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TRIPTYKON – Eparistera Daimones

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Triptykon est le nouveau délire maléfique de Thomas Gabriel Fischer, mieux connu sous le nom de Tom G. Warrior. Peu importe cependant qu’il soit « guerrier » dans la langue de Shakespeare ou « pêcheur » dans celle de Goethe, car le Thomas en question est avant tout un précurseur. Précurseur de la scène black metal en premier lieu avec Hellhammer, son premier groupe, qui dès 1983 faisait passer les affreux de Venom pour une bande de gais lurons. Précurseur de la scène métal avant-gardiste ensuite, avec le mythique Celtic Frost qui fut, en 1987, le premier groupe métal à faire chanter une véritable cantatrice d’opéra (Claudia-Maria Mokri) et à insérer des instruments classiques (violons, violoncelles, trombones, etc.) sur son album « Into Pandemonium », celui-là même qui influença nombre de combos tels que Therion, Tristania, My Dying Bride ou même Opeth.

En 2006, après treize longues années d’absence, Celtic Frost avait opéré un retour fulgurant en accouchant de « Monotheist », un album plus sombre et démoniaque que jamais et en effectuant une tournée mondiale de 125 dates. Deux ans plus tard, Warrior/Fischer décidait de mettre fin à sa collaboration avec le groupe (NDR : qui ne survécut pas à son départ) en évoquant les sempiternelles divergences musicales. Pour faire simple, Thomas voulait que le successeur de « Monotheist » soit encore plus sombre et dérangeant, les autres n’étaient pas du même avis. Désenchanté par l’attitude de ses compagnons, le guerrier-pêcheur helvétique se résolut donc de faire de Triptykon – qui jusque-là n’était qu’un side-project – son groupe principal et d’enregistrer avec celui-ci l’album qu’aurait conçu Celtic Frost si on l’avait laissé aux commandes.

« Eparistera Daimones » (« A ma gauche, les démons ») est donc la suite logique de « Monotheist ». On s’en rend d’ailleurs compte dès « Goethia » qui sert d’ouverture à ce bal des ténèbres : le riff doom, le cri de rage typique du vocaliste et la montée en puissance ultra heavy. Triptykon, c’est Celtic Frost, en plus sombre, en plus lourd, bref en doom.

L’écoute de l’album tient de la descente jouissive aux enfers. Comme tiraillés par de vieux réflexes religieux, nous devinons que le contact auditif avec une œuvre aussi démoniaque ne doit pas avoir un effet des plus bénéfiques sur notre âme, pourtant, quelque chose nous pousse à persévérer. Les trois premiers titres de « Eparistera Daimones » sont si lents, oppressants et pachydermiques qu’ils génèrent une sensation d’étouffement. Trois titres seulement, mais déjà vingt-sept minutes d’une musique écrasante et suffocante à un point tel que l’on en arrive à se demander si l’on survivra jusqu’au bout de cet album qui dure encore plus de quarante minutes. C’est à cet instant, alors que l’on est à la limite de laisser échapper un dernier souffle, que l’énorme « A Thousand Lies » nous explose à la face. Ce titre trash/black ultra speedé rappelant le Hellhammer ancestral déboule comme une bouffée d’air frais (mais vicié) pour redonner vie à notre carcasse agonisante. Nous voici revigorés pour attaquer la suite : doom à nouveau avec « Descendant », sombre et funèbre ensuite sur « Myopic Empire » au cours duquel un break au piano inattendu offre un répit inespéré à nos oreilles endolories. Arrive ensuite le surprenant retour au calme de ce « My Pain » ambiant, interprété en duo avec une chanteuse. Cinq minutes planantes et relaxantes placées stratégiquement avant l’infernal « The Prolonging » dont les dix-neuf minutes et vingt-deux secondes de doom metal sans concessions finissent de vous achever, sans espoir de retour cette fois.

Pays: CH
Century Media
Sortie: 2010/03/22

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