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PRIMAL SCREAM – Screamadelica (Deluxe Edition)

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Lorsque « Screamadelica » sort en septembre 1991, j’étais loin de m’imaginer qu’un jour, moi aussi, je partagerais mes points de vue musicaux de la manière la plus objective possible. Primal Scream, quant à eux, ne se doutaient sans doute pas que l’album qu’ils venaient d’enregistrer allait révolutionner le son des années à venir. En effet, rien ne laissait présager un tel impact. Au milieu des années 80, Bobby Gillespie était le batteur de The Jesus & Mary Chain et, en parallèle, jouait du bon vieux rock ‘n’ roll sans prétention avec ses amis musiciens. Lorsque le label indépendant Creation (fondé par un de ses potes, Alan McGee) prendra Primal Scream sous contrat, Bobby laissera tomber les frères Reid et se concentrera sur son groupe, publiant deux premiers albums confidentiels, « Sonic Flower Groove » (1987) et « Primal Scream » (1989).

Qu’est-ce qui allait donc métamorphoser un groupe de seconde zone en un que l’on allait ensuite considérer comme précurseur ? Sans doute un amalgame de choses parmi lesquelles on citera la drogue, des rencontres providentielles mais peut-être surtout le fait d’avoir été là au bon moment et au bon endroit. Au tout début des années 90, les Stone Roses et les Happy Mondays règnent sur le rock indépendant anglais pendant que des rave parties bien souvent illégales affolent un public chargé de substances illicites, qui se déhanche au son de 808 State et de The Orb. À cette époque, les membres de Primal Scream sont de grands consommateurs d’amphétamines et particulièrement d’ecstasy qui, selon leurs dires, favorise l’ouverture d’esprit.

C’est alors qu’ils se lient d’amitié avec un certain Andrew Weatherall, un DJ à qui ils vont demander de remixer « I’m Losing More Than I’ll Ever Have » (un extrait de « Primal Scream ») qui deviendra « Loaded ». Rien n’était prémédité ou calculé, il s’agissait simplement d’une expérience. Une expérience qui se révélera le point de départ d’une incroyable aventure. Le jour où, pour la première fois, il diffusera le titre dans un de ses DJ sets, il comprendra, au vu de la réaction des gens, qu’un truc venait de se passer. Quelques semaines plus tard, « Loaded » atteignait le top 20 anglais et Primal Scream avait réussi le parfait crossover entre rock et acid house, qui allait devenir l’essence même de « Screamadelica », peaufiné pendant des mois en studio et sur lequel le sampler déniché par le guitariste Andrew Innes, sera prédominant. En 1991, c’était le genre d’ustensile dont les groupes de rock ne jugeaient pas utile de s’encombrer.

Si les sons novateurs de « Don’t Fight It, Feel It » (un délire sous acide), de « Higher Than The Sun » (orchestré par The Orb) ou de « Inner Flight » (nourri à une descente d’ecstasy) transporteront la plaque dans une autre dimension, Primal Scream aura l’idée de génie de faire appel à Jimmy Miller (le défi aura surtout été de le sortir de sa tanière), producteur légendaire des Rolling Stones, établissant ainsi la jonction entre les 60’s et les 90’s. L’association aussi surprenante qu’efficace donnera le classique « Movin’ On Up » mais aussi le magnifiquement dépouillé « Damaged », alors que « Come Together » s’en inspire fortement. Le psychédélisme aura également sa part d’influence (et pas seulement au travers de la pochette signée Paul Cannell). Des titres comme le subliminal « Slip Inside This House » ou le très beau « Shine Like Stars » contribueront à faire de cet album un package d’une richesse à couper le souffle. Consécration suprême, il remportera en 1992 la toute première édition du Mercury Music Prize.

Tout amateur de musique qui se respecte possède déjà son exemplaire de « Screamadelica ». L’achat de la nouvelle édition se justifiera avant tout pour le son d’une qualité irréprochable, remasterisé par un autre ami célèbre de Bobby Gillespie, Kevin Shields (My Bloody Valentine). Ensuite, cela dépendra du budget et de l’intérêt de chacun. La version simplifiée comprend une réédition du « Dixe-Narco » EP (avec le surprenant et très long « Screamadelica ») alors que le box complet inclut un concert enregistré à Los Angeles en 1992, un DVD retraçant la création de l’album ainsi qu’un CD de remixes, sans oublier l’album décliné en 2 LP’s, un t-shirt et d’autres ustensiles indispensables aux collectionneurs. En tout cas, une chose est sûre, on n’a pas encore fini de ressentir les effets de « Screamadelica », même vingt ans après sa sortie…

Pays: GB
Creation/Sony Music 88697811032
Sortie: 2011/03/14 (réédition, original 1991/09)

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