MANIC MOVEMENT – Hot! Hot! Hot!
En 1999, comme beaucoup de mes compatriotes, j’avais fait l’acquisition de « Thousand Sufferings », le premier album du combo grammontois Manic Movement. Eh oui ! Cela peut paraître étrange à nos jeunes lecteurs, mais, il y a une dizaine d’années, nous achetions encore des CDs. Il faut dire qu’à l’époque, il y avait eu un certain ‘buzz’ autour de ce disque. En premier lieu, parce que la musique qu’il proposait était vraiment dans l’air du temps : un bon vieux mélange de doom, de death et de black métal symphonique. C’était très en ‘vogue’ à l’époque. Ensuite parce que le groupe avait mis les petits plats dans les grands en s’offrant les services de Xavier Carion (ex-Channel Zero) pour le mixage et Attie Bauw (NDR : l’ingénieur/producteur batave a travaillé, entre autres, pour Gorefest, Judas Priest, Fight, The Gathering et Scorpions) pour le mastering de sa plaque. De ce fait, pour un disque métal ‘made in chez nous’, « Thousand Sufferings » était d’une qualité rare.
Par la suite, allez savoir pourquoi, j’ai un peu lâché l’affaire. Pourtant, après « Thousand Sufferings! », Manic Movement a publié deux albums (« Future Dreaming Self » en 2001 et « Dark Glitter » en 2009) qui, d’après ce que l’on peut en lire sur la toile, sont plutôt d’excellente facture. Le groupe s’est aussi illustré en live sur les scènes de Belgique et des Pays-Bas et a participé aux grandes fêtes du métal que sont le Graspop de Dessel et le Metal Female Voices Festival de Wieze.
« Hot! Hot! Hot! », le nouvel opus qui est disponible sur le marché depuis fin 2010, est un véritable choc pour votre serviteur. N’ayant pas eu l’occasion de suivre l’évolution de Manic Movement depuis la fin du dernier millénaire, j’ai l’impression d’avoir affaire à une autre formation. En fait, c’est presque vrai puisque, du line-up original, il ne reste qu’Olivier Wittenberg à la batterie et Filip de Graeve aux claviers. Olivier étant le compositeur principal du groupe depuis ses débuts, les compositions auraient très bien pu rester dans une veine doom/death/symphonique. Et bien non. En changeant de siècle et de line-up, Manic Movement a carrément changé de style.
Exit les grunts extrêmes. Le Manic Movement nouveau est mené par le chant angélique de la jolie Virginia Fantoni. Envolée aussi la violence du death métal et la lourdeur dépressive du doom. Le combo évolue désormais dans les sphères aérées du métal gothique/symphonique ‘à chanteuse’. Comme celle de Within Temptation, la musique de Manic Movement est devenue plus accessible et ne s’adresse plus uniquement aux amateurs de métal. (NDR : Les orchestrations symphoniques d’« Hopeful », en ouverture de la plaque, rappellent d’ailleurs beaucoup le groupe de Sharon den Adel). Les guitares heavy et les rythmiques puissantes sont toujours omniprésentes, mais il se dégage des nouvelles compositions une fraîcheur positive qui n’a vraiment plus rien de commun avec les ‘mille souffrances’ du premier album. À titre personnel, je regrette un peu l’absence de prise de risques dans la cover du « Vienna » d’Ultravox, qui est interprété d’une manière assez identique à l’original. En 1999, la reprise à la sauce death métal, du « Amsterdam » de Jacques Brel m’avait beaucoup plus impressionné.
S’il y a encore des points communs entre le Manic Movement de 1999 et l’actuel, il faut sans doute les chercher dans la qualité des compositions et la profondeur de leur interprétation. « Hot! Hot! Hot! » est une véritable réussite ; la plus jolie transformation, après celle des chenilles et des papillons !
Pays: BE
Universal Music Belgium / Moonzoo 221 2016
Sortie: 2010/10
Extra, plus je l’écoute, plus j’en découvre la richesse, la diversité. La chanteuse-parolière nous emmène dans son émotion et la recherche instrumentale est admirable. Dommage qu’ils ne passent pas plus souvent en radio… écouter leur cd est un réel bonheur.
Je n’étais pas adepte de ce genre musical. Cet album est une pure réussite. Son écoute a été une vraie découverte. J’ai eu la chance de les voir plusieurs fois en concert: ça déménage, la ligne mélodique est imparrable, l’émotion est constante dans l’interprétation et les musiciens sont de vrais pros. Propre, net, sans bavure mais sans jamais renier leurs origines musicales. Je ne comprends pas qu’un titre extraordianire comme « Kali Era » ne passe pas. Après diverses écoutes, tous les autres titres sont aussi des hits en puissance. En tout cas, ce CD m’a bien libéré des Supertramp, Sting, Phil Collins et autres milliardaires que nous impose Classic 21 et autres radios similaires.