MARQUISES (Les) – Lost Lost Lost
Lorsque l’on évoque les Marquises, on pense instantanément à la chanson de Jacques Brel. Les Français, quant à eux, feront plutôt référence aux îles situées dans l’Océan Pacifique qui font partie de leurs territoires d’outre-mer. Il s’agit en fait du même endroit. Cela étant, on aura désormais une alternative rock ‘n’ roll à ajouter à la liste, car Les Marquises, c’est également le nom d’un groupe franco-américain qui voit le jour à Lyon. Désireux de donner une direction plus personnelle à sa carrière, Jean-Sébastien Nouveau (alors membre de Immune) contacte le batteur Jonathan Grandcollot ainsi que le chanteur Américain Jordan Geiger (Hospital Ships, Shearwater en live) pour mener à bien son projet.
Le résultat de cette confrontation entre musiciens aguerris donne « Lost Lost Lost », un album de six titres inspirés par un artiste solitaire, Henry Darger, devenu célèbre suite à la découverte posthume de son œuvre majeure (Realms Of The Unreal – Les Royaumes de l’Irréel), plus de quinze mille pages accompagnées de gigantesques illustrations racontant une histoire imaginaire improbable. Un travail de toute une vie qui a donné naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui l’Outsider Art. Il ne fait aucun doute que le groupe a été subjugué par le pouvoir interpellant de ce chef-d’œuvre décalé.
Toujours est-il que Les Marquises vont d’emblée installer une atmosphère lugubre avec « Only Ghost », une composition émotionnellement très chargée à mi chemin entre Radiohead et les idées expérimentales de Brian Eno. On pense aussi, dans un tout autre registre, à la nouvelle direction empruntée par Bacon Caravan Creek. La voix chaleureuse de Jordan Geiger y est ici excellemment mise en valeur, tout comme sur le flippant « Sound And Fury ». Un instrumental mystérieux à la Twin Peaks, « La Terra Trema », s’occupe de faire la jonction entre les deux. Arrive déjà ensuite la seconde partie de la plaque, entamée par « This Carnival Of Lights », aux accords de guitares répétitifs sur lesquels se greffe une voix écorchée mais combien attachante. Lancinant est le terme qui caractérise le mieux « Comme Nous Brûlons », un instrumental travaillé lorgnant vers le post rock et « Terrible Horses », à l’ambiance au moins aussi tendue. En un peu plus d’une demi-heure, « Lost Lost Lost » rend parfaitement la complexité de l’œuvre torturée d’Henry Darger. Sauf que dans le cas des Marquises, on ne risque pas de découvrir le fruit de leur travail par hasard, au lendemain du décès des musiciens.
Pays: FR
Lost Recordings LOST002
Sortie: 2010/11/02