SEASICK STEVE – Man From Another Time
C’est vrai que quand on le voit, il apparaît comme un homme venu d’un autre temps ce Seasick Steve (de son vrai nom Steve Wold) qui n’a pas peur de poser à côté de son tracteur John Deere. Il veut apparaître tel un vieux fermier du sud profond. Pourtant, notre homme habite maintenant la Norvège. C’est là qu’il a son studio où il a enregistré en tant que producteur des albums de Modest Mouse. C’était dans les années 90. Mais Seasick Steve a près de septante ans (il serait né en 1941, mais ce n’est pas très sûr…). Il a commencé dans les années 60 en se faisant copain avec Janis Joplin et Joni Mitchell, puis il est devenu musicien de studio et ingénieur du son. Dans les eighties, il vit à Olympia, près de Seattle. Il rencontre là-bas un certain Kurt Cobain. Il travaille aussi pour différents labels locaux.
Tout cela montre une carrière bien chargée, et pourtant ce n’est qu’en 2006 que sort son premier album solo (il en avait sorti un en 2004 avec The Level Devils). On se demande bien pourquoi il a attendu si longtemps. Et puis, quelle drôle d’idée de se baptiser Seasick Steve. Pourtant, c’était l’évidence vu qu’il souffre d’un sérieux mal de mer. Ce « Man From Another Time » succède à « I Started Out With Nothin’ And I Still Got Most Of It Left« sorti en 2008. Accompagné du seul batteur Dan Magnusson, il nous propose un album de blues qui nous replonge dans les roots. Sa guitare à trois cordes ou son instrument à une corde baptisé Diddley Bow nous offrent des sonorités inattendues en toute simplicité.
L’homme n’hésite pas à rendre hommage à Bo Diddley (« Diddley Bo »), son blues nous imprègne (« Big Green And Yeller »), son banjo nous emporte (« The Banjo Song »), les morceaux ont parfois des ambiances quasi incantatoires qui nous subliment (« Dark », « Seasick Boogie »). Le Blues et le Boogie sont de la partie. Nous sommes en plein dans le sud profond de l’Amérique. Ecoutez « That’s All », on s’y croirait. Sur « Just Because I Can (CSX) », il nous rappelle un Springsteen seul avec sa guitare comme sur « Nebraska » et « Devils & Dust ».
Steve est aussi blagueur. Il enregistre sans le lui dire une conversation futile avec son batteur et la glisse après le dernier morceau, avant un petit bonus de derrière les fagots. Le livret est aussi très bien conçu, avec les paroles et un design bien agréable qui donne vraiment envie de le feuilleter.
Ce 3e album solo de Seasick Steve devrait ravir les amateurs de Robert Johnson et des vieux bluesmen du sud, mais aussi des jeunes Black Keys. Pas étonnant pour un gars qui a côtoyé des gens comme R.L. Burnside, Lightnin’ Hopkins et John Lee Hooker. Sans aucun doute un disque qui restera longtemps dans votre platine !
Pays: NO
Atlantic 5051865615828
Sortie: 2009/10/16