GIRLS – Album
Voici un groupe à la démarche paradoxale. L’originalité d’abord: ces citoyens de San Francisco se font appeler Girls alors que ce sont bien deux mecs qui sont aux commandes (Christopher Owens, le compositeur, et Chet JR White, le producteur). La banalité ensuite, en baptisant leur premier album « Album ».
En plus, ils le débutent avec « Lust For Life »… Mais il ne s’agit pas de la cover d’Iggy Pop. Que du contraire même. On est plutôt dans un registre sixties insouciant avec de légères harmonies vocales qui soutiennent une voix nasillarde entêtante. Un morceau court qui donne le ton et qui introduit à merveille « Laura » (tiens, un prénom de fille…), composé avec talent dans la lignée de ce qui se faisait de mieux à la fin des années 60 (on pense aux Beach Boys en plus sérieux). Les vocaux de « Ghost Mouth » font furieusement penser à un single des Beautiful South (« Bell Bottomed Tear » en 1992). Mais il doit s’agir d’une pure coïncidence, car le reste du morceau est aussi bien ficelé que le début de l’album.
« God Damned » prend une tournure plus expérimentale mais ce n’est que pour mieux rebondir sur « Big Bad Mean Mother Fucker », que l’on jurerait composé par The Jesus & Mary Chain en vacances au bord de la mer, genre de mur du son avec des surfeurs en toile de fond. Le single « Hellhole Ratrace » calme les ardeurs des musiciens et emmène l’auditeur sur une vague plus psychédélique et moins légère.
La deuxième partie de l’album commence avec ce qu’on pourrait appeler un slow crapuleux (« Headache »), interprété avec une voix qui oscille entre Jarvis Cocker et Lloyd Cole. Puis, autant « Summertime » que « Lauren Marie » (tiens, deux prénoms de filles…) font directement référence à The Walkmen, avec un subtil mélange de guitares saturées et d’une voix qui ne l’est pas moins, auquel on rajoute une touche de lyrisme pour le second cité. « Morning Light » renoue avec les guitares efficaces et pourrait faire un hit tandis que « Curls », un instrumental atypique nous mène vers le dernier extrait de l’album, le plus poppy « Darling », point final de cet « Album » qui fleure bon l’insouciance des années 60 sans toutefois paraître démodé. Une réelle performance pour un groupe qui n’a vu le jour qu’au tout début de l’année dernière…
Pays: US
Fantasytrashcan / Turnstile / PIAS
Sortie: 2009/09/21