EARTHEN GRAVE – Dismal Times (EP)
S’il y a une justice en ce monde, Earthen Grave sera la prochaine révélation du doom traditionnel américain ! Encore que ‘traditionnel’, ça reste à voir ! Bien qu’il soit composé en majorité de vétérans issus de la scène doom/métal classique de Chicago, Earthen Grave possède en son sein un élément qui n’a absolument rien de traditionnel : le ‘Six String Viper’ (NDR : un cousin à six cordes du violon électrique) de Rachel Barton Pine.
Reculons de deux ans dans le passé. Nous sommes en 2008. Jason Muxlow est le guitariste du combo doom métal symphonique The Living Field. Un jour, il fait écouter quelques-uns de ses riffs les plus doom à Scott Davidson. Ce dernier les apprécie. Ancien cogneur au sein du combo métal traditionnel Stonehenge, il s’installe derrière le kit de batterie pour marquer le rythme. Persuadés d’avoir mis le doigt sur quelque chose de fort, les deux amis enrôlent Ron Holzner, mondialement célèbre pour avoir été, pendant une quinzaine d’années, le bassiste du mythique Trouble. Le trio ainsi formé se met à la recherche d’un vocaliste. Pour ce faire, il passe une petite annonce. Attiré par les noms de ces trois héros locaux, Mark Weiner, (ex-membre de la formation stoner-doom Trifog) répond le jour même. Rachel Barton Pine est une violoniste classique virtuose. Ceci ne l’empêche pas d’être fan de métal. Amie de Scott, elle assiste aux répétitions. Un jour, elle a la bonne idée d’emmener avec elle son nouveau joujou, le fameux ‘Six String Viper’. La jam qui s’ensuit est intense. Les interventions de Rachel transcendent littéralement les compositions du groupe qui s’empresse de l’intégrer. Earthen Grave est né. Tony Pillman, le second guitariste complète le line-up. Lui non plus n’est pas un débutant puisqu’il a joué avec Trouble, Prong et Ministry.
Le sextet se produit sur scène en compagnie de groupes comme Pentagram, Black Label Society ou November’s Doom. En juin 2009, il investit le ‘Farview Recordings Studio’ (Manowar, Bludgeon, Stonehenge) pour y mettre en boîte son premier mini album.
En 2010, un scribouilleur belge tombe par hasard sur la page MySpace du groupe et trouve sa musique tellement bonne qu’il décide de vous en parler.
« Dismal Times » est un EP cinq titres. Il contient trois titres originaux et deux covers de classiques du doom métal.
Il est fort probable que, même privé du ‘viper’ de Rachel Barton Pine, Earthen Grave aurait été un excellent groupe de doom métal. Les riffs assassins, inspirés par les plus grands du genre Black Sabbath, Trouble, Saint-Vitus et Candlemass pourraient, à eux seuls, faire frémir n’importe quel amateur de métal pachydermique et d’ambiances ensorceleuses. Cependant, le ‘viper’ est là, et il fait toute la différence.
Vous me direz que ce n’est pas la première fois qu’un groupe doom utilise un violon. My Dying Bride, Celestial Season et quelques autres l’ont fait il y a plus de quinze ans. Je vous l’accorde volontiers. Loin de moi l’idée de douter du talent de Martin Powell (My Dying Bride) ou de ceux qui l’on suivi. Cependant, il faut bien admettre que ces derniers n’utilisaient leurs instruments que pour distiller des ambiances éthérées et mélancoliques. Rachel Barton Pine elle est une véritable virtuose. Un coup d’œil sur son site officiel a de quoi faire tourner la tête. La belle a joué pour la première fois avec l’orchestre symphonique de Chicago alors qu’elle n’était âgée que de dix ans. Depuis, elle a sorti une dizaine d’albums de musique classique (Bach, Handel, Liszt, etc.) et son interprétation des concertos de Brahms a été nominée pour un ‘grammy award’. Rockeuse dans l’âme, elle a enregistré des reprises de titres rock et métal au violon (Metallica, AC/DC, U2, Pantera, Soundgarden, Black Sabbath) et a joué partout, avec tout le monde, de Slash à Jimmy Page en passant par Megadeth et Pantera.
Au sein d’Earthen Grave, Rachel ne se contente pas de faire de la figuration. En rythmique, la demoiselle ‘riffe’ plus heavy que les guitares (NDR : on a parfois l’impression d’entendre Apocalyptica) quant à ses parties solos, elles tiennent carrément de la magie.
Les guitares, bien que stylistiquement ancrées dans le doom des seventies et du début des eighties, proposent une approche contemporaine du riff, parfois presque aussi thrash que certains titres ‘down tempo’ de Slayer. Les vocaux de Mark Weiner sont, au même titre que le violon, l’une des marques de fabrique du groupe. Un mélange sulfureux entre la puissance de Chris Cornell (Soundgarden) et la rage de Tom Araya (Slayer).
Si les réactualisations des classiques « Burning A Sinner » (NDR : tiré du premier single des Anglais de Witchfinder General et sorti originellement en 1981) et « Relentless » (NDR : extrait de l’album du même nom publié par les Américains de Pentagram en 1985), sont plutôt sympathiques, c’est sans conteste sur ses trois compositions personnelles qu’Earthen Grave brille de mille feux.
« Dismal Times », le titre d’ouverture est lourd, puissant et empreint d’une rage mélancolique. Le son du ‘Viper’ alourdit encore le riff, pourtant déjà pachydermique. Le solo de violon est sublime. « Life Carries On » est plus rapide et agressif avec un magnifique duel violon/guitare. « Death on the High Seas », enfin, est le titre phare de l’album. Une pièce épique de neuf minutes qui démarre par un véritable riff de violon électrique et se décline en une multitude de variations rythmiques plus intenses les unes que les autres et sur laquelle les interventions de Rachel Barton Pine tiennent de la folie pure.
Des extrais de « Dismal Times » sont disponibles en écoute sur la page MySpace du groupe. Il est aussi possible de se procurer la version CD, contre 10$, sur le site de Rachel Barton Pine.
Un groupe et un disque unique. Un achat indispensable !
Pays: US
Autoproduction
Sortie: 2009/06