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DAS SIMPLE – Das Simple

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Avec un article teuton devant le nom et une pochette d’album rappelant l’étrange symbolisme autrichien de Gustav Klimt, il y avait fort à parier que Das Simple arrivait directement en provenance d’une quelconque république d’Europe centrale ou des froides contrées scandinaves. Première embrouille : les musiciens viennent de Marseille. Deuxième embrouille : ils prétendent sur leur site MySpace venir à la fois du Vatican et de Dubaï, tiens donc. Mais, à l’écoute de leur musique, le quatuor phocéen vient certainement de l’espace intersidéral ou du paradis, où il a retenu quelques leçons prodiguées par le fantôme de Frank Zappa et les a retranscrites en une sauce progressive et métallique contemporaine héritée de Mr. Bungle, Fantômas ou Meshuggah.

Certes, les influences se bousculent au portillon quand il s’agit d’évoquer la musique de Das Simple mais il ne faut surtout pas se méprendre et reconnaître en ce groupe une personnalité musicale évidente. Et ce n’est pas le nom du groupe qui va servir de meilleur qualificatif pour saisir cette musique. Du simple, ici, il n’en est pas question. Mais Das Simple ne verse pas non plus dans la complication érigée en mode de pensée et parvient à emmener sa divagation musicale sur des routes néanmoins bien maîtrisées et cohérentes. Ce n’est pourtant pas du tout évident à l’écoute du premier morceau « Tsia » qui démarre dans un grincement anarchique d’instruments apeurés et qui voit le chanteur proférer des menaces dans une sorte de langage kobaïen cher à Magma (encore un groupe qui pourrait servir d’influence à Das Simple). Ce qui frappe aussi d’entrée de jeu, c’est la basse ronflante et volatile qui dessine des lignes rythmiques hyperactives, emportant avec elle des guitares acérées et une batterie épileptique.

Les huit morceaux de cette odyssée fantasmagorique vont se répandre en une succession de moments enragés alternés avec une douceur inquiétante. Das Simple agglomère en un seul disque une montagne de styles différents, toujours choisis parmi les musiques les plus déviantes du spectre rock. Là où le groupe fait très fort (et d’autant plus fort que c’est son premier album), c’est qu’il échappe au piège souvent courant pour un premier album : l’amoncellement de tous les styles préférés des musiciens en un ensemble pas toujours digeste et trop hétéroclite. Ici, les paysages progressifs, alternatifs, métalliques et néo-métalliques se succèdent en une peinture abstraite où il est néanmoins facile de se repérer. On reste embourbé dans les soubresauts de basse de « Tales of the galactic serpent (part 1) », aplati par un sludge stroboscopique dans « All the nice things you can buy in Dudaï » ou giflé par le chant nerveux et cyclothymique de « Coloured food tastes good » (morceau alliant du speed metal au progressif complexe de King Crimson).

Le voyage continue avec le rythme lent et névrosé de « Dance N.5 » qui laisse subitement la place à des excitations tribales héritées de Clawfinger dans « Nimrod, if you want to see I follow the bombolone », lui-même recouvert par le très technique et massif « Tales of the galactic serpent (part 2) » d’où le chant a disparu pour laisser la place à la seule voix de la musique. « Plesim » achève la course dans l’anti-accord absolu et la musique des sphères, venant conclure un album à couper le souffle. Pas le premier du genre, mais un sacré beau spécimen. Il serait de bon ton d’aller voir ce que Das Simple fait sur scène et les choses tombent bien puisque le groupe sera le 23 avril à Charleroi (au Vecteur), le 24 à Mons (au Bateau Ivre) et le 25 à Bruxelles (au Micromarché).

Pays: FR
Autoproduction / Mandaï Distribution
Sortie: 2011/04/15

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