HAZE – 30th Anniversary Shows
Comme je vous l’ai écrit à l’occasion de la réédition de « Stoat & Bottle« , Haze est un groupe de rock progressif originaire de Sheffield et fondé en 1978. Il se fait que le groupe a une tradition immuable : celle de fêter chaque décennie d’existence par une tournée et la sortie d’un album live. Donc, après les 10th et 20th Anniversary Shows, il était normal qu’en 2008, nos amis nous gratifient de « 30th Anniversary Shows ».
La formation est celle d’origine :
- Paul Mc Mahon : guitares et chant
- Chris Mc Mahon (son frère) : basse, claviers et chœurs
- Paul Chisnell : batterie et chœurs
Pour ce tour, le trio s’est adjoint les services d’un jeune flûtiste (enfin sur quelques titres) : Ceri Ashton.
Peu friand de certaines sonorités par trop synthétiques, j’ai conclu ma modeste chronique de « Stoat & Bottle » en disant que ce disque donnait l’impression que Haze peut mieux faire. Et bien de fait ! Cet album public me semble de bien meilleure qualité. Le son surtout est supérieur. Les caisses synthétiques ont fait place à une vraie batterie, le chant de Paul Mc Mahon est plus expressif et la production est plus soignée, même les chansons issues de « Stoat & Bottle » sont meilleures sur cette version public.
Nos amis ont eu le bon goût de ne pas jouer trop de chansons qui figurent sur les précédents concerts anniversaires. Ils nous offrent un vrai patchwork d’influences progressives. Après une intro avec une voix synthonisée comme l’affectionne Steve Hackett sur des morceaux tels que « Darktown », le concert démarre fort, avec un très rock’n’roll « Turn Around », guitare à la Van Halen avec quelques accents Ritchie Blackmore.
« Mirage » qui suit est du même acabit, seul reproche : les synthés criards qui alourdissent le tout. Vous aurez compris que ce n’est pas trop mon truc, une des multiples raisons qui font que je trouve que les productions eighties des grands groupes progressifs ayant débuté dans les années septante (en particulier celles de Genesis ou de Yes) sont beaucoup plus dispensables que les pièces maîtresses sorties entre 1969 et 1977. Je dois faire une exception : King Crimson, mais dans leur cas, les albums tels que « Discipline » n’ont plus grand chose à voir avec du progressif, désir de renouvellement oblige, n’est-ce pas Mr Fripp ?
Arrêtons là cette digression, mes goûts n’engagent que moi, d’ailleurs ces claviers tonitruants utilisés au début ne reviennent ensuite qu’épisodiquement, sur « Another Country », « The Vice », ou encore « Dragonfly ».
Je parlais d’un patchwork, en effet, le band nous présente un assortiment de styles tous plus ou moins apparentés au rock progressif. En écoutant « Turn Around » ou « Let Go », on se dit que les frères Mc Mahon doivent avoir un peu de sirop d’érable dans les veines, tant cela rappelle les grands groupes canadiens que sont Saga ou Rush. Un blues, « Autumn », bien intégré dans l’ensemble, le très crimsonnien « See Her Face », les très classiquement progressifs tels que « The Vice » ou « Ophelia, » font place à du celtique (« Hitchhiking »).
On joue même avec le folk sur « Train », un morceau qui n’aurait pas dépareillé le répertoire de Fairport Convention. Le groupe enchaîne avec un très JethroTull « The Hum », dommage que la flûte ne soit pas plus à l’avant-plan (comme d’ailleurs sur la majorité des autres titres auxquels Ceri Ashton offre sa contribution). La petite a tout de même le droit d’être mise en évidence sur « Seven Stones », vieux morceau que Paul introduit en disant que la guitare avec laquelle il l’a écrit et dont il va jouer est plus âgée que la jeune fille à sa droite (Ceri bien entendu !).
Un final qui s’impose, « Last Orders », est suivi d’une reprise du « Comfortably Numb » de Pink Floyd, qui certes ne transcende pas la chanson, mais est bien interprété.
Un double album bien sympathique, prouvant que Haze est un bon groupe de scène, les solos de Paul Mc Mahon, dont il use sans trop abuser, et la ligne de basse ou les (trop rares) parties de piano de son frère nous montrant à quel point ils maîtrisent leurs instruments. Un disque que devraient apprécier les amateurs de rock progressif.
Pays: GB
Cyclops Records CYCL 168D
Sortie: 2008/10