YAMASHTA, Stomu – Go Too
Né à Kyoto en 1947, fils du chef de l’orchestre philarmonique de la ville, Stomu Yamashta baigne dans l’univers musical dès son plus jeune âge. Il étudie d’abord la musique classique à l’académie locale, puis part aux Etats-Unis dès l’âge de seize ans. C’est au célèbre Berklee College of Music de Boston qu’il s’ouvre au Jazz et, plus spécifiquement, à la batterie. Fort des connaissances acquises, il travaille tous azimuts et intrigue par son approche originale de la musique. Il tente de fusionner les styles et aime travailler dans différents contextes (théâtre, ballets, films, …). Il acquiert rapidement une certaine notoriété qui lui permet d’enregistrer avec régularité jusqu’en 1977. Il quitte ensuite l’avant-scène et se ressource dans le Bouddhisme.
« Red Buddha » (1971), « Floating Music » (1972), « Freedom is Frightening » (1973), « The Man from the East » (1973), « One by One » (1974), « Raindog » (1975), « Go » (1976), « Go Live from Paris » (1976) ont récemment été réédités par Esoteric Recordings.
En 1976, il frappe un grand coup avec le projet Go. Autour de lui et de ses compositions, il réussit l’union, improbable au départ, de célébrités issues d’horizons aussi éloignés que ceux de Tangerine Dream et Ash Ra Tempel (Klaus Schulze), de Santana (Michael Shrieve), de Spencer Davis Group, Traffic et Blind Faith (Steve Winwood) ou de Return To Forever (Al Di Meola). Les albums « Go » et « Go !… Live from Paris » mettront bien en évidence les forces et les faiblesses d’une démarche dans laquelle les genres se côtoient plus qu’ils ne fusionnent réellement. Heureusement, cette dispersion se trouve en partie compensée par le haut niveau de l’interprétation, la bonne qualité générale des compositions et de leurs arrangements.
Avec « Go Too », en 1977, Stomu Yamashta remet une dernière fois le couvert. Trois des quatre grandes têtes d’affiche du projet initial ont repris le fambeau. Seul Steve Winwood manque à l’appel. Son absence est compensée par l’arrivée d’un chanteur, d’une chanteuse et d’un claviériste. Tous possèdent un joli pedigree. De plus, le fantastique bassiste Paul Jackson, ex-Headhunters et compagnon régulier de Herbie Hancock, a pris le relai à la basse.
A l’écoute, ces modifications n’ont pas altéré le résultat final, même si la trajectoire s’en trouve quelque peu modifiée. Dorénavant, le Funk-Jazz fait une percée remarquée dans le projet. La puissance rythmique devient plus impressionnante encore grâce aux nombreuses percussions, à la basse stupéfiante de Paul Jackson, aux synthétiseurs de Peter Robinson (il tourne à l’époque avec Stanley Clarke) et à la guitare de Doni Harvey qui distortionne en souplesse, mais à volonté. Le duo de chanteurs, complété par les trois choristes, est idéal, d’une complémentarité exemplaire malgré une nette différence de registre. Plus bridé qu’au sein de Return To Forever ou de ses enregistrements en solo, Al Di Meola distille malgré tout quelques solos intéressants. Klaus Schulze ne ressort vraiment que dans son domaine de prédilection, ici en début et fin d’album, avec « Prelude » et « Ecliptic ».
« Seen You Before », « Madness » et « Wheels of Fortune » sont marqués par un Funk-Jazz-Rock pointu. Le second constitue le pic absolu de l’ouvrage. On se croirait dans l’univers de Herbie Hancock à l’époque, le chant en plus. Et quel chant !
« Mysteries of Love » et « Beauty » sont d’agréables ballades où dominent claviers, orchestre et chant. L’excellent Jess Roden rappelle parfois David Coverdale. Ces plages auraient convenu sans difficulté comme musiques de films, celles de James Bond particulièrement.
« You and Me » se situe plus à part. Il mêle plus que tout autre les genres et les ambiances. Bidouillages électroniques, basse pointue et percussions dynamiques, grand orchestre parfois sirupeux et chant Soul se côtoient avec bonheur.
En conclusion, l’album « Goo Too », comme ses deux prédécesseurs d’ailleurs, ne manque pas de charmes. Pourtant, il apparaît plus comme une curiosité certes intéressante à découvrir, ne serait-ce que par la qualité de ses interprètes, que comme une œuvre vraiment indispensable, que l’on réécoutera souvent. Il n’empêche ! Le détour n’est pas inutile.
Les titres (42’35) :
- « Prelude » (Yamashta) (3’06)
- « Seen You Before » (Yamashta/Quatermain) (6’17)
- « Madness » (Yamashta/Quatermain) (6’00)
- « Mysteries of Love » (Yamashta/Quatermain) (6’47)
- « Wheels of Fortune » (Yamashta/Quatermain) (5’39)
- « Beauty » (Yamashta/Quatermain) (5’21)
- « You and Me » (Yamashta/Quatermain) (6’57)
- « Ecliptic » (Yamashta/Schulze) (2’29)
Les interprètes :
- Stomu Yamashta : Percussions, Claviers & Synthétiseurs
- Klaus Schulze : Claviers & Synthétiseurs
- Al Di Meola : Guitares
- Michael Shrieve : Batterie
- Peter Robinson : Claviers & Synthétiseurs
- Paul Jackson : Basse
- Doni Harvey : Guitares & Chœurs
- Brother James : Percussions
- Jess Roden : Chant
- Linda Lewis : Chant
- Doreen Chanter : Chœurs
- Ruby James : Chœurs
- Liza Strike : Chœurs
+ - Martin Ford Orchestra
Pays: JP
Esoteric Recordings ELEC2151
Sortie: 2009/09/28 (réédition, original 1977)