BARÂT, Carl – Carl Barât
Depuis la séparation, fin 2008, des Dirty Pretty Things suite à un second album froidement accueilli (« Romance At Short Notice »), Carl Barât n’est pas resté les bras croisés et a continué son petit bonhomme de chemin en explorant d’autres routes. Il a ainsi touché au cinéma (pour un petit rôle en tant que Gene Vincent dans Telstar, le film consacré à la vie de Joe Meek) et à la comédie musicale (Fool For Love aux côtés de Sadie Frost). Il a également fondé son propre label (Arcady Records), rédigé son autobiographie (Threepenny Memoir – The Lives Of A Libertine, sortie le 30 septembre dernier) et a fini par se réconcilier avec Pete Doherty, conduisant à la reformation des Libertines pour quelques concerts dont deux prestations remarquées aux festivals de Reading et de Leeds cet été. Ajoutez à cela la naissance de son premier enfant et vous comprendrez aisément que les journées doivent lui paraître trop courtes…
Cela dit, le projet qui lui tenait le plus à cœur, c’est la réalisation d’un album solo afin de vraiment laisser exprimer ses sentiments. Un album qui lui ressemblerait, en quelque sorte (il s’agit sans doute de la raison pour laquelle il ne porte pas de titre). À l’heure où vous lirez ces lignes, l’assez pop premier single « Run With The Boys », sera déjà dans vos oreilles. Heureusement, il n’est pas du tout représentatif du reste de la plaque. Bien au contraire, les majestueux « The Magus » et « She’s Something » nous montrent une facette inconnue du bonhomme, pas trop dans la lignée du rock sans concession qu’il proposait avec ses deux groupes précédents.
On a en effet l’impression que Carl Barât s’est assagi, qu’il est devenu plus tendre. Cela s’entend dans les textes, mais également dans les arrangements qui utilisent bon nombre de cordes (« Je Regrette, Je Regrette », « Carve My Name »). Preuve de bon goût, il a fait appel à Neil Hannon, la tête pensante de The Divine Comedy, pour un titre aux accents crooner tout bonnement exquis (« The Fall »). Mais le meilleur extrait de l’album, c’est Carl et lui seul qu’il l’a écrit. Il s’agit du magnifique « So Long, My Lover », composition de grande classe qui rappelle Scott Walker. Plus mélancoliques mais pas dénués de charme, « Shadows Fall » et « Ode To A Girl » sont même à deux doigts de vous arracher des larmes. Ce très réussi premier album solo de Carl Barât confirme que derrière tout rockeur se cache un être humain au cœur tendre et qu’il suffit d’un rien pour que celui-ci se révèle.
Pays: GB
Pias PIASR 220 CD
Sortie: 2010/10/04