SWEET OKAY SUPERSISTER – Spiral Staircase
En juillet 2008, j’ai eu le grand plaisir de vous chroniquer le très bon « To The Highest Bidder« du groupe néerlandais Supersister, sorti en 1971 et réédité en CD par Esoteric Recordings. Le style de la formation de Den Haag était clairement inscrit dans la lignée de l’école de Canterbury, particulièrement proche de Camel (avant la lettre d’ailleurs). Les musiciens du chameau étant, pour la petite histoire, potes avec nos amis bataves, à tel point que Peter Bardens écrivit le titre « Supertwister » sur l’album phare de Camel « Mirage » en clin d’œil à la formation de Robert Jan Stips.
Robert Jan est une véritable personnalité dans l’univers musical de nos voisins du nord. Après Supersister, il a (entre autres) fait partie de groupes notoires tels que Golden Earring ou The Nits. Ce « Spiral Staircase » prévu au départ pour être enregistré sous le nom du flûtiste Sacha Van Geest, le sera finalement sous l’appellation Sweet Okay Supersister. En fait, seuls Robert et Sacha figurent sur tout l’album. Le batteur Mark Vrolijk et le bassiste Ron Van Eck ont quitté la formation, ce dernier jouant tout de même sur certains titres en tant qu’invité.
Une introduction schizo « Retroschizive » chantée façon Chipmunks (avant la lettre également), donne le ton, on nage en plein délire ! Le thème de la schizophrénie est omniprésent sur l’album. Il semble que la musique et les textes soient dus au chapelier fou d’Alice au pays des merveilles, emblème du label Charisma. « It’s the bottom of a staircase that spirals out of sight », chantait Peter Gabriel sur « Carpet Crawlers », les comparaisons avec Genesis s’arrêtent là. Nos voisins néerlandais nous plongent dans un univers délirant, proche d’un conte de fées. Mais leur délire devient rapidement énervant, à force de répétition.
De bonnes choses parsèment l’album, réalisation de grands musiciens, rappelons-le. L’originalité surtout, un voyage dans de multiples climats musicaux de la contrebasse très jazz de « Dangling Dingdongs », mais non développé, en passant par l’intro celtique à la cornemuse de « Cookies, Teacups, Buttercups », jusqu’au Calypso de « Gi, Ga, Go ». Et puis cette ambiance de conte pour enfants. Cela dit, à propos d’histoire enfantine, on n’atteint pas le niveau du « Butterfly Ball » de Roger Glover sorti la même année. Quant au calypso, nous sont offert deux titres dans ce style en bonus dont « Coconut Girl » d’Harry Bellafonte, le groupe étant accompagné d’un véritable steelband : Los Allegres.
A l’instar de Camel, qui lui aussi connaîtra une période creuse (cfr la chronique de « Breathless »), Supersister apparaît sur ce disque, non en panne, mais en peine d’inspiration. Mais le chameau d’Andy Latimer, lui, survivra à son creux, et malgré le triste départ de Peter Bardens, sortira encore de grands albums, non plus canterburiens, mais prog pur style tels que « Nude » ou « Stationnary Traveller ». Supersister ne résistera pas à cette chute de niveau. Mais Robert Jan parviendra avec succès à changer radicalement de style au sein des formations citées plus haut. Ce chant du cygne de Supersister n’est pas dépourvu d’intérêt, mais est loin d’atteindre les albums indispensables tels que « Present From Nancy » ou « To The Highest Bidder ».
Pays: NL
Esoteric Recordings ECLEC 2168
Sortie: 2009/11/23 (réédition, original 1974)