BRAINTICKET – Celestial ocean

Brainticket est un groupe suisse qui fut dans les années 70 une des chevilles ouvrières du krautrock, le rock progressif allemand dont la richesse n’a d’égal que la diversité. Originalement formé à Bâle, Brainticket a rapidement développé une étiquette européenne avec un patron belge et des albums enregistrés en Italie avec des musiciens suisses et américains.

Après l’expérimental premier album « Cottonwoodhill » (1971) et le plus progressif « Psychonaut«  (1972), on retrouve Brainticket avec son troisième opus « Celestial ocean », le dernier qu’il fera dans les années 70, au moment de son âge d’or. Joel Vandroogenbroeck (claviers, chant et flûte, leader du groupe) a retrouvé ses camarades Barney Palm (percussions, chant et tabla) et Carole Muriel (chant et synthétiseurs) et commet avec eux un disque qui se différencie à nouveau de ses prédécesseurs.

Courant 1972, Brainticket a réussi à attirer l’attention de la branche italienne du label RCA. Les dirigeants de la maison de disques dépêchent dans les studios un certain Gianni Grandis, chargé de produire le nouvel album de Brainticket. Les travaux sont effectués en août et septembre 1972 à Rome. Joel Vandroogenbroeck a des idées bien précises sur ce disque, qu’il veut être un concentré des sensations qu’il a eues en étudiant la spiritualité égyptienne. L’album s’inspire donc largement du Livre des Morts égyptien. On entre résolument ici dans un disque mystique, utilisant des instruments ethniques et des effets électroniques. Il n’est donc pas étonnant d’être dérouté lors des premières écoutes par cette œuvre complexe, itinérante, sidérale. « Celestial ocean » ouvre la voie à de futures œuvres électroniques et space rock, comme le concept album de Nik Turner (musicien d’Hawkwind), « Xitintoday » en 1978.

La pochette de l’album représente un plan pour suivre la musique. On y trouve de jolis motifs psychédéliques et des dessins égyptiens. Cette pochette de l’édition italienne n’a pas été généralisée partout et certains pressages ont été illustrés d’un dessin beaucoup plus quelconque de dominante bleue. La réédition du label Reactive (sous-marque d’Esoteric Recordings œuvrant dans le rock progressif germanique des Seventies) propose à nouveau cette belle pochette originale.

Le label RCA a beau être intéressé par l’œuvre de Brainticket, il met fin au contrat l’unissant au groupe lorsqu’il analyse les chiffres de ventes de ce troisième album, qui ne rencontre pas un grand succès populaire. Brainticket va continuer de tourner sur diverses scènes durant les années 70, pour finalement se relocaliser en Suisse et sortir deux autres albums au début des années 80, « Adventure » et « Voyage », beaucoup plus jazz rock. Plus tard, on retrouve Joel Vandroogenbroeck se baladant en Amérique du Sud au cours des années 90. Il migre du Mexique à Hawaii, en passant par l’Amazonie, à la recherche de nouvelles sonorités ethniques et gagnant sa vie comme producteur de musiques de films ou de feuilletons. Il a refondé brièvement Brainticket en 2001, le temps de l’album « Alchemic universe », qui n’a plus grand-chose à voir avec le style de Brainticket des années 70.

Il reste néanmoins la musique originale du groupe, que l’on peut redécouvrir en CD avec ce « Celestial ocean », complété par « Psychonaut », parus tous les deux sur Reactive. Profitons-en !

Pays: CH
Reactive EREACD 1006
Sortie: 2010/06/28 (réédition, original 1973)