MASTODON – Crack The Skye

Il va vraiment falloir arrêter de penser (moi en premier) que Mastodon est un groupe comme il en existe des centaines d’autres aux Etats-Unis. Il n’en est rien. Mastodon est une entité à part. Tellement à part que l’on a beaucoup de mal à la ranger dans une catégorie bien définie. Et cela, c’est le genre de chose qui énerve tout chroniqueur musical qui se respecte. Comment décrire un album quand on ne peut pas vraiment le comparer à autre chose ? Avec ses trois premiers albums, on avait pris l’habitude de considérer Mastodon comme un hybride entre Sludge, Stoner, Hardcore et Trash Metal technique. Voilà qu’avec la sortie de « Crack The Skye », la presse internationale se met à qualifier la musique du combo d’Atlanta de ‘Métal Progressif’ et de ‘Classic Rock’. C’est donc intrigué que l’on jette une oreille sur la quatrième galette de ces Américains. Va-t-on avoir droit à un mélange entre la musique de Dream Theater et celle de Deep Purple ? Et bien non. Ouf ! (Car il faut bien l’avouer, si ce mélange serait plutôt intéressant, il ne correspondrait pas du tout à ce que l’on attend de Mastodon).

C’est vrai, Mastodon a changé depuis son dernier album. Ce qui saute aux oreilles, c’est la qualité des vocaux. Ils sont beaucoup moins extrêmes que par le passé. Partagé entre Brann Dailor, le batteur, Brent Hinds, le guitariste et Troy Sanders, le bassiste, le chant est varié et clair la plupart du temps. L’un des trois vocalistes a même un timbre proche de celui de Zakk Wylde quand il imite Ozzy Osbourne ! Encore une fois (c’est semble-til devenu une tradition), Scott Kelly, le guitariste/chanteur de Neurosis, vient pousser la chansonnette sur le titre « Crack The Skye ».

Au niveau musical, Mastodon semble avoir atteint une maturité que l’on n’attendait pas vraiment de lui. La rage des premiers opus laisse la place à une musique, certes toujours violente, mais beaucoup plus posée et réfléchie. Cassures et changements de rythmes sont légions dans ces compositions à tiroirs dont certaines durent parfois plus de 10 minutes. De là vient probablement la qualification de Métal Progressif utilisée pour décrire cet album. Même si l’on est à des années lumières de Dream Theater. En fait, on se dit, à l’écoute de « Crack The Skye » que, si Pink Floyd ou King Crimson voulaient faire du métal de nos jours, ils sonneraient probablement comme cet album de Mastodon. « The Czar », « Crack The Skye » ou « The Last Baron » avec leurs structures complexes sont les titres les plus aboutis qu’ait jamais composé Mastodon.

Comme le nom du groupe, qui évoque immanquablement la lourdeur de l’ancêtre préhistorique des éléphants et la puissance du robot de combat des Power Rangers, la musique de Mastodon est à la croisée des chemins entre un Rock Progressif préhistorique et le Heavy Metal le plus moderne. « Crack The Skye », propulse définitivement Mastodon à un niveau supérieur. Il y a fort à parier que cet album, plus que les trois autres, passera à la postérité et, c’est en cela que nous avons ici affaire à un album de Classic Rock.

Pour ne rien gâcher, l’artwork de l’album est un véritable chef d’œuvre. Il faut dire que le groupe a eu le temps de le peaufiner à l’extrême puisque l’enregistrement de « Crack The Skye » était terminé 7 mois avant sa sortie en magasin. L’édition spéciale comprend un sympathique DVD sur lequel on peut retrouver un making of de l’album et les commentaires – titre par titre – du groupe sur son nouvel album.

« Crack The Skye » est une véritable tuerie qui prouve une fois pour toutes que Mastodon est un groupe avec lequel il faut désormais compter.

Pays: US
Reprise 9362-49791-1 / Warner Music
Sortie: 2009/03/29