EDITORS – In This Light And On This Evening
Il aura fallu deux albums à Editors (« The Back Room« en 2005 et « An End Has A Start« deux ans plus tard) pour devenir un groupe incontournable et unanimement apprécié en Europe et particulièrement en Belgique. En effet, entre les éditions 2007 et 2008 du Pukkelpop, ils ont donné pas moins de sept concerts sur notre territoire, dont une mini tournée de trois dates à guichets fermés en mars 2008. C’est dire combien « In This Light And On This Evening », le troisième album du quatuor de Birgmingham était attendu…
Mais voilà, on se demande si le groupe de Tom Smith n’a pas été un peu trop loin cette fois-ci. Sur les vingt titres issus des séances d’enregistrement, seuls neuf ont trouvé domicile sur la plaque. C’est pourquoi il est vivement conseillé de mettre la main sur l’édition limitée avec cinq morceaux supplémentaires réunis sous le titre « Cuttings II » (« Cuttings I » était disponible avec les premiers pressages de « The Back Room »). Mais à côté de cela, on sent un manque cruel d’inspiration. Un peu comme si le groupe cherchait à sortir du carcan dans lequel il s’était engouffré à l’époque.
Le changement majeur par rapport aux deux précédents essais réside dans la production. En effet, ils ont demandé au légendaire Flood de s’occuper d’eux, avec au final un son plus recherché, certes, mais aussi moins caractéristique. Ils ont par moments troqué leurs guitares contre de bons vieux synthés vintage (on pense parfois à du Depeche Mode gothique). De plus, à la lecture des paroles, on ne peut pas dire que Tom Smith ait retrouvé le plaisir de vivre. Par contre, sa voix caverneuse reste un délice pour les oreilles. Mis à part sur la plage titulaire, un titre bizarre à l’atmosphère proche de la bande son d’un film d’épouvante au final tragique, où elle est tout bonnement méconnaissable.
Heureusement, les choses reprennent leur place avec « Bricks And Mortar », dont l’intro renvoie aux ambiances hypnotiques de Joy Division avant de prendre une tournure plus électronique. Suit l’impeccable single « Papillon », sans conteste le sommet de l’album, un morceau parfait qui ne fera certainement pas tache aux côtés des classiques du groupe. « You Don’t Know Love » tient encore bien la route, avec un accent marqué sur une rythmique un rien moins mélancolique que d’habitude alors que le nouveau son du groupe, plus mécanique, s’étale dans toute sa splendeur sur « The Big Exit ». Quant à l’excellent « The Boxer », il devrait nous transporter en live, tant la voix de Tom Smith se révèle envoûtante, tout autant que le corps musical de la composition.
Malheureusement, on ne peut s’empêcher de penser qu’il manque un petit quelque chose. Est-ce l’émotion, la conviction ou le manque d’inspiration? Difficile à dire mais toujours est-il que les trois dernières plages ne font que confirmer nos craintes. L’épicé « Eat Raw Meat = Blood Drool » mis à part, « Like Treasure » et « Walk The Fleet Road » passent quasiment inaperçus.
Sur le dossier de presse qui accompagne l’album, Tom Smith déclare que le groupe a osé prendre des risques et que dès lors, cet album allait certainement diviser les fans. Il ne croyait pas si bien dire…
Pays: GB
Kitchenware Records / PIAS PIASR 185 CD
Sortie: 2009/10/12