DAGOBA – Poseidon
Lorsque Poséidon, le dieu grec des mers et des océans en furie s’invite à prendre le pastis sur le port de Marseille, cela fait des dégâts. Surtout si le grand frère de Zeus a, pour l’occasion, troqué son célèbre trident pour une sulfateuse à six cordes.
« Poseidon » est la nouvelle fresque navale du combo ‘néo-thrash-death-indus’ marseillais Dagoba, et autant dire que côté ambiance maritime, on est beaucoup plus proche de la scène de débarquement du « Il Faut Sauver Le Soldat Ryan » de Spielberg que du générique de « La Croisière S’amuse ». Car la musique de Dagoba, c’est un peu cela : la vélocité et la précision mécanique d’une mitrailleuse ‘point50’ combinée à la finesse pachydermique d’un char d’assaut Panzer en action. Dans tout autre style musical, ces comparaisons pseudo-militaires auraient été qualifiées d’injurieuses, mais dans notre style musical de prédilection, elles doivent être considérées comme des compliments. Car le grand atout de Dagoba, c’est bien la rigueur quasi inhumaine de sa section rythmique. Franky Costanza derrière les futs est une véritable machine. Rapide, précis, efficace, il est un authentique rouleau compresseur. Cependant, ceci est un peu une arme à double tranchant puisqu’en mettant un peu trop en avant sa grosse artillerie, Dagoba sape souvent le travail de ses fantassins. La batterie est parfois tellement en avant dans le mix que l’on a un peu de mal à distinguer le travail d’Izakar qui, à la six-cordes, a pourtant l’air de tronçonner comme un bûcheron canadien.
Cela dit, Dagoba est revenu, pour cette nouvelle déflagration discographique, à un style plus direct et rentre dedans que celui de « Face The Colossus », son prédécesseur fortement critiqué à cause d’une production trop léchée signée Tue Madsen. Exit le Danois, c’est Dave Chang (Gorerotted, Orange Goblin), qui était déjà derrière le gouvernail lors de l’enregistrement du premier opus éponyme, qui s’installe à la barre. Et mis à part l’envahissant roulis rythmique dont nous parlions plus haut, on peut dire que l’anglais fait plutôt du bon boulot en redonnant à la musique de Dagoba l’énergie qui manquait à sa rondelle précédente.
Shawter alterne les vocaux hurlés death/black et un chant plus posé, presque clair, qui lui réussit plutôt bien. Réussis aussi les effets sonores variés qui enrichissent le thrash/death décapant du groupe comme la flûte chinoise sur « Ha Long », les claviers symphoniques sur « Columnae », les samples techno sur « Degree Zero », ou les sonorités indus sur « Black Smokers (752° Farenheit) ».
« Poseidon » au final est un florilège plutôt réussi des moments forts de la carrière de Dagoba. Une bonne opportunité, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, de découvrir cet excellent représentant de la nouvelle scène métal hexagonale.
Pays: FR
XIII Bis Records
Sortie: 2010/08/30