VARIOUS ARTISTS – Startin’ Pop 4
Il n’y a pas que dans le milieu footballistique que la région liégeoise arbore fièrement ses couleurs. En effet, le rock alternatif se porte lui aussi plutôt bien dans la Cité Ardente et ses environs. Pour preuve, deux collectifs influents se côtoient sans se marcher sur les pieds: Jaune Orange d’un côté et Startin’Pop de l’autre. Ces derniers viennent de sortir une quatrième compilation qui met en évidence leurs derniers coups de cœur…
Cela commence de bien belle manière avec 14 Weeks, originaire des cantons rédimés et formé autour des frères Grégory et Geoffrey Herzet. Le line-up se stabilise en 2006 et chacun des six membres a des influences qui partent un peu dans tous les sens, mais qui, mises en commun, donnent quelque chose de très particulier. On parle rock, pop, électro mais c’est surtout la voix des deux frères qui fait merveille. Ils ont sorti un mini LP produit par Gaëtan Streel (alias Mr Poulpy et guitariste de Jeronimo) et ont participé l’année dernière à la phase finale du Concours Circuit.
Beaucoup plus noisy, hall Mars (Marshall en verlan) est un projet récent, mais dont les membres ont déjà une solide expérience dans le milieu. En effet, les instigateurs (Sam Voccia et Olivier Rutten) ont formé leur premier groupe en 1992. Après avoir collaboré avec des artistes plus « sages » (Zop Hop Hop, Saint André, …), ils ont décidé de revenir à des racines plus rock qui leur ressemblent plus et qui fleurent bon le son grungy du début des années 90.
Nettement plus pop rock anglaise, les hutois de The Mash ont réussi à canaliser leur énergie à vocation punk vers des compositions tout aussi puissantes, mais plus subtiles et nettement plus accessibles. On tape du pied et on a par moments envie de chanter avec eux. En tout cas, leur « Good Day To Die » est assurément un des bons moments de cette compilation.
Tout comme le « Turn You On » de Roscoe, groupe qui puise son inspiration autant chez Radiohead que chez Midlake (leur nom est le titre d’une chanson des texans), même si c’est plutôt en concert que tout cela se fait sentir. La voix du chanteur est fascinante et leur prestation en première partie des Maccabees au Botanique dernièrement reste d’ailleurs un excellent souvenir.
Un des rares titres interprétés en français, « Souviens Toi » de Moladji fait assez fort dans le genre. Entre Dominique A et Claude Nougaro, ces cinq liégeois composent des titres aux paroles légèrement déjantées qui ne peuvent que faire sourire l’auditeur. Un auditeur qui ne s’attend pas nécessairement à la direction prise par les textes, tout bonnement succulents.
Le groupe suivant à passer sur la sellette est The Vogues. Déjà des habitués, ils jouent du rock and roll dans la pure tradition du genre. Une voix légèrement nasillarde, des guitares saturées et surtout des mélodies qui font mouche. Leur attitude de cool bad boy sied parfaitement avec leurs influences qui vont des sixties (The Kinks) aux années 2000 (The Strokes) en passant par les nineties (Oasis). Quelque chose me dit qu’ils peuvent aller loin.
Virgil est également un des habitués des compiles Startin’Pop et roule sa bosse depuis une petite décennie. Régulièrement choisis par des pointures (Girls In Hawaii, Graham Coxon, Sioen) pour assurer leurs premières parties, ces liégeois continuent de bonifier leur son inspiré de l’indie rock anglais. Ils devraient enregistrer un premier album très bientôt afin de pouvoir exploser et d’enfin récolter ce qu’ils sèment patiemment depuis quelques années.
Petite anecdote, le premier chanteur de Virgil (en 2000) n’était autre que Didier Van Wambeke, qui a justement participé à l’enregistrement du titre offert par Black Love Celebration pour cette compilation. Il a depuis quitté le groupe, mais les influences grunge un peu sombres du début des années 90 (à chercher du côté de Soundgarden et de Pearl Jam) restent toujours bien présentes.
