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MYRATH – Desert Call

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Les dirigeants de cette planète feraient bien, de temps en temps, de s’inspirer du petit monde du hard rock et du heavy métal. Dans notre monde à nous, quand l’occident dialogue avec l’orient, c’est toujours pour créer le meilleur. Led Zeppelin l’avait compris dès 1975 avec son sublime « Kashmir ». Le succès du récent de « The Never Ending Way Of ORWarriOR » des israéliens d’Orphaned Land ne fait que le confirmer ; quand le métal et la musique orientale se métissent, le résultat ne peut qu’être magique !

« Desert Call », le nouvel album de groupe tunisien Myrath ne fera pas exception à cette règle puisque, grâce à son délicieux mélange de métal progressif et d’instrumentations folkloriques orientales, nous touchons presque au sublime.

Xtazy, la première mouture de Myrath apparaît en 2001, à Tunis, sous l’impulsion du guitariste Malek Ben Arbia (alors âgé de treize ans) et de quelques uns de ses amis d’enfance. Au cours de ses deux premières années d’existence, le groupe se contente de réinterpréter le répertoire de Death. En 2003, Elyes Bouchoucha, claviériste récemment gradué du conservatoire de Tunis, dirige le groupe vers un style complètement différent, celui de combo métal progressif américain Symphony X, dont il interprétera les titres durant les deux années suivantes. En 2005, Xtazy se sent prêt à composer ses propres titres. Sa première démo intitulée « Double Face » sort en mars sur le marché Tunisien. Un an plus tard, le groupe partage la scène de l’amphithéâtre romain de Carthage avec le combo français Adagio et l’emblématique Robert Plant. Ce concert, donné devant un public de sept mille fans de rock et de métal, permettra au groupe tunisien de faire la connaissance de son futur producteur, Kevin Codfert, le claviériste d’Adagio. Après un passage dans une prestigieuse école de guitare française dont il ressort diplômé, Malek Ben Arbia recrute, pour son groupe, un nouveau bassiste expérimenté du nom de Anis Jouini et décide de trouver un nom moins stéréotypé qu’Xtaszy. Le mot Myrath, qui signifie ‘héritage’ fait parfaitement l’affaire. Le groupe s’attaque ensuite à l’enregistrement de son premier opus « Hope » qui sortira en France sur le label Brennus Music. Très bien accueilli par la presse spécialisée, « Hope » permettra à Myrath de devenir le premier groupe métal originaire du Maghreb à envisager une carrière internationale. Il lui permettra aussi d’être invité à participer au prestigieux festival hollandais ‘Progpower-EU’ ainsi qu’au ‘Metal Rock Festival’ Norvégien.

En novembre 2008, Myrath, dont le line-up s’est enrichi d’un nouveau vocaliste (Zaher Zogati), entre en studio pour débuter l’enregistrement de son second album. Le groupe fait une nouvelle fois appel à Kevin Codfert pour la production. L’album est terminé en juin 2009. Il faudra cependant quelques mois de négociations pour que « Desert Call » sorte enfin chez nous, fin janvier 2010 sur le label XIII Bis Records.

L’album s’ouvre sur un périple instantané au cœur du désert tunisien : « Forever And A day ». Instruments traditionnels (derbouka, dof, mezoued, violon), chant arabe, percussions et guitares énormes. Myrath joue tous ses atouts en début de partie et le charme agit instantanément. Sur le second titre « Tempest Of Sorrow », les orchestrations orientales grandioses ensorcèlent. Le violon est sublime et se marie magnifiquement au métal hyper technique du groupe. Les vocaux sont représentatifs du métal progressif. A ceci près que Zaher, même s’il utilise principalement l’anglais, ne renonce pas à ses origines et incorpore dans ses lyriques les envoûtantes modulations caractéristiques du chant oriental. « Desert Call », le titre éponyme est une véritable démonstration de talent pour chacun des musiciens du groupe. Duel guitare / clavier, solo de basse, percussions et orchestrations, tout impressionne sur ce titre au son puissant et envoûtant. L’un des meilleurs de l’album.

Bien que gorgée de références folkloriques, la musique de Myrath est loin d’être du folk métal. C’est avant tout du métal progressif, voire même du power metal. Toutes les années passées à reprendre Symphony X ont laissé une trace indélébile sur la musique de la formation tunisienne. Comme souvent lorsqu’il s’agit de métal progressif, la référence à Dream Theater est inévitable. Cependant, contrairement aux nombreux clones des parrains du métal progressif, Myrath dispose d’une véritable personnalité et parvient sans problème à faire la différence entre inspiration et copie. Les amitiés avec Adagio ont, elles aussi, laissé leur empreinte. Le son signé Codfert et le solo de Stephan Forté sur « Ironic Destiny » n’y sont probablement pas étrangers.

De bout en bout, « Desert Call » impressionne par la puissance de son son, la dextérité inattendue de ses musiciens et la qualité évidente de compositions où les influences orientales sont parfaitement intégrées aux parties métalliques. Tenir l’auditeur en haleine pendant plus d’une heure n’est pas chose aisée. Myrath y arrive sans aucun problème en proposant l’un des albums de métal progressif les plus haletants et exotiques de ces dernières années.

Pays: TN
XIII Bis Records
Sortie: 2010/01/26

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