GUY, Buddy – Living Proof

Arrêtez tout : le dernier album de Buddy Guy vient de sortir. Au milieu de tous les albums de blues sortis cette année, il faut particulièrement considérer cet album, celui d’un des derniers monstres sacrés du genre avec B.B. King. C’est d’ailleurs B.B. King qui remarque ce jeune guitariste ayant quitté sa Louisiane natale pour tenter sa chance à Chicago. Nous sommes en 1957 et Buddy Guy, âgé de 21 ans, n’a pas pu s’empêcher de venir s’installer dans la ville qui représente pour lui la Mecque du blues urbain. Buddy Guy commence à jouer dans les bars et les clubs, où il croise de futurs grands noms du blues, comme Freddie King, Earl Hooker ou Magic Sam. Sa rencontre avec Willie Dixon en 1958 est décisive, car elle lui permet d’entrer dans le sanctuaire des musiciens de session. Il travaillera ainsi avec Ike Turner, Otis Rush, Sonny Boy Williamson, Muddy Waters et Willie Dixon.

Ayant déjà quelques 45 tours solo à son actif, Buddy Guy enregistre ses premiers albums à la fin des années 60. Son admirateur Eric Clapton est déjà à ses côtés sur l’album « This is Buddy Guy » en 1968. Comme de nombreux bluesmen noirs américains, Buddy Guy est découvert en Grande-Bretagne grâce à l’American Folk Blues Festival en 1965. Dès lors, il devient une pierre angulaire dans l’inspiration qui anime le British Blues Boom entre 1965 et 1970. On peut aussi le voir en France en première partie des Rolling Stones en 1970.

Cet âge d’or dure néanmoins peu de temps et Buddy Guy passe un peu dans l’ombre durant les années 80, le blues n’étant plus aussi tendance chez le grand public lors de cette période. Il continue cependant d’enregistrer et de tourner et revient en grâce avec son album « Damn it, I’ve got the blues », enregistré en 1991 avec ses fans Eric Clapton, Jeff Beck et Mark Knopfler. Depuis lors, Buddy Guy est l’un des grands sorciers, un des gardiens du temple blues et lorsqu’il prend la parole, tout le monde l’écoute.

C’est ce qu’on fera avec ce nouvel album qui a déjà l’allure d’un classique. Buddy Guy y brille dans tous les tempos, lents (« Stay around a little longer », avec B.B. King en guest, ou le sublime « Guess what ») ou plus rapides (« Living proof », « Too soon »). Outre B.B. King, Carlos Santana vient aussi donner un petit coup de main sur « Where the blues begins ». Buddy Guy fait aussi le bilan de sa vie (« Thank me someday ») mais ne se laisse pas aller pour autant à la nostalgie, avec cet album qui contient son lot de petites perles (« Key don’t fit », « Let the door knob hit ya »). À 74 ans, Buddy Guy respire toujours la fraîcheur et la force. Sa voix tonne et sa guitare propulse des solos incisifs qui semblent venir d’un petit gamin qui a encore envie d’en découdre. En ce sens, sa chanson « 74 years young » dit bien ce qu’elle veut dire : Buddy Guy a trouvé le secret de l’éternelle jeunesse.

Pays: US
Sony Music 88697802212
Sortie: 2010/10/25