TEARS – Unravelling Travesties
En juillet de l’année dernière, nous avions publié une chronique assez mitigée du EP « Memories Of Things Unnecessary« que nous avait fait parvenir le groupe Tears. Si les quelques titres placés en ouverture nous étaient apparus comme très prometteurs, la longue pièce finale, elle, nous avait semblé être un peu difficile d’accès. Écrite à l’origine pour être la bande-son d’un spectacle de danse moderne, la composition semblait beaucoup souffrir de l’absence de support visuel et était, à la longue, un brin soporifique.
Le nouvel album du groupe gréco-américain remet les pendules à l’heure : Tears n’a rien vraiment rien de soporifique. Au contraire, « Unravelling Travesties » est l’un des albums métal progressif les plus excitants de ce début d’année.
Avant d’aller plus loin dans la chronique, il est impératif de saluer la détermination et le courage de Gouaime Divanis. Ce gamin de la banlieue d’Athènes forme Tears en 1999 en compagnie de trois amis. Gouaime n’a que quinze ans lorsque Tears publie sa première démo. Celle-ci reçoit des chroniques plus que positives de la part de la presse locale. L’édition grecque du magazine Metal Hammer compare le groupe à Queensrÿche et à Dream Theater. Gouaime est passionné par la musique et désire en faire son métier. Cette passion ne trouve malheureusement aucun écho au sein de la sphère familiale. À l’âge de dix-huit ans, il réunit ses économies et quitte le domicile paternel pour se rendre en Angleterre. Le jeune musicien jongle entre petits boulots et économies pour pouvoir autofinancer ses études musicales. Gouaime profite de ses retours épisodiques à Athènes pour composer et enregistrer en compagnie de ses amis de Tears. Ces derniers ont malheureusement de moins en moins de temps à consacrer au groupe. En 2009, Gouaime fait à nouveau ses valises et s’expatrie à Los Angeles où il finalise, avec l’aide d’autres étudiants musiciens, l’enregistrement des titres composés quelques années plus tôt dans les faubourgs de la capitale grecque.
Contrairement à l’EP « Memories Of Things Unnecessary », « Unravelling Travesties » ne compte aucun temps mort. L’album s’écoute du premier au treizième titre sans que l’on ne puisse reprendre son souffle. Divanis a mis plusieurs années pour finaliser son œuvre et cela s’entend. Chaque écoute révèle un nouveau détail, une nouvelle surprise. Indéniablement progressif, le métal de Tears possède un côté sombre original et unique. Ce qui frappe en premier lieu, c’est ce côté ténébreux, presque gothique de la musique. Vient ensuite l’étonnement provoqué par la dextérité instrumentale : ces soli de guitare sublimes, ce piano grandiloquent et ces orchestrations subtiles ! Finalement, ce sont les harmonies vocales qui fascinent et ensorcellent. La voix de Douaime, proche du chant clair du vocaliste viking/folk/black/prog suédois Andreas Hedlund (alias Vintersorg) est souvent rehaussée de choeurs puissants.
Musicien diplômé et multi-instrumentiste, Douaime Divanis se charge des voix, des guitares, de la basse, des claviers et des percussions. La batterie a été mise en boîte par Tasos Deligiannis, le cogneur originel de Tears. Une multitude d’amis musiciens, rencontrés au cours des études, viennent enrichir les compositions de magnifiques parties de piano, de violon, de violoncelle, de flûte, de claviers et de chant. (NDR : Ah ce duo entre Douaime et Jaylee Small sur « I Promise You » : absolument bluffant).
Enregistré et produit par Divanis lui-même, « Unravelling Travesties » a été mastérisé par l’immense Jens Bogren (Opeth, Katatonia, Enslaved). Les amateurs apprécieront l’artwork sublime du CD, entièrement réalisé par l’étonnant artiste grec Seth Siro Anton qui, outre son boulot de vocaliste chez Septic Flesh, est passé maître dans l’art de la pochette hyper glauque. On lui doit, entres autres, la sublime pochette du « Poetry For The Poisoned » de Kamelot, celle du « Hate Eternal » de Moonspell ainsi que celle du « In Requiem » de Paradise Lost.
Sans le moindre soutien de ses proches, Gouaime Divanis a obtenu un diplôme en acoustique et en musique contemporaine. Il est également titulaire d’une maîtrise en composition. « Unravelling Travesties », son premier album, est un véritable chef d’œuvre auquel il est impossible de trouver le moindre défaut. S’il y a un parcours qui force l’admiration, c’est celui-là !
Chapeau bas, Monsieur Divanis.
Pays: US
Autoproduction
Sortie: 2010/10