, ce projet pourrait connaître un certain succès en radio, sur le net et sur scène. Avec l’opus de Nosound, la scène alternative actuelle nous offre ici deux fabuleux albums qui vous transporteront l’esprit et le coeur aux cieux. Il faudra bien sûr écouter avec attention les compositions afin de capter toutes les subtilités de cette belle musique !
Pays: US
Glassville Records / Bertus
Sortie: 2011/06/28