KINGS OF CONVENIENCE – Riot On An Empty Street
Venant de Bergen, deuxième ville de Norvège, Erlend Øye et Eirik Glambek Bøe ont formé Kings Of Convenience, groupe qui évoque irrésistiblement Simon & Garfunkel, tant par les harmonies vocales que par le calme et la douceur des compositions. Selon les besoins, ils font appel à des invités, dont la chanteuse Feist. Leur premier CD s’intitulait : « Quiet Is The New Loud », presque une profession de foi.
Sur une musique très douce et des paroles susurrées sur le mode intimiste, le message de « Homesick », dont la filiation avec Simon & Garfunkel est claire, est : « Je ne sais plus très bien d’où je viens ni ce que je fais. Cela me vaut des ennuis professionnels mais je ne peux m’empêcher de me poser des questions ». Voix haute et guitare à cordes de nylon par Eirik Glambek Bøe, voix basse et guitare électrique par Erlend Øye.
Sur le thème de l’amitié et sur un rythme guilleret, « Misread » est aussi un morceau très doux et très agréable à écouter. Eirik Glambek Bøe chante et gratte les guitares, tandis que Davide Bertolini tient l’upright bass, avec l’apport de Tobias Hett, qui joue du violon alto, et Siri Hilmen, qui joue du violoncelle. Tous sont impliqués dans les arrangements.
Sur le même tempo, toujours avec Siri Hilmen, qui joue du violoncelle et s’occupe des arrangements, « Cayman Islands » décrit un endroit où les canaux sont tous semblables et où seules diffèrent les personnes, un lieu idéal pour trouver le calme et la sérénité. La musique, très douce, se met au diapason.
Avec le même personnel que sur « Misread », « Stay Out Of Trouble » est une réflexion sur le thème de l’amour. Leur philosophie : pour se prémunir des ennuis, il faut éviter de trop penser à l’être aimé. La musique acoustique forme un tout avec le texte et apporte une cohérence bienvenue entre les deux entités. L’emploi du violoncelle crée un climat propice à l’introspection.
Sur une musique enjouée qui devient progressivement douce amère, « Know-How », avec le concours de Feist au chant tout à la fin et Davide Bertolini (upright bass), traite de la solitude à deux.
« Sorry Or Please » est aussi une réflexion sur l’amour qui pose autant de problèmes qu’il n’en résoud. Erlend Øye assure la voix principale, joue de la batterie, du banjo et de la trompette. Les harmonies vocales, la guitare et le piano sont dûs à Eirik Glambek Bøe. Davide Bertolini joue de l’upright bass, Tobias Hett du violon alto et Gary Peterson de la trompette.
Toujours sur le même thème, plus jazzy, « Love Is No Big Truth » doute du pouvoir de l’amour à faire le bonheur des gens. « Dormir toute la journée, penser à l’être aimé, est-ce là ce que l’on peut espérer de mieux ? Le résultat de nos pulsions profondes est-il vraiment un but en soi et un choix personnel ? » Davide Bertolini joue de la basse, Erlend Øye et Eirik Glambek Bøe se partagent les autres instruments.
Toujours sur un tempo jazzy, « I’d Rather Dance With You » est une invitation à laisser parler les corps plutôt que le cerveau. Le bruit ambiant laisserait place à trop d’interprétations douteuses qui créeraient problème. Parfois, il faut se laisser aller sans réfléchir. C’est en tout cas l’avis de nos deux comparses. Le violon alto de Tobias Hett participe activement au rythme enjoué du morceau.
« Live Long » parle de millions d’oiseaux noirs qui ont une même vision des choses, parabole des hommes manipulés par la pensée unique qui constitue l’environnement dans lequel on est obligé d’évoluer.
Très belle musique douce aussi, style Simon & Garfunkel, pour « Surprise Ice », où seuls Erlend et Eirik se partagent le chant et les instruments acoustiques. Le thème en est la mélancolie, engendrée par l’évocation des souvenirs heureux du passé, qui masque, si l’on n’y prend garde, le caractère sombre du présent, fausse les perceptions et altère le jugement.
Message d’espoir, « Gold In The Air Of Summer » est une ballade acoustique basée sur la nostalgie où l’on retrouve, en plus de Erlend et Eirik, Davide Bertolini à la bow bass et John-Arild Suther au trombone. Le piano termine le propos sur un thème répétitif qui se termine de façon abrupte.
Le très doux « The Build-Up » est chanté par Erlend Øye, qui joue aussi de la guitare acoustique et de la batterie, relayé à la fin par la chanteuse Feist.
Sans avoir l’air d’y toucher, cet album très acoustique évoque les problèmes de société et, individuellement, des hommes qui la constituent. L’amour, parce qu’il symbolise la relation entre les individus, en est le thème principal, l’homme en étant le sujet et l’objet. Très bon CD, tout en nuances, qui se déroule sur une musique agréable à écouter.
Pays: NO
Source / Virgin Records EMI 0724357188425
Sortie: 2004/06/21