JACKSON HEIGHTS – Bump ‘n’ Grind
C’est à la dissolution des Nice, imposée par le départ de Keith Emerson, que son bassiste et chanteur Lee Jackson fonde Jackson Heights en 1970. La même année, il publie un premier album, « King Progress », léger et acoustique, loin des excès de son passé proche. Le résultat est peu convaincant. Il décide malgré tout de poursuivre l’aventure, mais avec d’autres partenaires. Il recrute alors John McBurnie et Brian Chatton, jeunes chanteurs, compositeurs et instrumentistes. Deux albums sortent en 1972 : « The Fifth Avenue Bus », décevant, et « Ragamuffins Fool », réussi.
Publié en 1973, « Bump ‘n’ Grind » sera le dernier album avant la dissolution. L’idée d’un concept-album émise au départ ne se concrétise pas et, au final, le produit fini déçoit. L’inspiration s’est estompée. Aucun titre ne s’impose dans cet album touche à tout, manquant d’unité et d’articulations solides. A l’écoute, les Nice, 10cc, Electric Light Orchestra, Yes, Trevor Horn, David Bowie, viennent tour à tour en mémoire.
Il faut d’ailleurs constater que des mouvements se sont opérés à l’intérieur du groupe. Le tandem Chatton/McBurnie, responsable de la moitié des compositions sur « Ragamuffins Fool », ne s’est reconstitué que pour un titre à cataloguer comme moyen et le tandem Chatton/Jackson s’avère moins intense.
Brian Chatton particulièrement ne reproduit pas sa prestation antérieure. Plus dispersé, moins volubile dans ses interventions, son intérêt semble s’être déplacé. Le piano, qu’il avait tant mis en valeur l’année précédente, s’en trouve un brin négligé au profit de ses nombreux autres claviers et de leurs sonorités particulières qu’il ne parvient pas totalement à exploiter. Il sera le premier à quitter le navire et mènera une belle carrière de second couteau (avec Jon Anderson, John Miles, Meat Loaf, Joe Cocker, les Hollies, …).
John McBurnie reste surtout efficace dans la ballade simple. Le premier titre de l’album, co-écrit il est vrai, se situe à l’opposé. L’emploi d’un orchestre de cordes est au départ ambitieux, mais le résultat atteint est pâlot. Rapidement parti après son compagnon, il suivra une voie professionnelle similaire (avec Patrick Moraz, Kiki Dee, Gerry Raferty, …).
Quant à Lee Jackson, il tentera d’engager Patrick Moraz. Cet essai se soldera par le naufrage total de Jackson Heights, le Suisse lui proposant de monter un nouveau groupe. Il acceptera et Refugee naîtra alors avec un autre ancien des Nice, le batteur Brian Davison. En 1974, lassé, il rangera définitivement sa basse lorsque le claviériste suisse lâchera Refugee pour rejoindre Yes.
En définitive, Jackson Heights n’a laissé que peu de traces dans les mémoires. Sa capacité à aligner trois chanteurs de talent, capables d’excellentes combinaisons vocales, un claviériste entreprenant et au large potentiel, de bons arrangements auront constitué ses atouts principaux. Une surdose de chant, sur le premier album particulièrement, une direction artistique parfois floue, des guitares peu audibles et sous-utilisées, des compositions inégales auront fait partie de ses faiblesses. En concert, l’absence de batteur et le choix de prestations acoustiques dans des conditions parfois peu propices à la chose ne renforceront pas leur attrait auprès du public. Ce dernier ne les plébiscitera d’ailleurs jamais vraiment.
Les titres (32’31) :
- « I Could Be Your Orchestra » (McBurnie/Murphy)(4’16)
- « Spaghetti Sunshine » (Chatton)(3’34)
- « Long Necked Lady » (McBurnie)(3’47)
- « Public Romance » (Chatton)(2’32)
- « Bump and Grind » (McBurnie)(3’25)
- « Cumberland Country » (Chatton/Jackson)(3’41)
- « It’s a Shame » (Chatton/Jackson)(4’20)
- « Ladies in Chorus » (Chatton/Jackson)(3’06)
- « Whatever Happened to the Conversation » (McBurnie/Chatton)(3’50)
Les interprètes :
- Lee Jackson : Chant, Basse, Congas, Percussions & Violoncelle électrique
- John McBurnie : Chant, Guitares acoustiques, Mellotron & Percussions
- Brian Chatton : Chant, Piano, Orgue, Claviers, Clarinette, Mellotron & Percussions
+ - Mike Giles : Batterie (1, 2, 4, 6)
- Ian Wallace : Batterie (3, 7)
- Billy Bell : Banjo (3, 8, 9)
- Roger McKew : Guitare électrique (6)
- Johnny Van Derrick : Violon (3)
+ - un orchestre de cordes (12 violons, 4 violoncelles, 4 altos, 1 contrebasse) (1)
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2172
Sortie: 2010/01/25