7evenpm roule aussi sa bosse depuis un petit temps et colporte inlassablement sa pop rock inspirée d’outre-Manche avec beaucoup d’application. L’atmosphère fait penser aux Boo Radleys en un peu plus agressif ou à Teenage Fanclub en un peu moins folk. La priorité va aux arrangements efficaces et à une électricité dans les guitares qui tranche avec les débuts hésitants du groupe…
La première écoute de « White Circles », le morceau de Die Adored m’a fait penser à Spandau Ballet. Non pas qu’il s’agisse de compositions néo-romantiques de musiciens sapés comme des princes, mais le chanteur Christophe Demez a le même timbre de voix que Tony Hadley. Heureusement, la deuxième écoute laisse apparaître un vrai travail soigné de composition indie avec des guitares au son intense qui rythment le titre et lui donnent une âme.
L’intro au piano de « Seconde Chance » de Face-B augure de bonnes choses pour un titre en français qui fait un peu penser à William Sheller. Le piano, la douce voix et le texte légèrement déchiré mettent en avant des émotions dont il est difficile de sortir intact. La preuve, c’est que l’on a envie d’appuyer sur la touche repeat pour en reprendre une dose…
Championship Manager remet l’auditeur sur un chemin plus rock grâce à un son emprunté autant à Queens Of The Stone Age qu’à Lenny Kravitz. Présent dans le collectif Startin’Pop depuis les débuts, il allie avec toujours autant d’habilité le blues électrifié et noisy (avec quatre guitaristes, difficile de faire autrement…). Cela dit, tout comme The Experimental Tropic Blues Band, c’est sur scène qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Autre groupe au potentiel intéressant, Adequate ne va pas par quatre chemins pour distiller son énergie brute et sans concession. Agressifs juste ce qu’il faut, ils jouent juste et on sent une réelle symbiose entre les musiciens. Dans la lignée de Freaky Age ou autre Archbishops, ils représentent l’avenir du rock belge et on ne voudrait pas qu’il en soit autrement.
Versus Club est le projet de Jacques Pironet (ex-Keaton) qui prend désormais son pied en pondant des textes dans un français poétique, qui sont savamment mis en musique pour en faire ressortir la profondeur. Eux aussi peuvent se targuer d’un bien beau CV (premières parties de Mickey 3D, Jeronimo, Nandrin Festival, Francofolies de Spa). Avec eux, on redécouvre avec plaisir le rock en français.
Ambiance tout aussi douce et mélodies travaillées pour The Bellavista Suite, dont le chanteur a une bien agréable voix. A moins que ce ne soient les accords des quatre autres membres du groupe qui la soutiennent. On pense par moments à Mud Flow ou à The National, jusqu’à ce que le passage légèrement rap à la fin de la composition ne nous fasse nous poser quelques questions. Mais la réponse est vite trouvée…
Le collectif Startin’Pop, ce sont des groupes, mais aussi des membres de groupes différents qui créent un projet ensemble. C’est le cas de Fiasco!, dont les protagonistes se nomment Raphaël Power (7evenpm) et Sam Voccia (hall Mars). Diamétralement opposé à leurs groupes respectifs (ils chantent en français des compositions au son plus soft), cela leur permet de sortir de leur quotidien tout en laissant libre cours à leur imagination artistique.
Avec I’m Big In Japan, on a clairement gardé le meilleur pour la fin. Habitué de multiples projets, Didier Joseph Jeanne Van Wambeke se retrouve une deuxième fois sur cette compil. Plutôt grunge avec Keaton, les grands espaces américains avec Brooklyn, un peu indus avec I Kiss The Girl, son dernier groupe en date fait la part belle à une musique calme, orientée guitare acoustique et introspective un peu à la Wovenhand ou Sparkelhorse. C’est vrai que finalement, sa voix s’adapte à un paquet de styles musicaux différents. « Altamont We Are Love » est une bien belle manière de clôturer ce CD qui fourmille de bien belles choses. Si le Standard est champion, le rock indie liégeois est lui aussi une guitare au-dessus du lot.
Pays: BE
Bang!
Sortie: 2009/04