THEM CROOKED VULTURES – Them Crooked Vultures
Après les Black Crowes qui avaient sorti Jimmy Page de sa retraite pour leur excellent live zeppelinien « Live at the Greek », après Robert Plant chantant en duo avec Alison Krauss, voici maintenant John Paul Jones, le dernier membre de Led Zeppelin qui vient donner un coup de main à la nouvelle génération. Enfin, nouvelle génération, façon de voir. On n’a pas ici affaire à des perdreaux de l’année. Josh Homme et Dave Grohl n’ont plus à faire leurs preuves et ont fourni depuis plus de quinze ans à la civilisation humaine une énorme liste de merveilles musicales. Les présentations seraient superflues : Dave Grohl = Nirvana, Foo Fighters, Probot et la fine fleur du grunge; Josh Homme = Kyuss, Queens Of The Stone Age, Eagles Of Death Metal, les Desert Sessions et la fine fleur du stoner rock en général.
Alors, quand un des monuments du hard rock des Seventies rencontre un monument du grunge et un monument du stoner, ça ne peut donner que des résultats monumentaux. Et c’est ce qui se passe avec Them Crooked Vultures, association de malfaiteurs qui renoue avec la vieille tradition des super-groupes chers à nos anciens rockers des années 60 et 70. Souvenons-nous, Cream, Beck Bogert Appice, West Bruce & Laing, etc. On sait que ces super-groupes n’ont pas toujours donné les résultats escomptés, leur existence étant écourtée par des conflits d’égo. Avec Them Crooked Vultures, on ne peut pas parier sur une pérennité indiscutable (bien que le projet existe depuis 2005) mais on peut certainement profiter de l’instant avec ce disque extraordinaire que nos trois héros nous ont concocté.
L’alchimie toujours un peu délicate à trouver entre des musiciens qui se mettent à travailler ensemble pour la première fois a réussi à prendre dans le cas présent. Il faut dire que Dave Grohl et Josh Homme ont déjà commis ensemble en 2002 le chef-d’œuvre stoner qu’est « Songs for the deaf », le meilleur album des Queens Of The Stone Age. Ici, Dave Grohl reprend sa place derrière la batterie et il n’a pas perdu un gramme de puissance. Quand on pense que ce Monsieur a joué de la guitare pendant 15 ans dans les Foo Fighters et qu’il est toujours aussi transcendant derrière les fûts, la preuve est faite que nous avons ici affaire à un batteur de génie. Josh Homme est toujours égal à lui-même, inventeur de riffs carnassiers et entretenant une ambiance lourde et stratosphérique dans des chansons cuisinées aux petites fleurs et au plomb fondu. Quant à John Paul Jones, Monsieur John Paul Jones, il vient insuffler son génie rythmique et sa légende de bassiste colossal sur ces treize chansons qui défilent à l’allure d’un dragster équipé de roues énormes.
Il n’est donc pas étonnant de trouver dans cet album de forts relents de Led Zeppelin et de Queens Of The Stone Age. On ne se refait pas, mais ceci n’a aucune importance car Them Crooked Vultures réunit ici le meilleur de la rythmique zeppelinienne et le meilleur de la musique des Queens Of The Stone Age. La grande idée a été de faire simple, binaire, en créant un fond de sauce dans lequel les trois musiciens ont pu engouffrer des monceaux de poussées psychédéliques lourdes, de funk hanté et de fil de fer barbelé à haute tension. Surtout, le trio a évité l’habituel piège des super-groupes, qui consiste à ce que chacun s’écoute jouer sans tenir compte de l’apport des autres. Et ici, Them Crooked Vultures fonctionne comme un vrai groupe soudé, qui a eu le temps d’écrire des chansons bien pensées et cohérentes. Difficile de trouver un titre meilleur que l’autre, il faudrait lancer une consultation à l’échelle mondiale. Pour lancer le débat, je proposerais « Bandoliers », qui réunit le plus clairement les philosophies musicales de Josh Homme, Dave Grohl et John Paul Jones.
En cette fin de première décennie du 21e siècle, trois apprentis sorciers viennent de rappeler la conduite à tenir pour retrouver l’esprit et l’énergie du vrai grand rock. Les années 2000 ont commencé avec Queens Of The Stone Age, elles se terminent avec Queens Of The Stone Age, la boucle est bouclée.
Je vais immédiatement allumer un cierge à Sainte Rita, afin que puissions voir ce groupe sur scène en Belgique le plus tôt possible.
Pays: US
RCA 88697 61936 2
Sortie: 2009/11/16
Les ai vus au Pukkelpop sans connaître leur répertoire, forcément , et sous une pluie battante (je n’avais même pas reconnu John Paul Jones), c’était déjà très bien!! Vivement qu’ils reviennent!!!