ABINAYA – Corps
Abinaya a été l’une des – si pas La – grosse baffe de la scène découverte du Raismes Fest 2009. Dans le monde du Heavy Metal où la plupart des groupes tournent en rond à force de s’inspirer les uns des autres, découvrir une formation qui cultive la différence tout en restant fidèle à l’esprit du style tient presque du miracle. Pourtant, la chose est toujours possible et « Corps », le second album de ce groupe parisien (et brésilien à la fois), en est la preuve irréfutable.
Au premier abord, Abinaya marque sa différence grâce à la présence de Nicolas Heraud. Ce percussionniste, qui sur scène semble totalement habité par sa musique, enchante sur disque par ses rythmes tribaux rarissimes dans le genre musical que nous affectionnons. Les origines brésiliennes d’Andreas Santo (basse) contribuent probablement aussi à générer cette sensation d’exotisme inhérente à la musique du combo. Ceci dit, ne vous méprenez pas, le jeu de 4 cordes du Senhor Santo s’apparente plus à la Capoeira qu’à la samba. Avec un métalleux brésilien en son sein et un déluge de rythmes tribaux il serait facile d’affilier Abinaya à Soulfly ou à Sepultura. Pourtant, cette comparaison simpliste serait bien éloignée de la réalité, car, pour se différencier de leurs pairs, les Franco-Brésiliens ont un autre atout majeur dans leur jeu : Igor Achard, compositeur, guitariste, chanteur et probablement poète à ses heures.
Depuis Sortilège et Satan Jokers dans les années quatre-vingt, le métal chanté en français m’avait toujours semblé hors de propos. Il me faudra désormais réviser ce jugement, car il faut bien l’admettre, les textes à la fois modernes, poétiques et engagés de « L’homme Libre », « Enfant D’Orient », « Les chars de Police » ou « Partir puis Revenir », sont autrement plus convaincants que tous les « Fils du Métal » ou autres « Cyclopes de l’Étang ». C’est aussi au niveau du chant que l’ami Igor démarque une nouvelle fois son groupe des autres formations métalliques. Car Monsieur Achard, n’est pas un hurleur, ni même un chanteur lyrique, mais plutôt un interprète de chansons à textes. Son style est unique. Tantôt chanté, tantôt déclamé, hurlé seulement quand la colère l’exige. Ah, ce cri de rage sur « Les Labels » qui veulent formater la musique et la mettre en cage. On pourrait presque y ressentir la haine. Au rayon des bonnes surprises, notons aussi cette magnifique adaptation métallique d’un extrait des « Fleurs du Mal », de Charles Baudelaire et joyeusement intitulée « La Mort Des Amants ».
Si, en plus de tout cela, je vous dis qu’Igor Achard pratique avec science l’art du riff gras et lourd tel qu’il est enseigné dans l’œuvre du grand Zakk Wylde, vous aurez probablement compris qu’il n’est pas encore trop tard pour vous ruer sur le site web de Brennus Records afin de commander votre exemplaire de « Corps ».
Pour terminer, il y a une dernière différence à ajouter à toutes celles que je viens d’énumérer. Contrairement aux autres, celle-ci ne s’entend pas vraiment à l’écoute du disque. Cependant, elle ne peut que forcer l’admiration. Nicolas Vieilhomme, le batteur du groupe est non-voyant. Respect !
Pays: FR
Rebel Music RM 8915 / Brennus
Sortie: 2009/04
D’accord avec toi Michel. Ils étaient vraiment excellents au RF.
Oui c’est un groupe extraordinaire, on attend plus que des dates en Belgique pour les voir.
Si vous avez des plans pour eux n’hésitez pas ça en vaut la peine …