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STEENSLAND, Simon – Fat Again

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Simon Steensland est loin d’être un inconnu dans le monde de la musique alternative, il est même considéré comme un pionnier. Ses références se concentrent surtout sur le non-conventionnel, des groupes tels que Magma ou Univers Zero. Ce multi-instrumentiste suédois (comme son nom ne l’indique pas), confie qu’il n’aime pas trop être qualifié de musicien expérimental, il craint d’être considéré comme ces gens qui tapent sur des ustensiles de cuisine ou chantent dans des boîtes de biscuits, performances qui sont rarement plaisantes pour d’autres personnes que leurs auteurs. Vous conviendrez que voici un artiste qui a le souci de faire plaisir à ses auditeurs, préoccupation plus que louable !

La firme Altrock vient de sortir sa dernière œuvre intitulée « Fat Again ». Inutile de vous dire que ce disque était très attendu dans les milieux autorisés. Simon Steensland y joue de la basse, des claviers, de la guitare, du glockenspiel, de l’harmonium, du violoncelle et du banjo, rien que cela ! Il est accompagné de choristes féminines (très belles voix), et d’une série de musiciens, variant selon les morceaux. Un musicien omniprésent, outre Simon, le très talentueux batteur Morgan Ågren de Matts/Morgan, qui joue dans des tribute-bands de Frank Zappa, a également joué avec Dweezil Zappa et figure sur « Blue » de Finnegans Wake, autre production d’Altrock.

Ayant eu le privilège de chroniquer l’autre production altrockéenne du mois, à savoir « Vehicle » de miRthkon, je vais me livrer à un petit jeu de comparaison. En effet, « Fat Again » à l’instar de « Vehicle », est totalement anti-conformiste. J’ai trouvé une petite remarque d’un collègue sur le web qui dit : « si vous êtes à la recherche d’un nouveau Marillion, Steensland n’est certainement pas pour vous. Pourquoi ? Est-il interdit d’aimer les deux ? Si je persiste à écrire que ce qui manque sur l’album de miRtkhon, ce sont les montées en intensité et les thèmes mélodiques, la ligne rythmique étant exceptionnelle, ici, on trouve ces montées en puissance sur deux longs titres (j’y reviendrai) mais ni mélodie ni ligne rythmique ne servent de fil conducteur. En effet, ne parlons pas de mélodie, il n’y en a quasiment pas. Quant à la rythmique, si le travail de Morgan Ågren est excellent, il n’est pas soutenu, faute de véritable bassiste.

Trois longues plages forment cet opus, entrecoupées de titres courts ressemblants à autant de bouts d’essai. Car comment qualifier des morceaux tels que « Loch Ness », sur lequel le clavier style Bontempi joue lentement une suite de notes, reprises simultanément par le glockenspiel ? Que dire de « Fräls Oss Ifran Ondo », où, sur air de comptine (ah, une mélodie !), les choristes entonnent la fin du notre père en suédois (le titre !) ? Que penser de « Lost in the ark », sur lequel les mêmes choristes vocalisent sur un air de messe une suite de noms scientifiques de dinosaures ? Ne parlons pas de « Merde ! », 25 secondes d’accords de clavier sur lesquels vient se greffer le chant : « Aaaaah, aaaah, ooooh », et de son pendant « acoustique » intitulé… « petite merde », ben m…ince alors !

Les longs morceaux ? « Hide and seek » : là on a droit à un « thème » rythmique, joué aux instruments et repris par pas moins de huit chanteuses : « nanana-nanananana-na-nana-na ! », des vocalises ajoutées donnant au tout un air de messe. Ambiance noire, volontairement créée par l’auteur. Les choristes, selon les experts assènent une véritable leçon d’arrangement vocal. Elles chantent vraiment très bien, mais elles donnent plutôt l’impression de répéter la leçon que de la donner. Les deux plages qui encadrent l’album sont plus intéressantes (à mes oreilles, bien sûr !). Je parlerai surtout de la dernière : « The lion tramer », longue pièce sur laquelle on a le plaisir d’entendre des variations d’intensité (pas vraiment d’émotion, mais bon !). On peut penser à la partie intermédiaire du fabuleux « Starless », même si cela n’atteint pas le fantastique niveau rythmique de ce chef-d’œuvre de King Crimson. Seulement voilà, cette partie intermédiaire était entourée d’un thème mélodique, un des plus beaux de Crimson, magnifiquement chanté par John Wetton et repris de façon métallique en clôture par tous les musiciens. Ici, rien de tout cela, je vous le dis, la mélodie… nada !

Sur la majorité de ces titres, on a à tout moment l’impression que quelque chose va démarrer. Si Simon Steensland a voulu illustrer par ce disque l’attente éternelle, il a parfaitement réussi son coup. Sur ce point, je peux alors considérer l’album comme un chef-d’œuvre. Vous trouverez sur internet des chroniques bien plus élogieuses que la mienne. Ma bafouille ne représente que mon avis personnel (comme toute chronique). Quoi qu’il en soit, en profane fini que je suis, je me permets de considérer, Maître Steensland me pardonne, « Fat Again » comme une œuvre définitivement expérimentale.

Pays: SE
Altrock ALT007
Sortie: 2009/07

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